Pléthore de romans pour janvier

Rentrée littéraire en France

Yasmina Reza, Patrick Grainville, Tahar Ben Jelloun, Éric-Emmanuel Schmitt… Selon Livres Hebdo, 493 romans seront publiés ces deux prochains mois dont 63 premiers romans. La rentrée littéraire de janvier- février voit paraître une pléthore de romans, loin des vœux pieux de désengorger les librairies après une année compliquée pour elles.

Le mensuel spécialisé avait révélé en novembre qu’Interforum (groupe Editis, Vivendi), distributeur qui fait parvenir les ouvrages aux libraires, avait écrit aux éditeurs: «Afin de limiter les risques de décisions désordonnées de nos clients, nous vous demandons d’alléger vos programmes de janvier et de février». La recommandation n’a pas été entendue.

Les têtes d’affiche

Les têtes d’affiche Gallimard mise sur Marie Ndiaye, dont La Vengeance m’appartient raconte les questionnements d’une avocate qui défend une femme accusée de plusieurs infanticides et Tahar Ben Jelloun avec Le Miel et l’Amertume où une adolescente marocaine est victime d’une sorte de Matzneff. Chez Flammarion, Yasmina Reza, dans Serge, sonde une fratrie tourmentée et Olivier Adam, avec Tout peut s’oublier, suit la quête d’un père dont l’enfant a été enlevé au Japon par sa mère. Au Seuil, Ivan Jablonka, l’auteur de Laetitia explore dans Un garçon comme vous et moi «l’autobiographie de genre», tandis que Patrick Grainville voit Picasso et Nicolas de Staël dans Les Yeux de Milos et Philippe Delerm La Vie en relief. Mialet-Barrault, maison créée en 2020, a convaincu Lionel Duroy pour son autoportrait dans L’Homme qui tremble et Mazarine Pingeot avec Et la peur continue, sur une femme qui va affronter ses terreurs. Chez Grasset, Georges-Olivier Châteaureynaud, dans À cause de l’éternité, donne le second volet de son roman monde de 2007, L’Autre Rive, tandis qu’Andreï Makine évoque la vie d’Arméniens exilés en Sibérie à l’époque soviétique avec L’Ami arménien. Michel Bussi, avec Rien ne t’efface (Presses de la Cité), construit un suspense psychologique autour d’une mère endeuillée. Raphaëlle Giordano donne l’envie d’oser dans Le Bazar du zèbre à pois (Plon). Éric-Emmanuel Schmitt entame un cycle romanesque sur l’histoire de l’humanité avec Paradis Perdus (Albin Michel).

Les aspirants

Malgré l’envie manifestée par les Français de lire pendant le confinement et de retrouver les librairies se faire une place au soleil est un défi quand on est moins connu. Parmi les auteurs de premier roman, Shane Haddad fait le portrait d’une jeune supportrice de football avec Toni tout court (POL). Dominique Dupart signe une ambitieuse fresque sociale La Vie légale (Actes Sud). Nolwenn Le Blevennec se souvient d’un adultère dans La Trajectoire de l’aigle (Gallimard). Déjà publié par le passé, Laurent Bénégui nous parle d’ancêtres béarnais partis pour le Nouveau Monde avec Retour à Cuba (Julliard), J.M. Erre tente de nous faire rire de cette époque névrosée, puisque Le Bonheur est au fond du couloir à gauche (Buchet-Chastel) et Sigolène Vinson rend hommage à la musique grâce à La Canine de George (L’Observatoire). Si l’envie vous titille de rejoindre la cohorte des romanciers, les conseils de Pierre Ménard dans Le Grand Roman de l’écriture(Novice) sont un bon début. Les étrangers Poids lourd probable de cette rentrée, un recueil de quatre nouvelles de l’Américain Stephen King, »Si ça saigne« (Albin Michel), s’est très bien vendu aux États-Unis. Venu d’outre Atlantique, «Tu ne désireras pas» de Jonathan Miles (Monsieur Toussaint Louverture) est une satire sociale new-yorkaise. L’enquête de l’Américain Omer Bartov sur Anatomie d’un génocide : vie et mort dans une ville nommée Buczacz (Plein jour) ou celle du Suédois Daniel Birnbaum sur le Dr B. (Gallimard) replongent le lecteur dans la Seconde Guerre mondiale. Le Britannique Martin Amis renouvelle l’autofiction dans Inside Story (Calmann-Lévy) et le Roumain Mircea Cartarescu, auteur de Solénoïde, poursuit son œuvre inclassable dans Melancolia (Noir sur Blanc).

Le Figaro avec AFP