Le pouvoir d’achat des Algériens menacé

Dégringolade de la valeur du dinar sur le marché officiel et parallèle

La valeur du dinar ne cesse depuis plusieurs semaines de baisser face au dollar et à l’euro qui ont enregistré de nouveau record historique sur le marché officiel et parallèle de la devise. La chute constante de la valeur du dinar s’explique par l’absence de compétitivité et l’atonie du marché économique provoquée par la crise sanitaire du Covid-19, doublée d’une crise financière, sans égal.

Sans surprise, la loi de Finance 2021 prévoit une baisse de 5% de la valeur du dinar par année pendant trois ans. D’ici 2023, le dinar perdra 23% de sa valeur, ce qui aurait un impact négatif sur la situation macro-économique (inflation, décroissance, chômage et baisse du PIB). Le choc social risque d’être très fort en absence de perspectives et de stratégies de redressement du secteur économique, déprimé. L’allocation touristique a baissé durant les premières semaines du mois de décembre à 90 euros, plombée par la dégringolade du dinar sur le marché officiel. Il s’est situé à plus de 160 dinars pour 1 euro. Une hausse historique justifiée par les rumeurs d’une reprise éventuelle des vols internationaux et le retour progressif de l’activité économique. Malgré ces signaux positifs, la valeur du dinar risque de baisser encore en raison de l’absence de compétitivité, la hausse de la facture des importations et la baisse des recettes des exportations.
La chute de plus de 40% des exportations de la compagnie nationale des hydrocarbures a eu un effet négatif sur la balance commerciale et risque surtout d’accentuer le déficit de cette dernière qui affiche un important déséquilibre depuis le début de l’année en cours. Le Fonds monétaire international (FMI) a averti l’Algérie des conséquences de la crise pétrolière et sanitaire sur l’économie du pays, et ce, malgré les mesures incitatives mises en place par les pouvoirs publics concernant l’accélération des réformes économiques et financières structurelles. Le creusement du déficit commercial semble inévitable en raison de la dégringolade continue de la valeur du dinar sur le marché de change officiel et parallèle, se répercutant directement sur le pouvoir d’achat des Algériens et sur le prix de production et de vente des produits de première utilité. L’Etat se retourne pour financer ses importations aux réserves de change qui ont connu une utilisation abusive ses dernières années. Elles ont chuté au-dessous de 50 milliards de dollars.
La conséquence de la baisse de la valeur de dinar et sa saignée sur le marché parallèle s’abat sur le pouvoir d’achat du citoyen qui ne peut faire face à l’inflation, alors que les salaires n’évoluent pas. L’impact social de la chute des indices macro-économique risque d’être violent sur la société. L’incapacité des ménages de s’acquitter de leurs droits et taxes ainsi que de leurs factures creusaient la dette des entreprises, en l’occurrence de l’Etat, qui ne peut recourir à la dette intérieure, dans ces conditions, pour couvrir ses déficits. Redresser l’économie nationale est un défi presque impossible en absence d’alternatives de financement. Pour sortir de la récession, la Banque mondiale et le FMI ont recommandé à l’Algérie d’accélérer le processus des réformes économiques, financières et bancaires afin d’adhérer aux mutations internationales à l’ère du numérique.
Samira Takharboucht