L’informel en ligne gagne du terrain en Algérie

Le e-commerce informel échappe à tout contrôle et règle

Le commerce électronique en Algérie souffre de l’absence d’un environnement favorable en raison de l’inexistence de systèmes de paiement en ligne sécurité, appropriés et fiable, l’absence d’accès à internet, mais aussi d’un cadre réglementaire adéquat pour encadrer cette activité, ce qui n’est pas sans incidence sur l’économie nationale.

Bien au contraire, le commerce en ligne «informel» profite de ce vide pour prospérer. De plus en plus de commerçants «détaillants» possèdent des pages sur les réseaux sociaux et même des applications mobiles leur permettant d’être en contact permanent avec leurs acheteurs. La période du confinement a en effet profité aux commerçants et même aussi au consommateur, sous la pression du couvre-feu. Désormais, le commerce parallèle investit la toile et s’est émancipé au détriment du commerce du contact qui a été fortement impacté par la crise sanitaire du Covid-19 doublée d’une crise économique sans précédent. Les boutiques de prêt-à-porter, d’électroménager, d’électronique et de linge de maison trouvent leur compte sur les réseaux sociaux. En choisissant le monde «sponsorisé», ces boutiques ou commerces défilent sur la page facebook, par exemple, d’un utilisateur dès qu’il manifeste un quelconque intérêt pour un produit donné.
En cliquant sur la page du vendeur, un large éventail de produits se présente, le renvoyant vers d’autres adresses et liens. Ainsi, le vendeur gagne en notoriété et commercialise ses produits, sans contrôle ni contrainte réglementaire. Certains affichent les prix de leurs produits identiques à ceux appliqués dans leurs boutiques, tandis que d’autres préfèrent négocier les prix, en privé. Une pratique assez courante sur les pages des vendeurs en ligne en herbe en Algérie. Ces représentations aléatoires et anarchiques du commerce en ligne font de l’ombre aux quelques plateformes de vente en ligne (Jumia, Batolis, Dz Shop…) qui font face à une concurrence déloyale, vicieuse qui a une incidence grave sur l’économie nationale. La crise du Coronavirus a encouragé et surtout contraint les commerçants à basculer leurs activités sur internet afin d’endiguer la baisse de leurs revenus et surtout éviter la faillite, comme c’est le cas de certains métiers artisanaux.
Ils ont trouvé la solution pour leur survie. Cependant, cette activité a besoin d’encadrement et de législation afin d’éviter d’aller vers un vaste marché informel virtuel. La modernisation des systèmes de paiement en ligne et sa généralisation à travers le territoire national permettraient de contrôler les flux financiers et surtout gérer les transactions financières, ce qui aiderait à lutter contre l’informel, la corruption et l’escroquerie. Les services compétents doivent agir rapidement car la conversion au web des activités commerciales se démocratise. Peut-être qu’il est temps de réfléchir réellement à amorcer la transition économique en soutenant le E-commerce car la présence digitale des entreprises est obligatoire et les sites web des outils indispensables pour développer l’économie numérique. L’Algérie a du chemin à faire dans ce domaine.
Samira Takharboucht