L’Algérie se met aux normes pour des échanges durables et sécurisés

Lancement de la phase opérationnelle de la ZLECAf en janvier

La phase opérationnelle de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) sera lancée dans quelques semaines. L’entrée en vigueur de cet espace commercial commun intervient dans un contexte particulier, fortement perturbée par la crise sanitaire du Covid-19, au point de la suspendre et de la repousser, retardant ainsi son opérationnalité.

Plusieurs pays signataires n’ont pas encore finalisé leur stratégie nationale de mise en œuvre de ces accords, contrairement, à d’autres pays à l’instar de l’Algérie, qui a déjà exprimé son ambition de relever ce défi et de profiter de cette opportunité, dans un cadre réglementaire adéquat. Depuis la ratification en décembre 2019 à Accra (Ghana) de la (ZLECAf), le ministère du Commerce planche sur sa stratégie de mise en œuvre en identifiant les chaînes de valeurs nationales permettant de tirer profits de cet espace commercial commun. L’Algérie vise à travers de nouveaux textes de loi pénaliser la surfacturation pour lutter contre la spéculation et la spécialisation dans l’exportation afin de renforcer sa présence sur le marché intra-africain. En d’autres termes, l’Algérie a terminé la mise en place de toutes les normes devant lui faciliter la circulation de ses marchandises dans la ZLECAf en se référant aux règles d’origine devant empêcher toutes fraudes et détournement des marchandises.
En contrepartie, l’Algérie devra, comme tous les autres membres, libéraliser au moins 97 % de ses lignes tarifaires et 90 % de ses importations, ce qui nécessite une réglementation stricte pour gérer la circulation des marchandises et une logistique sophistiquée. Elle exige, en effet, plus d’efforts de chaque pays qui devra élaborer sa stratégie nationale afin d’éviter l’échec du projet dès sa phase conceptuelle et opérationnelle. Cette mutation n’est pas sans défi pour l’Algérie qui a déjà validé sa stratégie de mise en œuvre de ces accords, depuis presqu’une année, ce qui a laissé une large marge de manœuvre au ministère du Commerce pour réajuster ses objectifs et se rapprocher des opérateurs économiques nationaux qui ont été exclus des consultations pour être plus résilient et compétitif face à la concurrence. Les produits à exporter sont soumis aux règles d’origine qui sont des aspects clés pour déterminer leur éligibilité au traitement préférentiel au titre de la ZLECAf.
La maîtrise de ces critères permettrait au pays de bénéficier de toutes les opportunités économiques et douanières. Une opportunité dont l’Algérie compte tirer profit, en dépit des obstacles liés à la situation sécuritaire dans la région et à la valeur marchande et d’usage. Egalement faire face à l’appétit des multinationales qui peuvent coloniser cette zone. L’adhésion à la ZLECAf est considérée par les autorités algériennes comme un choix stratégique qui devra surtout contribuer à la croissance économique nationale. Dans cette perspective, le ministère du Commerce veut élargir sa vision au-delà des frontières et étaler ses objectifs à long terme. En perspective, l’élaboration de plusieurs projets de loi avec différents départements ministériels en vue de réorganiser le secteur du commerce et «moraliser l’activité commerciale», a déclaré récemment, le ministre du Commerce, Kamel Rezig. Son objectif est de renforcer l’activité commerciale en collaboration avec d’autres départements ministériels afin d’assainir et d’encadrer rigoureusement le marché local.
S’affranchir, notamment, des pratiques commerciales malsaines qui gangrènent le marché. Il a évoqué, sans trop donner de détails, la pénalisation de surfacturation. Un acte de fraude qui a coûté beaucoup d’argent au Trésor public. La manipulation des prix des marchandises peut, en effet, avoir des répercussions négatives sur les échanges commerciaux à travers la spéculation. «Il y a des lois qu’il faut revoir car elles sont caduques, et j’insiste sur le travail collectif qu’il faut mener pour réussir à remettre le train sur les rails (..) Tout doit commencer par un premier pas», a souligné le ministre de tutelle, Kamel Rezig, devant les membres de la Commission des finances et budget de l’Assemblée nationale populaire (APN). Le projet de loi portant sur la pénalisation de la surfacturation «permettra à coup sûr de mettre un terme à la spéculation et la hausse injustifiée des prix des produits de première nécessité», a-t-il plaidé, assurant qu’»un autre décret relatif à la spécialisation dans l’exportation sera bientôt publié, ce qui contribuera à la protection et à la promotion du produit national».
Ces deux projets de loi renforcent, en effet, la lutte du pays contre la fraude à l’international, sachant que l’Algérie s’apprête à commercialiser ses produits sur le marché africain, ce qui nécessite plus de rigueur réglementaire. La pénalisation de la surfacturation figurait parmi les priorités du Président Tebboune qui a ordonné, il y a quelques mois, «la mise en place d’une équipe multidisciplinaire pour la lutte contre la surfacturation afin de l’écarter définitivement du paysage national à travers notamment le renforcement de la coopération avec des instances internationales comme l’Union européenne (UE), y compris en adhérant à des instruments juridiques internationaux qui peuvent rendre plus effective une telle lutte». Ces projets de loi soutiendront les objectifs du ministère du Commerce qui compte renforcer la position de l’Algérie sur le marché africain et faire du label algérien une référence.
Samira Takharboucht