Sans vision stratégique, pas d’impacts économiques et sociaux durables

Désenclavement des zones d’ombre

L’Algérie s’étend sur 2 380 000 km2 dont 2 100 000 km2 d’espace saharien. La densité paraît faible, mais les 9/10e de la population sont concentrés sur les terres du Nord. Sa situation géographique est stratégique : en face de l’Europe, côtoyant la Tunisie, l’Atlantique Maroc/Mauritanie, la Libye, le Mali et le Niger comme point d’appui de l’Afrique sub-saharienne. L’objectif stratégique horizon 2020/2030 est d’éviter que plus de 95% de la population vive sur moins de 10% du territoire et avoir une autre vision de l’aménagement de l’espace.

La deuxième action est de mettre à la disposition des sociétés une main-d’œuvre qualifiée, grâce à un système de formation performant et évolutif allant des ingénieurs, aux gestionnaires, aux techniciens spécialisés et ce, grâce aux pôles universitaires et des centres de recherche, évitant ce mythe d’une université par wilayas. Par exemple, la chambre de commerce offrira un poste pour 10 candidats en formation, les 90 % non retenus ne constituant pas une perte pour la région. L’apprentissage en dynamique est un capital humain pour de futures sociétés qui s’installent dans la région, une société installée payant des impôts qui couvriront largement les avances en capital de la formation avancée. Ainsi, nous assisterons à une symbiose entre l’université et les entreprises. Car les sociétés ont besoin de l’accès aux chercheurs, aux laboratoires pour les tests d’expérimentation et l’université a besoin des sociétés comme support financier et surtout d’améliorer la recherche. Les étudiants vivent ainsi la dialectique entre la théorie et la pratique.
La troisième action est de favoriser des entreprises souples reposant sur la mobilité et les initiatives individuelles.
Quatrième action, la chambre de commerce intensifie les courants d’échange à travers différentes expériences entre les régions du pays et l’extérieur et l’élaboration de tableaux de prospectifs régionaux, horizon 2020/2030. La mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités nécessaires ainsi que des prestations de services divers (réseau commercial, loisirs) est fondamentale Cette symbiose entre ces différentes structures et certains segments de la société civile doit aboutir à des analyses de prospectives 2020/2025/2030, à un tableau de bord d’orientation des futures activités de la région, afin de faciliter la venue des investisseurs. Ces axes directeurs devraient s’inscrire dans le cadre des nouvelles mutations à l’échelle planétaire qui sera accélérée avec l’impact de l’épidémie du coronavirus, par e profondes mutations géostratégiques, économiques, sociales et culturelles avec la transition numérique et énergétique.

3- Une centralisation à outrance, d’un système rentier, vivant de l’illusion d’une rente éphémère des hydrocarbures, ou du mythe des matières premières comme facteur de développement, favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, une gouvernance par décrets, c’est-à-dire une gouvernance qui s’impose par la force et l’autorité loin des besoins réels des populations et produit le blocage de la société. Après le tout Etat centralisateur, politiques menées depuis l’indépendance politique, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale. Pour l’Algérie, il s’agit de procéder à une autre organisation institutionnelle, qui ne sera efficace que sous réserve d’objectifs précis, d’opérer un nécessaire changement qui passe par une approche basée sur une identification claire des missions et responsabilités et une restructuration des fonctions et des services chargés de la conduite de toutes les activités politiques, administratives, financières, techniques et économiques. Cette nouvelle démarché institutionnelle que j’ai développée dans deux ouvrages à 25 ans d’intercale (réformes et démocratie officie des publicains universiades OPU 1980 reproduit dans Amazon Paris 2018 -420 pages et les deux ouvrages pluridisciplinaires regroupant économistes, juristes, sociologues, politologues, anthropologues sous le même titre à Casbah Editions 2005 525 pages n’ayant pas été écouté car touchant de puissant intérêts de ceux s’opposant à la réforme de l’Etat) implique d’avoir une autre organisation tant des ministères que des collectivités locales. Les règles d’organisation économique du territoire. à ne pas confondre avec l’espace géographique devant intégrer le temps, l’espace étant conçu comme surface, distance et comme ensemble de lieux doit pour avoir pour objectif stratégiue la prospective du territoire afin de construire un socle productif sur plus d’individus et davantage d’espace.
La recomposition du territoire s’inscrit dans un vaste projet inséparable des réformes structurelles à, tous les niveaux ne pouvant être conçue d’une manière autoritaire, interventionniste, conception du passé, mais doit être basée sur la concertation et la participation effective de tous les acteurs politiques, économiques et sociaux. L’aménagement du territoire devra répondre aux besoins des populations en quelque lieu qu’elles se trouvent et assurer la mise en valeur de chaque portion de l’espace où elles sont installées. Il ne s’agira pas d’opposer le rural à l’urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites mais d’organiser leurs solidarités. Impliquant de favoriser une armature urbaine souple à travers les réseaux, la fluidité des échanges, la circulation des hommes et des biens, les infrastructures et les réseaux de communication Cela implique une nouvelle architecture des villes, des sous systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants bien que autonomes dans leurs actions et la solidarité nationale qui n’est pas antinomique avec l’efficacité économique et c’est dans ce cadre que doit être conçu la politique d’éradication des zones d’ombre. où il est intolérable que l’opulence d’une minorité côtoie la misère criarde d’une fraction de la population algérienne qui peut dégénérer en violence mais sans populisme, une nation ne pouvant distribuer plus de ce qu’elle produit.
L’Algérie acteur stratégique au niveau de la région méditerranéenne et africaine, a besoin de concilier efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale afin de renforcer le front intérieur passant par de profonde réformes qui ne peuvent se réaliser que des algériens eu mêmes, le statut quo étant intenable.. Car toute déstabilisation aurait des répercussions régionales (voir nos interviews in American Herald Tribune-USA- décembre /2016 et août 2018 et Africa-Presse, Paris en trois parties août 2018 et récent interview à l’hebdomadaire financier britannique The Economist décembre 2020). D’une manière générale, existe une dialectique entre le Politique et l’Économique et tout projet est forcément porté par des forces sociales, souvent avec des intérêts différents.. Pour ma part, étant social démocrate, du juste milieu, militant depuis des décennies, j’entretiens des relations cordiales dans le cadre, du respect mutuel, avec des tendances islamiques, nationalistes, démocrates, de gauches, de droites, laïques, chacun de nous aimant à notre manière l’Algérie, devant en cette conjoncture de fortes tensions géostratégiques à nos frontières et socio-économiques internes nous rassembler au lieu de nous diviser sur des sujets secondaires.
En résumé, comment ne pas rappeler que par le passé, j’ai eu l’honneur de coordonner plusieurs ouvrages pluridisciplinaires, ayant abordé les réformes politiques, sociales et économiques, ans le cadre d’une réelle décentralisation, fruit d’un travail collectif à la rédaction desquels ont contribué des collègues spécialistes en anthropologie, en économie et en sciences politiques des universités d’Annaba, d’Oran et d’Alger ( Réformes et démocratie officie des publications universitaires OPU 1981, 420 pages reproduit dans Editions Amazon Paris 2018 et Casbah Editions 2 volumes, Mondialisation – Réformes et démocratie 500 pages 2005). Ces travaux sont aujourd’hui d’une brulante actualité et objet de cette présente contribution réactualisée, qui s’inscrit en partie dans la tradition déjà bien établie des travaux de transitologie traitant des expériences des pays du Tiers Monde et de l’ex-bloc socialiste, analysant les différentes politiques élaborées et exécutées en guise de réponses aux grands défis internes et mondiaux.
Entre 1980/2019, j’ai donné plusieurs conférences aux universités de Annaba, de Constantine, de Tizi Ouzou, de Bejaia, de journées d’études à Hassi Messaoud, Sid Bel Abbès, d’Oran, à l’École nationale d’administration d’Alger (ENA), à l’Académie militaire Internâmes de Cherchell, à l’Ecole supérieures de guerre et à l’institut militaire de documentation et de prospective IMDEP Ministère de la défense nationale MDN et lors de plusieurs conférences à l’international USA/Europe, dont la conférence devant le parlement européen, cela afin d’expliquer notre démarche fondée sur l’alternance démocratique tenant compte de l’authenticité de l‘Algérie, pièce maitresse de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine avec pour objectif une économie diversifiée hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales s’adaptant à la quatrième révolution économique mondiale fondée sur la transition numérique et énergétique. Le fondement du développement u XXIème siècle repose sur la bonne gouvernance et la valorisation du savoir dans un monde en perpétuel mouvement où toute Nation qui n’avance pas recule forcément.
Personne ne peut se targuer d‘être plus patriote qu’un autre. La tolérance par la confrontation d’idées contradictoires productives, loin de tout dénigrement, est la seule voie pour dépasser l’entropie actuelle. Le plus ignorent est celui qui prétend tout savoir et méditons les propos plein de sagesse du grand philosophe Voltaire « Monsieur je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai de toutes mes forces pour que vous puissiez toujours le dire» Et pour terminer, à l’occasion de la nouvelle année 2021, je souhaite à notre chère patrie, l’Algérie paix et prospérité.
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul