Le grand mea culpa du Kansas City Star

Presse

Le rédacteur en chef du Kansas City Star, journal fondé en 1880 et récompensé à plusieurs reprises par le prix Pullitzer, écrit ce qui suit : «Aujourd’hui, nous racontons l’histoire d’une puissante entreprise locale qui a mal agi.

Pendant une grande partie de sa première histoire, elle a privé de ses droits, ignoré et méprisé des générations de citoyens noirs du Kansas. Cette entreprise est le Kansas City Star. Nous sommes désolés». Le rédacteur en chef repentant explique que le cas Georges Floyd a agi comme un déclic : «Nous avons beaucoup écrit cette année sur le racisme systémique à Kansas City, après la mort de George Floyd et les manifestations nationales qui ont suivi, mais nous ne nous sommes jamais mis sous le microscope pour mieux comprendre comment le Star a couvert la communauté noire pendant des années», estime-t-il. Un travail d’introspection largement repris dans les publications américaines, et bien au-delà, The Guardian s’en fait par exemple également largement l’écho.
Car le Kansas City Star va au-delà du simple mea culpa, il publie une série de six enquêtes réalisées sur son propre travail. Sur son silence pendant le mouvement pour les droits sociaux à la fin des années 50, révélant cette phrase prononcée par l’un des rédacteurs en chef de l’époque : «Nous n’avons pas besoin d’histoires sur ces personnes. Le journal regrette à l’inverse d’avoir bien pris soin de parler des populations noires quand il s’agissait d’aborder la criminalité». Les Noirs ont été décrits principalement comme des criminels, des représentations négatives unilatérales » écrit le quotidien, reprenant des articles de l’époque, y relevant des d’expressions racistes comme «les nègres dangereux», ou encore «les brutes» pour qualifier certains noirs-américains, quasi exclusivement mentionnés comme potentiels criminels et jamais comme potentiels victimes.
Même au moment des inondations meurtrières de Bush Kreek en 1977, où le journal ne cesse de mettre en Une les boutiques des quartiers huppées, ravagées par les eaux, pendant que des quartiers pauvres à majorité noirs comptaient leurs morts. Enfin le Kansas City Star regrette que le célèbre saxophoniste du cru, Charlie «Bird» Parker, n’ait jamais fait la une du journal avant sa mort. Et même ce jour-là, son âge était faux et son nom mal orthographié.
C. M.