Les étudiants «se débrouillent seuls pour rejoindre leurs universités»

La rentrée universitaire 2020/2021 mise à rude épreuve

A un jour de la rentrée universitaire 2020-2021, les actions de prévention pour éviter la progression du Covid-19 en milieu universitaire continuent d’affluer.

Tous les établissements d’enseignements supérieurs et toutes les directions des œuvres universitaires au niveau national sont mobilisées pour veiller au respect et à l’application du protocole et des restrictions sanitaires prises par le gouvernement qui a annoncé en parallèle la reprise du transport inter-wilayas pour les étudiants. Toutefois, la réalité est beaucoup plus nuancée. Plusieurs étudiants se disent démotivés, découragés pour reprendre leurs études dans des conditions très difficiles. Moralement et financièrement. Ces deux points vigilants constituent une véritable source de stress non négligeable et qui pourrait impacter l’esprit des étudiants et leur capacité d’adaptation dans une telle situation. Habitués à la difficulté, les étudiants algériens ont toujours été débrouillards. Une qualité qui leur permet d’avancer dans de telles circonstances. Sans négliger pour autant les efforts déployés par les autorités pour les accompagner durant cette période.
Pour rassurer l’ensemble du personnel universitaire, le gouvernement a pris de nouvelles modalités pour aider les enseignants et les étudiants à surmonter leurs inquiétudes et craintes. Le ministère de tutelle a décidé de réaménager les modes et les horaires du travail afin de protéger ceux qui fréquentent ces établissements et les invitent à tenir compte de toutes les mesures et consignes de lutte contre le Covid-19. La rentrée universitaire de cette année est mise à rude épreuve. En effet à défaut d’un véritable plan de lutte contre la Covid-19 en milieu universitaire, nécessitant une prise en charge large et surtout précises en raison de l’état «inconfortable» des établissements de l’enseignement supérieur. Après plusieurs mois de préparations et d’hésitation, le ministère de tutelle, les associations et les syndicats ne voient plus l’intérêt de faire durer dans le temps la fermeture des universités. Les portes de l’université s’ouvrent demain pour accueillir les étudiants après des mois d’absence.
Pour un premier temps, les modules essentiels seront enseignés de façon présentielle, selon les nouvelles modalités du travail décidées par le ministère de tutelle qui prévoit également de réaménager les heures de cours en présentiel en recommandant aux professionnels de l’enseignement supérieur de créer des plate-formes numériques pour donner des cours à distance, comme se fait par ailleurs dans le monde. Il y a des universités qui ont déjà adopté ce système d’enseignement à distance, mais cette solution rencontre plusieurs difficultés techniques en Algérie. Il ne suffit pas de mettre en place une architecture qu’il faut, il nécessite un plan prédéfini et des moyens techniques afin d’enseigner les cours à distance. En Algérie le problème est ailleurs.
L’absence d’une couverture internet généralisée sur le territoire national et des ordinateurs portables et les kits nécessaires pour les cours à distance sont le premier frein à l’utilisation de cette méthode, notamment, dans les zones rurales et les zones d’ombre. L’engouement est massif, mais les obstacles sont aussi multiples. L’enseignement à distance est désormais l’unique solution efficace durant cette période épidémique, mais aussi à l’avenir. C’est un problème parmi d’autres auquel devra faire face le ministère de l’Enseignement supérieur qui est, actuellement, confronté à d’autres obstacles sur le terrain.
Plus urgents. A la veille de la rentrée universitaire, des étudiants n’arrivent pas rejoindre leurs résidences universitaires hors la wilaya de leur résidence. Pour cause, l’absence de transport. Un problème que les étudiants ont dénoncé ce problème depuis des semaines. Malgré les déclarations des autorités, la reprise exceptionnelle des transports inter-wilayas pour les étudiants, le problème n’est toujours pas réglé. Ils n’arrivent pas à se déplacer. Certains ont recouru aux covoiturages et aux taxis clandestins. Un choix coûteux et qui n’est pas sans risque. Les étudiants sont mis à rude épreuve et de plus en plus enclin à des crises de stress. Il y a ceux qui ont déjà décroché.
Samira Takharboucht