L’Algérie en quête de «l’émergence économique africaine»

Lancement de la Zlecaf à l’épreuve du Covid-19

Certes c’est un pas imminent pour l’avenir économique commun africain, mais toutefois, il ne faut pas «se jeter dans l’inconnu». L’Algérie et tous les pays ayant ratifié l’accord de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) doivent relever ensemble le défi d’une Afrique unie qui ambitionne à se libérer de sa dépendance économique à l’étranger.

Désormais, l’Algérie se tourne vers son Sud et les pays africains afin de développer son commerce extérieur. A compter de janvier 2021, les Etats africains ayant ratifié l’Accord aux autres pays membres de l’Union africaine, procéderont à l’ouverture des marchés intérieurs dans l’objectif de créer un marché continental unique, en abrogeant progressivement les droits de douanes et augmentant le flux commercial intra-africain. «L’adhésion de la Zlecaf est un choix stratégique, à davantage d’efforts pour aplanir les difficultés qui persistent et régler les questions en suspens», a déclaré, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, samedi dernier, lors de son intervention au cours de la rencontre de la 13e Session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine (UA) tenus en visioconférence.
Il a également mis en lumière l’impératif de coordonner les actions entre les pays africains pour développer le commerce intra-africain et créer de la valeur ajoutée. «Cette démarche exige une conjugaison des efforts pour aller de l’avant dans la concrétisation des objectifs de développement de notre continent et de nos pays, et la consolidation de la paix et de la sécurité, étroitement liée aux progrès du développement économique», a-t-il précisé. La volonté, toutefois, ne suffit pas pour mettre en place un projet de telle envergure. Il nécessite la mise en place d’une véritable stratégie interne ou nationale de chaque pays membre de ce bloc commercial. Mais aussi, mesurer les avantages et les contraintes afin d’anticiper un éventuel blocage ou échec qui peut intervenir à cause du niveau d’engagement et de préparation entreprise par les différents partenaires.
Un engagement évalué par certains experts à moins de 50% en raison de la sous-évaluation des menaces régionales liées à la vulnérabilité des frontières et surtout le manque de logistiques pour accompagner les opérations d’exportations. L’Afrique du Nord ne semble pas d’ailleurs détenir les performances requises contrairement à l’Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale qui possèdent d’importantes potentialités. L’Algérie veut profiter de cette euphorie afin d’installer une véritable plateforme d’échanges intra-africaine. Il faudrait toutefois prendre en compte les contraintes financières auxquelles font face les pays africains depuis le début de la pandémie du Covid-19 qui a aggravé leur situation financière.
L’instabilité économique de ces pays peut faire dérailler la Zlecaf et déstabiliser les prévisions d’avenir. Nonobstant ces contraintes, la Zlecaf peut aider les pays africains à relancer leur activité économique et la rendre plus attractive. L’Algérie espère créer une véritable dynamique commerciale à travers cette zone qu’elle compte alimenter avec les produits locaux et défier ainsi les pays de la rive Sud. Réussir un tel investissement exige des sacrifices, mais surtout une véritable stratégie nationale et une visibilité financière pour affronter les aléas du futur.
Samira Takharboucht