Le lion du Djurdjura s’en va

Histoire

Un homme, un révolutionnaire et un maquisard hors pair. Si Mohammed Igoulalene s’est sacrifié comme ses frères de combat à travers tout le territoire national pour défendre la terre de nos ancêtres du colonisateur français qui est venu piller et semer la terreur et la mort chez les populations.

Natif du village Aït Ouguareth, commune de Timizart, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le 13/07/1936, il sera confronté dès son enfance aux atrocités des soldats français qui terrorisaient les villageois et mettaient le feu partout, grandissant dans ces hameaux de résistance de la Kabylie dans une atmosphère de guerre. L’enfant devint adulte et l’esprit patriotique et nationaliste s’empara de son âme et devient son leitmotiv et sa raison d’être dans cette terre piétinée par les bottes des soldats français, et l’idée s’est ancrée dans sa tête que cet ennemi devra payer pour tout ces actes commis. Par ce cheminement de faits, l’homme Rebelle et révolté est prêt à aller au maquis. Le 1er Novembre fut une date glorieuse pour le déclenchement de notre Révolution qui donnera par la suite la réponse à Si Mohammed Igoulalene que la seule voie pour reconquérir l’indépendance est la Lutte armée. A la fleur de l’âge, à peine 20 ans, en 1956, il rejoint les rangs de l’Armée libération nationale (ALN), à peine integré, il attire l’attention par sa bravoure, son courage et son dévouement total à la juste cause, et lui voue reconnaissance, respect par ses frères de combat et son commandement qui voyaient en lui un vrai leader et un meneur d’hommes pour toutes ses qualités morales et physiques, ce qui emmena ces supérieurs à lui confier des missions malgré son jeune âge. Animé d’une volonté divine, il ne reculait devant rien, de par sa carrure très robuste et vivace, il était dans tout les combats de la région (forêt d’Akfadou, Azazga, Azeffoun, Iflissen, Tigzirt, Bounaamane…), accrochages, embuscades, déminage, fabrication et pose de bombes artisanales . C’était un homme très courageux, surtout dans cette dernière mission et était prêt toujours à faire le premier pas pour protéger ses frères de combat des mines, étant chef de groupe. Un Homme au grand courage, un maquisard de haut rang que l’Algérie a enfanté, nourri d’une surcharge de nationalisme et de sacrifice inimaginable, ce qui a conduit ses supérieurs à lui confier en mars 1957 une mission dangereuse et complexe, vu l’impact et les répercussions qu’elle aura sur le moral des deux côtés. La cible des officiers qui allaient atterrir à l’aérodrome de Fréha (actuellement Gendarmerie de Fréha), son objectif, faire exploser l’hélicoptère qui allait atterrir et tuer le maximum d’officiers et de soldats, un coup d’éclat. Si Mohamed qui est chargé de cette mission a reussi son objectif, un coup fatal à l’armée française en tuant et blessant plusieurs militaires, ce qui donna des galons et une confiance en soi en plus qui va galvaniser les troupes et desserrer l’étau dans la wilaya III historique en continuant la lutte sacrée contre les envahisseurs. Depuis cet acte qui a retentit dans toute la région de la Kabylie vu son ampleur, Si Mohamed devint un homme recherché et l’homme à abattre, et lors d’un accrochage, le baroudeur de ces hameaux et les montagnes de Djurdjura fut touché et blessé à l’abdomen et à sa jambe, arrêté, il est emmené à l’hôpital pour se soigner et ensuite subir l’interrogatoire avec les affres de la torture pour en tirer le plus d’informations et leur donner les noms et les plans qu’il a avalé (fin 1961), mais le destin en a voulu autrement. Quelques mois après, l’Algérie retrouva son indépendance et devient une terre libre grâce aux sacrifices de ses hommes et femmes qui ont donné ce qui est le plus cher pour eux, leurs âmes et leur sang. Si Mohamed Igoulalene était parmi ces valeureux soldats et ces combattants nationalistes qui ne voulaient pas abdiquer ou s’agenouiller en répondant au devoir divin de défendre sa terre et son Peuple. Ces lignes ne peuvent contenir toute l’histoire et l’aura de Si Mohamed qui voulait rester de son vivant anonyme et discret jusqu’au dernier jour. Un homme aux grandes valeurs, un patriote, un révolutionnaire s’en va en ce 18 décembre 2020, laissant un peuple et une terre libre, fier de ses origines et de son identité à ses enfants biologiques et les enfants d’Algérie qui veilleront à la mémoire de Si Mohamed Igoulalene et les martyrs d’Algérie ne s’effacera jamais et que le pays sera prospère et rayonnant comme était le rêve et le souhait du martyr Si Mohammed. «A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons» Redouane Bouhara