«Le football français est-il suspendu aux faits et gestes de Canal+ ?»

Le président du directoire du groupe audiovisuel, Maxime Saada, s’est vite, d’ailleurs, exprimé dans une longue interview au quotidien Le Figaro et dans laquelle il fait une annonce à laquelle personne ne s’y attendait, puisqu’il dégaine en faisant part de son intention, voire son intention d’annoncer sa volonté «de voir s’organiser un nouvel appel d’offres pour l’obtention des droits TV sur la Ligue 1 et Ligue 2 pour la période 2021-2024». Et pour mieux confirmer ses dires, il enchaînera par une information qui prouvera que ses propos valent son meilleur engagement vérifiable le 5 février prochain date à laquelle «il se rendrait à la Ligue de football professionnel le lot de 330 millions € par saison que lui a sous-licencié beIN Sports pour les matches du samedi soir et du dimanche en fin de journée… Une surprise, alors que bon nombre d’observateurs pouvaient penser que des négociations rapides, les yeux dans les yeux, pourraient faire sortir le monde du football hexagonal de l’ornière, privé de revenus notamment pour cause de l’absence de public dans les stades».

«Télé foot a fortement réduit l’exposition de la compétition»

Et puis, c’est l’occasion pour le président du directoire du groupe audiovisuel, Maxime Saada, de régler quelques comptes, pointant ainsi une «perte de confiance entre Canal+ et les responsables du football français. Nous n’avons pas été traités correctement ces dernières années», gardant en mémoire «les réjouissances de nombreux présidents lorsque Canal+ est rentré bredouille de l’appel d’offres de 2018». Et puis, pour lui, l’offre de la Ligue 1 «a été dégradée dans l’absolu. La diffusion sur Télé foot a fortement réduit l’exposition de la compétition» alors que «l’arrivée de Mediapro a contribué à la croissance exponentielle du piratage», avance-t-il encore dans son interview au Figaro. Et surtout, depuis, Canal+ a réaménagé sa grille en conséquence en mettant notamment en lumière le dimanche soir le Top 14 de rugby.

Pas de quoi rassurer les présidents des clubs

Alors ? Tout le monde est sur le qui-vive à attendre cette publication d’un nouvel appel d’offres, «Maxime Saada qui sait que la chaîne Téléfoot a prévu la diffusion des matches de Ligue 1 et Ligue 2 jusqu’au 20 janvier prochain, à minima, propose la mise en place sur la plateforme MyCanal du groupe Canal+ d’une solution de paiement au match dont Canal+ reversera ‘bien sûr’ une grande partie des recettes à la LFP. Pas de quoi spécialement rassurer les présidents des clubs de football français…» Selon l’AFP, le conseil d’administration de la Ligue de football professionnel a validé ce jeudi le principe d’un appel d’offres pour les droits TV vacants des championnats de France. La Ligue ne souhaite remettre sur le marché que les lots délaissés par Mediapro, le diffuseur défaillant de 80% des matches des championnats de Ligue 1 et de Ligue 2, selon ces sources. «Canal+, pressenti pour la reprise des droits TV, a au contraire déjà demandé que cet appel d’offres soit global, incluant les deux matches par journée de Ligue 1 qu’elle diffuse actuellement et qu’elle souhaite restituer».

La retransmission des matches dans le doute

Le patron de Canal+ a annoncé que la chaîne cryptée comptant restituer le 1er numéro 3 qu’elle diffuse «comprenant 20% de la Ligue 1 pour un montant de 330 millions d’euros par an, avant de refaire des offres sur les différents lots. Mais la Ligue a une interprétation juridique différente sur ce dossier, estimant pouvoir ne remettre en concurrence que les matches délaissés par le groupe Mediapro, qui avait initialement promis plus de 800 millions d’euros par an avant de se montrer incapable de régler ses factures en octobre». De plus, Canal+ ne diffuse ses deux matches par journée que via un accord de sous-licence signé avec la chaîne beIN Sports, qui est, elle, sous contrat avec la LFP. Le temps presse en effet pour les clubs, destinataires de cette manne télévisuelle : puisqu’il va falloir noter qu’après le 31 janvier, la diffusion des matches de Mediapro n’est pas assurée. Ce qui signifie que l’accord de retrait signé par la LFP et Mediapro prévoit que Téléfoot, la chaîne du groupe sino-espagnol, ne poursuive la diffusion que jusqu’au 31 janvier au plus tard. Qu’en serait-il des matches diffusés par Canal+ ? On notera que leurs paiements ont été réglés jusqu’au 5 février, laissant craindre une suspension de paiements à cette date si Canal+ va au bout de son analyse, rappelle CBNews qui ajoute que les clubs, déjà privés de recettes de billetterie par la crise sanitaire, feraient alors face à des pertes plus drastiques encore, alors qu’ils ont, en parallèle, lancé des négociations en vue de baisser les salaires des joueurs. Synthèse de
H. Hichem