1 milliard de dollars pour un projet toujours inachevé

Centrale Electrique d’Ain Arnat (Sétif)

Plus d’un milliard de dollars et 289 millions d’euros avaient été déboursés par le Trésor public algérien pour la réalisation en trois tranches du mégaprojet portant réalisation d’une centrale électrique à Ain Arnat (Sétif). Entamés en novembre 2012, les travaux de deux de ces tranches n’ont toujours pas été achevés.

Aux dires de nombreux cadres et agents, ils ne le seront pas avant longtemps. Pourtant, ce projet avait fait l’objet d’une grande préparation. Des visites de travail et d’inspection de membres du gouvernement dont l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal et Youcef Yousfi ministre de l’Energie et autres décideurs s’étaient multipliées. Il y avait aussi celles composées de cadres et techniciens qui ont directement ou indirectement collaboré à la signature du contrat initial et de son suivi. Bien mal du reste quand on sait que de 2012 à 2020 les visites de travail et d’inspection des hauts responsables ont été entourées d’opacité. Particulièrement les engagements financiers. A ce jour, on est toujours dans le flou quant aux raisons ayant conduit au décalage des délais de réalisation des trois tranches de la centrale par rapport à celles contractuellement fixées pour sa livraison. Sollicités, nos contacts ont précisé que les trois tranches du mégaprojet auraient dû être achevées 39 mois plus tard.
Dans son ensemble, le projet qui a nécessité un investissement d’un milliard de dollars (25,8 milliards DA) et 289 millions d’euros devait être réceptionné en décembre 2016. En 2020 on en est toujours aux délais initialement fixés et aux mêmes arguments avancés pour tenter de justifier le retard mis dans la réception des délais, c’est-à-dire à invoquer les aléas climatiques depuis 2013 et les difficultés de génie civil, dont le terrain nécessitant des travaux colossaux de terrassements… Il est également question d’opposition des propriétaires terres agricoles dans les wilayas de Sétif et Bordj Bou-Arréridj. Ces derniers refusent toute concession même indemnisée des terres nécessaires à l’implantation des pylônes supports et des stations de développement des énergies renouvelables.
Celles-ci permettront d’éviter la réédition des difficultés déjà vécues par Sonelgaz pour les mêmes types de projets d’électrification. Il est utile de préciser que le projet de la centrale d’Ain Arnat implantée sur 30 ha porte sur une puissance énergétique de 338 MW et fonctionne au gaz naturel et au gasoil. Il est aussi prévu la réalisation d’un système d’évacuation d’énergie électrique. «Pourquoi avoir engagé les travaux avant que l’étude technique ne soit achevée et que les propriétaires terriens n’aient pas été informés de la destination que l’on accorde à leur propriétés? Même si cela a été fait durant la gestion du pays par le parti unique, on ne peut pas se permettre de déposséder les citoyens de leurs biens», s’est insurgé un des propriétaires terriens retenu pour l’implantation des poteaux porteurs.
Cette affaire d’exploitation de terre agricole appartenant à des privés a, à maintes reprises, interpellé différents ministres et walis de passage ou en visite de travail et d’inspection sur des sites connus pour être des propriétés privées. Même Abdelmalek Sellal l’ex-Premier ministre, Youcef Yousfi et Djamila Tamazirt les deux ministres l’ont été. Ils n’ont rien fait pour mettre un terme à cette situation d’occupation illégale des terres et des terrains. C’est ce qui a entraîné les importants retards dans la réalisation de différents et importants projets comme la centrale électrique en cycle combiné d’une puissance globale de plus de 1.015 MW. Quelques semaines avant leur interpellation, présentation et mise sous mandat de dépôt, Abdelmalek Sellal au titre de Premier ministre et bien avant Nouredine Bedoui ainsi que les deux ministres avaient été alertés sur la nécessité de relancer les dossiers.
Comme ils l’ont toujours fait, ils n’ont pas accordé d’importance aux appels de plusieurs de leurs anciens collaborateurs quant à la révision de leurs méthodes de gestion. Révision aussi des dossiers d’investissements importants et plus d’un milliard investis sans que le projet Ain Arnat n’ait vu le jour depuis une dizaine d’années Au-delà des références techniques, il y a celles financières qui a vu l’implication directe et indirecte de plusieurs décideurs du pouvoir dont Youcef Yousfi et Djamila Tamazirt. Durant toute la période de gestion du ministère de l’Energie, ils avaient fait parler d’eux. Il a même été question de leur implication dans le dossier de nombreux dossiers en relation avec le secteur de l’énergie tel que celui de «Vijal Electricals Algérie» avec ses trois unités de fabrication de moteurs électriques, de transformateurs de distribution, d’unité de prestations techniques et maintenance des moyens de production. Doté d’un investissement de 4.670 MDA le projet devait être achevé dans un délai de 22 mois.
Qu’en est-il de ce projet ? Impossible d’en savoir plus. Tout autant que pour la centrale électrique d’Ain Arnat au dossier difficilement entrouvert, le temps est aux balbutiements. Le principe de la bouche cousue est appliqué à tous les niveaux de gestion. L’on est arrivé jusqu’au dossier «investissement Siemens» engagé par ce partenaire allemand pour développer son activité de maintenance en Algérie. N’étaient les grandes lignes de cette information, les Algériens se contenteront du ‘’on-dit’’ sur le pourquoi de ce long retard dans la réalisation de cette centrale électrique avec ses promesses de développement socio-économiques. Ils auront aussi une déclaration sur un investissement important car le premier du genre au Maghreb. Il est d’un montant de plus de 500 millions de dinars…Il s’agit du premier centre de maintenance et de réparation de turbines et de compresseurs au Maghreb. Le projet s’étend sur une surface de 8.000 m² à Hammadi (wilaya de Boumerdès). En termes d’engagement financier il est important et promet des centaines d’emplois.
A. Djabali