Une année exceptionnelle pour les footballeurs…

Covid-19

La Covid-19 traîne ses pattes sur les pelouses des stades maghrébins et européens. Le stress avant la reprise pour la majorité des joueurs, a atteint son paroxysme. Chacun évoque ce qu’il ressent, les conséquences du confinement sur le moral, l’ennui, ses déceptions, les stades vides. Leurs familles, leurs proches.

Des joueurs des clubs français ont cassé leur boîte noir pour raconter à FF ce qu’ils les étouffent. Pour le président du Stade Rennais, Nicolas Holveck, «c’est une année catastrophique. J’ai l’impression de vivre un mauvais rêve et que ça ne s’arrête jamais. C’est peut-être hors de propos, mais j’ai toujours beaucoup de mal à comprendre l’ampleur des mesures prises au regard des conséquences… On est en train de sacrifier une génération. Je crains beaucoup l’année 2021, car les conséquences risquent d’être assez catastrophiques sur l’esprit des gens, au niveau du social… Je suis très préoccupé. Est-ce que le remède n’est pas pire que le mal ? On déconfine partout. Ce qui est terrible, c’est que ce n’est pas que français. C’est une crise mondiale. C’est incroyable. Le souvenir, c’est le premier confinement… Tous les clubs avaient dimensionné leurs effectifs et leurs structures par rapport aux nouveaux droits TV. On va devoir rétropédaler et vivre avec 50, 60, 65% des droits prévus». Boulaye Dia Boulaye Dia, attaquant du Stade de Reims, lui déclare «2020, on va retenir la Covid-19. Franchement, ça a pris le dessus sur tout. Dans la vie de tous les jours, sur le sport, l’économie, tout !
Quand tu sors dans la rue, que tu vois tous les gens masqués. Mais, là, avec le recul, on se dit qu’on est proches de la fin, même si ce n’est pas pour tout de suite… Il faut prendre ce recul-là et profiter de la vie car on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Mais franchement, elle a été triste cette année. On s’en souviendra tous, ça restera». Jean-Marc Furlan, entraîneur de l’AJ Auxerre lui affirme, «sa première préoccupation, c’est la santé des gens, et celle de nos familles. Mais aussi l’inquiétude qui est au-dessus de nous. Par le passé, c’est arrivé de nombreuses fois d’avoir ce genre de maladies. Aux XVIIIe et XIXe siècles, ils étaient tous habitués à ça, d’avoir des virus qu’ils n’arrivaient pas à résorber. Mais c’est vrai que c’est une inquiétude qu’on n’a pas connue, pour les plus vieux, depuis la Seconde guerre mondiale. On a nos libertés qui sont bloquées. Pour la crise sanitaire, il y a aussi le fait qu’il y a un danger économique important. Cela va certainement bouleverser pendant, au minimum, un ou deux ans, la situation économique du football. Très rapidement, le jour où l’économie va se remettre en route, comme le football est un sport populaire qui se joue sur toute la planète, on va retrouver une économie normale. Je ne suis pas inquiet pour ça, en 2020, la plus grosse frustration, c’est de ne pas partager avec le peuple. Tu te rends compte qu’on s’est tous adaptés à des stades vides… et que ça devient complètement insupportable.
Tu entends les dirigeants hurler dans les tribunes, les joueurs se coucher par terre en hurlant. Sans le public, sans l’ambiance, il y a des modifications de comportement sur le terrain qui sont abjectes. Je suis tétanisé sur le banc en me disant : ‘’P… mais qu’est-ce qu’on vit ?’ Depuis un siècle et demi, les sports sont totalement secondaires». Enfin, pour Vincent Pajot, milieu du FC Metz, «le fait d’apprendre un vendredi qu’on n’a pas match à cause du virus, qu’on peut partir en week-end… et qu’on ne se revoit en fait que deux ou trois mois après. On pense pouvoir exercer son métier, mais ça ne vient pas. On est dans une bulle, toujours focalisé, même quand on est en repos, en vacances. 2021, on sait que ça va être différent. On a à cœur que ça revienne petit à petit, que les supporters reviennent». Omar Daf, entraîneur du FC Sochaux-Montbéliard, lui, estime qu’il «faut profiter de l’opportunité qu’on a de pouvoir continuer à faire notre métier. Aujourd’hui, je me dis encore plus que mon équipe doit donner du plaisir à nos supporters. Les gens ne peuvent pas venir au stade alors on se doit de travailler pour leur offrir du spectacle. On doit apprécier cela et surtout trouver des ressources pour y arriver. Avec le staff, on travaille toujours à faire progresser les joueurs sur le plan technico-tactique. Mais maintenant, il faut garder les joueurs sous pression avec le huis clos. Cela a pris une part importante du travail. Sur l’approche de la compétition, on essaie de trouver d’autres leviers pour maintenir les joueurs concernés et faire monter ce niveau d’adrénaline. Il n’y pas plus cette pression dans le stade que l’on peut ressentir, mais c’est à nous, les techniciens, de faire en sorte que les joueurs puissent se transcender».
Baptiste Santamaria, milieu du SC Fribourg, donne son avis, «cette situation-là, ce virus-là, ils sont problématiques pour tout le monde alors ça vous amène à relativiser. Nous, on ne peut pas toujours voir nos familles comme on l’aimerait, on n’a pas nos supporters dans les stades mais tout le monde subit également un tas de problèmes. Et les nôtres sont souvent minimes par rapport à ceux qui sont les plus durement touchés et on a forcément une pensée pour eux. Corgnet, ancien milieu de Dijon, Strasbourg et Saint-Etienne conclut, «d’un point de vue sportif, ce n’est pas forcément la meilleure année… Il y a eu quelques mois où j’ai pu jouer au football. Mais j’étais en fin de contrat… C’était une année très différente de ce que j’ai connue depuis dix ans. Au niveau personnel, j’ai pu profiter beaucoup plus de ma famille, de mes proches. On pense essentiellement à ça. Avec la Covid, un événement jamais connu, tout le monde s’est retrouvé dans le flou, dans le K-.O. avec ce qu’on était en train de vivre. Le sport s’arrête, on est à la maison : mais le sportif a été très douloureux, on était vraiment dans l’inconnu. Être sans contrat a rajouté des incertitudes, du doute. Cela l’est moins désormais. J’ai eu le temps de laisser les doutes, les déceptions. Synthèse de
H. H.