L’année de lutte contre l’impunité et l’instauration d’une justice équitable

Justice 2020

Depuis l’avènement à la Présidence de la République de Abdelmadjid Tebboune, la lutte contre l’impunité et l’instauration d’une justice plus équitable constituent des attentes majeures des citoyens. La réponse du premier magistrat du pays ne s’est pas fait attendre.

Tebboune s’y est attelé sans tarder au lendemain de son élection. Hasard du calendrier des enquêtes en cour ou impulsion délibérée au lendemain de son arrivée au pouvoir ? Celles-ci avaient été suivies de la révélation d’une série d’affaires judiciaires. Elles impliquent d’une manière directe ou indirecte les deux Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, le concessionnaire des bus devenu homme d’affaires et multimilliardaire Tahkout. Il y avait aussi les anciens walis ou ministres et hommes d’affaires suivis d’une douzaine de députés, hauts responsables, des femmes et hommes de coulisse dont une certaine «Mme Maya» proche du Cabinet présidentiel et autant de personnalités proches des cercles des différents gouvernements dont Zaâlane, Ghazi, Boudiaf, Zoukh, des hauts responsables gestionnaires d’entreprises et autres responsables de hauts niveaux. Ils ont tous été cités à la barre des accusés pour détournement de biens de l’État, trafic d’influence.
Il y a aussi l’arrestation et le placement sous mandat de dépôt pour fraude fiscale et blanchiment d’argent des frères Kouninef proches de l’ex-président de la République Abdelaziz Bouteflika, du frère de ce dernier et d’autres barons du régime précédent. Puis, il y a eu, après plusieurs jours de cabale, l’arrestation digne d’un film d’action mafiosi de BahaEddine Tliba. Le personnage homme d’affaires, députés bien introduit dans les rouages de l’Etat grâce à sa qualité de membre de la commission économique à l’Assemblée Populaire Nationale avait compté sur sa trésorerie à milliards en monnaie nationale et étrangère pour tenter de franchir clandestinement les frontières du Sud. Il arrangeait tout à sa convenance. Lui, à qui rien n’échappait en termes de trafics aux frontières, a été capturé à la suite d’une tentative d’éviter El Oued. Il y sera interpellé. Sur les trafics aux frontières et ceux des nombreux terrains immobiliers de Annaba qu’il avait réussi à détourner au lendemain de son installation en sa qualité de député avec la complicité de plusieurs walis.
En mars 2019, la vente illicite d’un de ses terrains bien situés à Ras El Hamra, un autre à M’Hafeur le terrain propriété de l’Etat a entraîné l’incarcération et la mise sous contrôle judiciaire de plusieurs cadres des domaines et de l’Algérienne Des Eaux (ADE). Dans la foulée, la population a appris avec stupéfaction que cet ancien député avait détourné d’autres terrains. Et aussi incroyable que cela puisse être, l’identité des acquéreurs n’a toujours pas été publiée à ce jour ! Cette cession serait passée inaperçue si les acquéreurs n’avaient pas entrepris des démarches pour procéder au morcellement des terrains, acquisitions de logements. Selon nos sources, le fait d’être incarcérés provisoirement n’empêche pas des individus de maintenir leur candidature aux prochaines législatives. Ils argumentent le fait que leur nom ne peut pas être retiré de la liste officielle des candidats.
L’on avait cru que ces inculpations et mandats de dépôts relevaient d’un simple effet d’annonce ou motivés par des mobiles politiques que les dossiers concernés ne se perdront pas dans les méandres des procédures judiciaires. Pour l’heure, de nombreuses juridictions sont à pied d’œuvre après une laborieuse phase de mise en place genre : «Nettoyer les écuries d’Augias». Celles-ci exigent surtout une justice indépendante. Les magistrats du Parquet resteront soumis aux directives du ministère de la Justice. Il reste que ceux appelés à rendre les décisions devront faire preuve de la plus grande indépendance. Les juges, faut-il le rappeler, disposent d’une indépendance parallèle à tout HCJ acte de l’exécutif tendant à interférer dans l’issue de ces procès. La HCJ est destinée à juger les hauts dirigeants. Elle tarde à se matérialiser face à cette institution. Nul ne conteste que, de par sa nature à la fois juridique et politique, celle-ci ne saurait obéir aux procédures de droit commun.
Dans le cadre d’une future révision constitutionnelle, il serait normal et démocratique de supprimer purement et simplement la HCJ. Ainsi les hauts responsables du pays se verront-ils mis sur le même plan que les simples citoyens… ce qui ne serait que justice. Aussi, pour une fois, la justice algérienne a respecté les délais de comparution à la barre des principaux accusés dans différentes affaires qu’elle a eu à traiter. Comme si elle s’était imposé un délai de comparution de chacun des uns et des autres justiciables, les accusés ont défilé avec un ou plusieurs délits à se reprocher. Ils l’ont fait dans des tribunaux combles, des maisons d’arrêt où magistrats, avocats, accusés, témoins et autres experts sollicités pour apporter des éclaircissements dans l’approche des réseaux comptables avaient leur place. Ce qui a eu pour résultats d’amener à la barre et derrière les barreaux deux Premiers ministres, plusieurs ministres, des cadres décideurs, des membres de différentes commissions, des députés et autres élus de nombreuses institutions, les détenteurs de comptes bancaires, des hommes d’affaires hier intouchables. Certains avaient vu leurs jugements reportés pour appels à témoins, d’autres jugés et condamnés pour diverses raisons. Il y a ceux qui ont vu leurs comptes matériels et bancaires saisis.
A. Djabali