Attar défend le bilan des entreprises nationales de l’énergie

Malgré la baisse des réserves, de la productivité et du rendement annuel

L’avènement de la crise sanitaire du Covid-19 en Algérie a provoqué une situation économique et financière «morose», devenue insupportable pour la majorité des grandes et petites entreprises publiques, notamment, de l’énergie qui cumulent depuis des mois les déficits de trésoreries qui n’arrive plus à couvrir le fonds de roulement.

C’est le cas de la Société nationale de distribution de l’électricité et du gaz (Sonelgaz) dont le montant des créances auprès de ses clients dépasse 171 milliards de dinars, ce qui met en péril la mise en œuvre de son plan de développement. Même constat pour la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) qui a affiché un bilan mitigé mesuré à sa capacité habituelle de production et de rendement. Leurs bilans sont négatifs. La Sonatrach a un manque à gagner de 10 milliards de dollars, avec une baisse de 41% de son chiffre d’affaires à l’exportation. Avec la reprise des cours du pétrole encouragés par le dernier accord conclu entre les pays membres du groupe informel Opep+ et le début de la campagne de vaccination anti-Covid-19 à travers le monde, l’Algérie prévoit une augmentation de 12% des exportations de la compagnie nationale des hydrocarbures et la relance des projets d’investissement gelé en raison de la crise antérieure et inédite que subit le secteur de l’énergie depuis des mois. Dans son exposé devant les membres du Conseil de la nation, le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, s’est attardé sur la situation actuelle des deux groupes, mettant en avant l’intérêt qu’il porte au développement local et au partenariat étrangers dans la relance des projets d’investissements sclérosés par la crise sanitaire et économique que traverse le pays. «Depuis fin 2019, plusieurs projets d’entretien du réseau électrique national précédemment gelés (2016), ont été relancés», a-t-il souligné défendant les efforts et la volonté de la Sonelgaz d’aller de l’avant et maintenir sa survie. «Depuis la levée du gel, Sonelgaz s’est lancée dans plusieurs projets notamment concernant l’entretien et l’amélioration des services», a-t-il ajouté, affirmant que l’objectif de l’entreprise publique serait de couvrir en réseaux électriques toutes les régions du pays, notamment, isolées et rurales, conformément aux directives du Président Tebboune qui accorde une attention particulière à cette sphère fragile et marginalisée afin de l’impliquer dans le développement économique local. «Plus de 30% des zones d’ombres sont raccordées au réseau électrique national», a informé M. Attar qui qualifie cet accomplissement de «satisfaisant et salutaire». Le ministre n’a pas nié, toutefois, la difficulté financière que traverse l’entreprise depuis des mois, laquelle sans l’aide de l’Etat aurait pu «déposer son bilan», a-t-il déploré, mettant l’accent sur l’urgence de recouvrir toutes les créances du groupe afin de poursuivre l’exécution de son plan de développement et sauver les emplois. La relance de la Sonelgaz repose, essentiellement, sur le recouvrement de la totalité de ses dettes auprès de ses clients (entreprises et ménages).

Sonatrach, «tant impliquée dans le soutien des clubs sportifs»

De son côté, la Sonatrach semble mieux supporter la situation de crise, selon les récentes déclarations de son P-dg, Toufik Hakkar, qui a déclaré à la presse que «la Sonatrach finira l’année 2020 sans pertes», et ce, malgré le manque à gagner de plus de 10 milliards de dollars. La stratégie du développement de la Sonatrach, contrairement à la Sonelgaz, repose sur plusieurs segments et objectifs, production, distribution, raffinage et exportation. Le retour sur le marché international permettra au groupe d’intensifier son activité et de renforcer sa position. La réduction de son budget n’a atténué en rien ses ambitions de soutenir le monde du sport. Elle est devenue actionnaire majoritaire de plusieurs clubs sportifs. Sans les citer nommément. Son action s’étend aux clubs sportifs du Sud du pays. En effet, malgré la crise que subit la compagnie depuis des mois et la baisse de ses recettes, elle accorde un intérêt particulier au «Sponsoring des groupes sportifs». A la question d’une sénatrice sur le soutien financier des clubs sportifs du Sud, M. Attar a répondu que «le groupe Sonatrach prend en charge le volet sponsoring des Club sportifs, néanmoins, tout ce qui concerne la réalisation des Complexes Sportives, la prise en charge financière n’est pas du ressort de l’entreprise». Les filiales de Sonatrach (Engtp, Engcb, Sarpi Enac, Sorfert), ont dégagé un montant de 21 milliards de dinars destinés au sponsoring des Clubs sportifs du Sud, en 2020, selon les chiffres avancés par le premier responsable du secteur. Au terme de son audition, le ministre de l’Energie a apporté un éclairage quant à la question récurrente sur les recrutements dans son secteur. Il a expliqué, dans ce cadre, que «les offres du secteur public énergétique concernent les régions accueillant le plus grand nombre de projets, selon leurs besoins», ajoutant que «le recrutement ne répond pas à des quotas ni au rendement des gisements mais plutôt aux besoins des projets en cours de réalisation».

Samira Takharboucht