Dépréciation du dinar, incidences inflationnistes et risque de vives tensions sociales en 2021

Pour un sursaut national face à la léthargie de l’économie

L’année 2021 est l’année de tous les dangers, de vives tensions sociales qui risquent d’avoir un impact sécuritaire, avec l’accélération du processus inflationniste qui induira la détérioration du pouvoir d’achat de la majorité de la population algérienne avec une économie en léthargie, une incohérence de la politique socio économique. et des discours de certains responsables déconnectés de la réalité qui croient vendre des utopies.

A un niveau de 10/15 milliards de dollars, sans dynamisation de l’appareil productif, la banque d’Algérie serait contrainte de dévaluer le dinar à plus de 200/220 dinars un euro début 2022 avec un cours sur le marché parallèle d’environ 300 dinars un euro. Cela induira forcément, combiné avec la dévaluation du dinar une inflation importante pour tous les produits importés biens de consommation, biens intermédiaires et équipements, l’ONS. Ainsi le prix des légumes secs importés, des pièces de voitures, les ordinateurs et les composants depuis début janvier 2021 ont connu une hausse entre 20/40% selon les produits. Pour les importations de voitures, si on achète à 100 euros arrivé au port d’Alger, le prix sera multiplié par 160/170 dinars un euro , plus les droits et taxes appliqués à la partie dinar plus la marge du concessionnaire, donc un prix au consommateur très élevé et qui sera fonction de la marque et du gabarit et de la structuration du pouvoir d’achat . Ainsi, malgré les subventions de certains produits, la majorité des produits connaissent une hausse vertigineuse ayant un impact sur le pouvoir d’achat des Algériens. Car, s’agissant d’un problème aussi complexe que celui de l’inflation, il me semble utile de préciser qu’une analyse objective doit tenir compte de la structure et des particularités de l’économie à laquelle ils sont appliqués, les aspects de structures de l’économie internationale, de l’économie interne, résultant de l’option de la stratégie de développement économique, aux schémas de consommation générés en son sein pour des raisons historiques, d’influences socioculturelles et aux composantes des différentes forces sociales pour s’approprier une fraction du revenu national. L’indice global de l’inflation doit être régulièrement réactualisé car le besoin est historiquement daté, les besoins évoluant, cet indice étant, biaisé, devant l’éclater par produits selon le modèle de consommation par couches sociales (fonction de la stratification du revenu national) et surcroît comprimé artificiellement par les subventions sinon il dépasserait les 10%. La perception de l’inflation est différente d’une personne qui perçoit 200 euros par mois de celle qui perçoit 5.000 euros ou plus n’ayant pas le même modèle de consommation. Un agrégat global comme le revenu national par tête d’habitant peut voiler d’importantes disparités entre les différentes couches sociales. Aussi, une interrogation s’impose : comment est-ce qu’un Algérien, qui vit au SNMG, (moins de 200 euros par mois fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation surtout actuellement avec des centaiens de plusieurs millions d’emplois menacés noitamment au niveau de certaines unités industrielles fonctionnant en sous capacités, du BTPH (plus de 1,9 millions d’emplois en 2019) et des services dont l’hotellerie , restaurants, cafés ect….Le travail au noir (sphère informelle) de certaines catégories de fonctionnaires à faiblesrevenus, de la sphère réelle après les heures de travail, parfois la petite corruption pour servives rendus de ceux qui détiennent certains segment de pouvoir économique au niveau local, ne parlons pas de la grande corruption relatée chaque jour par la presse antionale qui touchent certaines sphères des hautes strucctures de l’Etat, corruption socialisée qui menace la sécurité nationale, la cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les subventions et transferts sociaux mal ciblées et mal gérés jouent temporairement comme redisbution indirecte du revenu national et comme tampon social. L’inflation joue comme vecteur de redistribution et de concentration du revenu national au profit des revenus variables et pénalise les revenus fixes. Nous sommes dans un cercle vicieux : l’inflation accélère les revendications sociales pour une augmentation des salaires qui à leur tour en cas de non productivité accélère l’inflation( allez visiter les banques ou de nombreuses femmes hypothèquent leur or pour subvenir aux besoins de leurs familles). Comme la détérioration du pouvoir d’achat accroît soit l’endettement des ménages ou accélère la déthésaurisation des ménages notamment les couches moyennes qui se paupérisent en la mettant en circulation leur épargne, ils gonflent la masse monétaire en circulation accélérant, en cas de rigidité de l’offre, le processus inflationniste. Lorsque l’Etat a les moyens financiers, l’importation de produits subventionnés joue comme tampon transitoire. Qu’en sera t-il avec l’éclatement de la cellule familiale et en cas de chute du cours des hydrocarbures ne pouvant plus subventionner, un couple avec deux enfants devant percevoir minimum entre 50.000/60.000 dinars/mois net pour uniquement substituer sans paiement de loyers, ni voitures, ni téléphone ? Or le besoin en ce XXIème siècle, ne saurait se limiter aux biens alimentaires essentiels. Le processus inflationniste est amplifié par les tendances monopolistiques tant au niveau commerce extérieur qu’au niveau interne où les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, la marge commerciale pouvant représenter 2 à 3 fois le prix de production (surtout dans le domaine agricole), ce qui ne peut que décourager le producteur immédiat et l’orienter vers des activités spéculatives. Ainsi, la politique bureaucratique autoritaire d’encadrement des prix s’avère d’une efficacité limitée, sinon il faudrait des milliers de contrôleurs, ne résolvant d’ailleurs pas le problème dans la mesure où le contrôle des prix repose sur le détaillant qui ne fait souvent que répercuter ces surcoûts de distribution alors que s’impose un nouveau système de régulation transparent..

En résumé, l’Algérie, pays à fortes potentialités, est à la croisée, n’ayant pas besoin de louanges de la part de certains responsables , même comportements que par le passé où on idolâtrait un tableau, mais des résultats sur le terrain, étant confrontée à des défis importants surmontables , entre 2021/2030, posés par les enjeux géostratégiques, les politiques hasardeuses du passé, mais depuis le début 2020, un impact mitigé de l’action gouvernementale mis en relief par le président de la république. L’urgence est de mettre fin au manque de visibilité et une organisation institutionnelle ministérielle pléthorique (41 ministres dont certains se contredisent), ce qui réduit l’efficacité et la cohérence, des institutions en berne comme la cour des comptes, le conseil national de l’énergie, le conseil national de la concurrence, le conseil économique et social et en plus frappé par l’épidémie du coronavirus qui paralyse l’économie. Les défis futurs, pour se projeter sur l’avenir, impose une nouvelle gouvernance reposant sur plus de MORALE afin de rétablir la confiance , de s’éloigner des aléas de la mentalité rentière, de réhabiliter le travail et l’intelligence, de rassembler tous ses enfants, évitant la division sur des sujets secondaires, tout en respectant toutes les sensibilités, par un discours de tolérance. Il y va de la sécurité nationale. 
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul