«L’Eniem est un gouffre budgétivore non rentable», selon Ait Ali

La restructuration de l’ENIEM exige des fonds importants

Sur la sellette, l’Entreprise nationale des industries électroménagers (Eniem) de Tizi-Ouzou s’enfonce sévèrement dans la crise financière. Elle ne sait plus faire face à ses problèmes financiers et risque cette fois-ci de faire faillite essentiellement à cause de sa mauvaise politique de gestion et de sa stratégie de développement. Mais aussi en raison de sa problématique sempiternelle de trésorerie persistante, malgré les aides de l’Etat pour la sauver.

En mois de février dernier l’Etat a débloqué un crédit de 1,2 milliard de dinars pour l’aider à reprendre son activité. L’avènement de la crise sanitaire liée au Covid-19, depuis presque neuf mois, a aggravé le risque de faillite de l’entreprise qui souffre, également, de l’absence d’un véritable marché concurrentiel. Après quelques mois seulement de sa mise au défi par les pouvoirs publics afin de s’ajuster très rapidement pour faire face à ses dysfonctionnements, l’Eniem sombre à nouveau. Pour se restructurer et relancer ses activités, l’entreprise publique a besoin d’importants fonds bancaires pour s’extraire de la crise financière. Pour faire face à cette atonie, la direction générale a décidé de mettre en «arrêt technique ses activités, à compter du 1er décembre pour une période d’un mois, en raison des contraintes financières et d’une rupture de stocks de matière première».
«L’entreprise est dans l’obligation d’opter pour un arrêt technique d’activité d’une durée d’un mois (du 1er au 31 décembre), et ce, conformément à la convention collective de l’entreprise», a indiqué le directoire de la société dans un communiqué. Une action qui a fait vite réagir le ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali, qui a regretté la situation dont se trouve l’Eniem estimant que «c’est illogique de défendre des entreprises qui dévorent des milliards sans générer de bénéfice». L’Etat n’a pas arrêté, en effet, d’assister les entreprises publiques en difficultés, sans aucune contrepartie, ce qui impacte fortement la croissance économique en déclin. L’Eniem est une entreprise budgétivore qui «pâtit actuellement d’un grand déficit budgétaire qui requiert des crédits bancaires pour le résorber et assurer, ainsi, la relance de sa machine de production», a affirmé M. Ait Ali, confiant que «l’Eniem a coûté des milliards à l’Etat sans aucun résultat».
Le ministre de l’Industrie n’a, d’ailleurs, pas caché son inquiétude quant au sort de l’entreprise qui a besoin d’un financement renforcé pour pouvoir la redresser, affirmant que «les services du ministère tentent de solutionner, mais il n’est pas concevable qu’une entreprise économique de la taille et de la notoriété d’Eniem ne réalise pas des gains». Cette réalité n’est, en revanche, pas propre, à l’Eniem, plusieurs entreprises publiques économiques (EPE) sont meurtries par les effets de la crise sanitaire du Covid-19 et de la crise financière qui ont dévoilé la réalité embarrassante des systèmes de gestions de ces entreprises. Stimuler l’activité de cette entreprise devient très difficile. Les perspectives de redynamisation de ses activités et d’une croissance résiliente s’éloignent, à priori, en raison du manque de fonds financer sa trésorerie, stade actuel. Dans le cas de l’Eniem, le temps presse et ses employés perdent patience et réclament l’intervention des pouvoirs publics.
«Les revendications des travailleurs de l’Eniem, portant relance de son activité, sont logiques et légitimes», a souligné M. Ait Ali qui, dans la situation financière actuelle des caisses de l’Etat, craint un avenir sombre pour l’entreprise qui a besoin pour «sa restructuration des fonds au vu de ses créances». «Le ministère n’a pas le droit d’intervenir dans le financement de l’investissement ou l’approvisionnement en matières premières», a affirmé M. Ait Ali. Ce dernier a souvent évoqué l’ouverture du capital des entreprises publiques dans l’impasse pour le financement de ses activités. Ainsi limiter au maximum les effets négatifs de la crise sanitaire doublée de la crise économique sur leurs activités. Certains économiques s’interrogent d’ailleurs sur l’éventuelle ouverture du capital de cette entreprise aux investisseurs afin de sortir vite de la crise.
Samira Takharboucht