La normalisation est un projet de discorde entre les Etats de l’Union maghrébine

Les partis politiques marocains dénoncent une infiltration sioniste au Maroc

Les autorités marocaines ont décidé d’arrêter toutes les manifestations contre l’accord de normalisation avec Israël qui a eu lieu dans la capitale Rabat, a rapporté fraichement l’agence médiatique marocaine. L’on signale que d’importants contingents de policiers ont été déployés près du Parlement avec des équipements anti-émeute et des canons à eau, pour empêcher les manifestants de se rassembler.

Les relations entre le Maroc et Israël étaient déjà normales avant l’accord annoncé jeudi par le président américain Donald Trump, a soutenu le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, dans un rare entretien au quotidien israélien Yediot Aharonot. Dimanche, les principaux groupes et partis du pays ont rejeté l’accord pour établir des liens formels avec l’entité sioniste, une organisation le dénonçant comme une infiltration sioniste au maroc. Le Parti pour la justice et le développement (PJD), également appelé Mouvement pour l’unité et la réforme (MUR), a déclaré dans un communiqué que cette évolution vers un accord avec Israël était déplorable. Depuis que le président américain Donald Trump a fait son annonce-surprise en deux tweets le jeudi 10 décembre 2020, dans le premier pour annoncer un accord de normalisation entre le Maroc et l’entité sioniste, le qualifiant d’ avancée historique , le second annonçant qu’il reconnaissait la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental, la presse marocaine jubile, tandis que les Marocains affichent leur colère.
Des réactions offusquées fusent sur les réseaux sociaux marocains. Le mot comme la normalisation est une trahison et autre mot la cause palestinienne est considérée comme une cause nationale au Maroc.«Non à la normalisation au nom du Sahara marocain», était leur mot d’ordre exprimé par le Groupe d’action national pour la Palestine. Selon le chef de la diplomatie marocaine, c’est au terme de plusieurs années de travail que les efforts de son pays sur le dossier du Sahara ont été couronnés par la reconnaissance des Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur ce territoire. Le Premier ministre islamiste, Saad-Eddine El Othmani, avait été le seul à réagir en condamnant en août toute normalisation, jugeant toute forme de concession inacceptable. Du côté des formations politiques, toutes celles qui font partie de la coalition gouvernementale ou sont proches du pouvoir ont salué la reconnaissance américaine du Sahara et rendu hommage à la position du monarque marocain dans laquelle il assure la position constante de son pays de soutien à la cause palestinienne, rapporte France24.
Ce n’est pas le cas du parti républicain qui a accusé le roi de rejoindre la caravane de la traitrise. Dans les faits, le processus de normalisation passe aux actes : les Etats-Unis ouvrent un consulat à Dakhla, le grand port du Sahara occidental, le Maroc, lui, rouvre en Palestine occupée par Israël non pas une ambassade mais un bureau diplomatique existant de 1994 à 2002, à l’époque où le roi Hassan II soutenait le processus de paix marqué par les accords israélo-palestiniens d’Oslo en 1993. Selon un haut responsable diplomatique marocain. À noter que le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a tenté de tempérer à l’annonce surprise de Donald Trump, en arguant que Washington plaidait toujours pour un dialogue avec le Polisario.
«Les Etats-Unis continuent de penser que seules des négociations politiques peuvent résoudre les désaccords entre le Maroc et le Polisario », a-t-il dit dans un communiqué, défendant aussi le plan d’autonomie marocain comme base des discussions. Toutefois, certains observateurs craignent le contraire, avec la signature de l’accord de normalisation, et appréhendent les risques d’un embrasement. «Cet accord maroco-israélien pourrait réaliser la paix pour Tel Aviv et ses colons, mais c’est en revanche un projet de discorde et d’instabilité entre les Etats de l’Union maghrébine qui sont restés immunisés face aux troubles et aux guerres qui ont ravagé l’Orient arabe durant ces deux dernières années», s’est pour sa part inquiété Ray al-Yaoum, le site en ligne arabophone londonien, fait-on savoir.
Oki Faouzi