Booster l’économie en 2021, après la panne de 2020!

La chronique hebdomadaire

L’année 2021 remet l’impératif de relance économique sous les feux de la rampe, comme on dit en langage cinématographique. Sauf que là, il ne s’agit pas de cinéma au sens de moyen de divertissement collectif. Mais plutôt de destin collectif de la nation dans sa manière de vivre, de se développer et de partager ses ressources.

C’est le Président lui-même qui a tenu à en faire un souci prioritaire  en réunissant autour de lui en ce mardi 5 janvier 2021 les représentants de la communauté entrepreneuriale privée et publique, faisant ainsi de la relance économique en 2021 l’une de ses priorités, compte tenu de l’impact négatif de la pandémie de la Covid-19 qui a mis en panne la machine économique pendant l’année écoulée où l’impératif sanitaire et de santé publique s’est imposé naturellement, bousculant de manière brutale et implacable l’ordre des priorités. Comprendre la portée de cet impératif économique et social, c’est rappeler trois pesanteurs structurelles majeures qui caractérisent l’économie nationale.
Premièrement, l’Algérie dont l’économie dépend quasi exclusivement des recettes pétrolières et du pouvoir d’achat international qu’elle en tire bon an mal an s’est retrouvée dans une situation, à la fois imprévue, chargée d’adversité, et mal venue du point de vue de ses ambitions de relance et de mise en place des fondements de cette nouvelle gouvernance économique plus rationnelle et plus efficiente, car plus soucieuse d’une allocation réfléchie des ressources.
De toute évidence, cette affectation des ressources tirée d’une redistribution institutionnelle de la rente énergétique n’a pas permis l’émergence d’une économie de la production, encore faut-il s’interroger objectivement si tel fut le projet de l’ancien régime en matière de construction économique. C’est une question légitime, au vu des dégâts commis par l’économie de la prédation, surtout par la ponction massive et criminelle sur les ressources financières nationales. Booster aujourd’hui l’économie nationale, c’est revenir à une affectation productive des ressources, en renouant avec l’investissement productif à dynamique endogène capable de capter les savoir-faire internationaux tombés dans le domaine public, vu que l’économie nationale est encore dans une logique de rattrapage et d’ajustement de ses structures aux exigences normatives internationales. C’est le sentier critique à suivre pour dépasser les effets de la panne de 2020 et asseoir un nouveau cadre de dialogue direct entre le président de la République qui dispose des clès de la décision et nous faire oublier les foires de la tripartite privilégiées par l’ancien régime qui aimait faire dans l’agitation, plutôt que dans l’action.
Deuxièmement, chaque crise majeure impose des solutions spécifiques pour sortir de l’ornière et aboutir à des comportements plus sobres en matière d’économie en appréhendant à leur juste dimension les déviations du passé et leur impact dans la durée pour l’économie nationale. Selon le premier argentier du pays, l’Algérie va économiser sur ses importations pour 2020 la somme de 8 milliards USD7; ce qui est une atteinte à 80 % de l’objectif fixé par le présidentqui était de 10 milliards USD. Ce qui est remarquable dans cette performance d’économie de devises à l’import, c’est qu’elle est essentiellement, selon le même ministre, le fruit d’une traque efficace des circuits de surfacturation à l’import qu’il n’ a pas hésité à estimer entre 30 à 35% durant les années passées, donnant ainsi raison à titre posthume à feu Bakhti Belaib du temps où il était ministre du Commerce et dont la déclaration au contenu identique avait fait l’effet d’une bombe dans les arcanes du pouvoir de l’époque. Cela nous amène à dire que booster l’économie en 2020, c’est continuer à réparer les dégâts subis par l’économie nationale du fait de la machine de la prédation des ressources très active par le passé, en faisant en sorte que chaque dinar mobilisé par l’Etat aille en priorité aux entreprises créatrices de richesses et seules capables d’élargir la base d’accumulation du capital productif, et in fine, de la richesse nationale. Ce deuxième souci relève de la bonne gouvernance tant recherchée en Algérie, car il relève de la transformation structurelle de l’économie nationale.
Troisièmement, il s’agit de dire que booster l’économie nationale en 2021 ne consiste pas seulement à faire une croissance positive de 4,5 % tel que prévu par la loi de Finances en cours, mais bien plus d’un travail de planification stratégique de longue haleine pour arriver à reformer positivement cette économie et la sortir de l’emprise de la  rente. C’est vrai que dans l’immédiat, il faut oublier la récession de l’année écoulée que l’on n’a pas encore quantifiée de manière précise mais qui risque d’être douloureuse. En définitive, relancer l’économie nationale, c’est se doter d’un horizon de projection clair, loin des biais d’appréciation dictés par les impératifs politiques du moment mais en mettant  les energies utiles au service de l’avenir conjugué au temps économique, celui des grands équilibres macro-économiques bâtis sur les atouts durables de l’économie nationale. Et le premier est celui de l’intelligence innovante de sa jeunesse qui, libérée des pesanteurs de la «gouvernance bureaucratique» pourrait réhabiliter le sens social du travail parmi les Algériens. Cette perte du sens du travail collectif est l’une des pesanteurs instaurées par «l’esprit de la rente» dont il faut se défaire pour construire une véritable économie Et sous cet angle, c’est toute la société qui est interpellée et pas seulement le monde de l’entreprise. Ce dernier peut y contribuer en offrant du travail à ceux qui le demandent. En somme, l’équation est complexe. Le travail de proximité du Président Abdelmadjid Tebboune avec les entrepreneurs peut avoir un «effet booster» dans la recherche de la solution. Sans perte de temps !
A.K.