«Le marché informel entrave le développement de la Bourse d’Alger», regrette Benmihoub

Création d’un marché dédié aux starts-up, bientôt

La Bourse d’Alger reste engluée depuis des décennies dans des problèmes de gouvernance et dans une spirale négative constante. Désormais, le Gouvernement compte renverser cette tendance et rafraîchir le rôle de la Bourse d’Alger en incitant les entreprises à se faire coter en bourse et lutter contre l’informel.

La réorganisation et la redynamisation de la Bourse d’Alger est plus que nécessaire pour pouvoir évaluer véritablement la croissance du pays et son développement. Vingt ans après sa création (2005) la Bourse d’Alger ne compte que 5 valeurs cotées (450 millions de dollars), mise à mal principalement par le marché informel, mais aussi par les défaillances techniques et réglementaires. L’Etat souhaite, désormais, lever les contraintes et donner un nouvel élan aux marchés financiers ou des capitaux dans l’objectif de soutenir le lien entre le bénéfice et les cours sur le marché, actuellement déboussolé par la double crise sanitaire de la Covid-19 et financière. Pour ce faire, le Gouvernement a suggéré, entre autres, la recapitalisation des sociétés publiques en crise via la Bourse. D’une pierre deux coups, mettre un terme au problème de liquidité et sauver les entreprises publiques déficitaires de la faillite. Cette option ou ce principe s’impose sur le marché actuel, selon le Directeur général de la Bourse d’Alger, Yazid Benmihoub, convaincu du rôle primordial de la Bourse d’Alger dans l’économie contemporaine (numérique), ainsi veiller au respect des règles de son fonctionnement et à la transparence dans les marchés financiers. Tout ce «potentiel financier est entravé par le marché parallèle», a-t-il déploré, en évoquant l’existence d’«une grosse zone d’ombre qui est le marché informel et beaucoup d’acteurs trouvent leurs comptes dedans et évitent d’aller au marché formel». Pour mettre un terme à ce phénomène, le Dg de la Bourse d’Alger a suggéré d’assécher graduellement le «cash» dans le secteur informel, en allant vers la digitalisation du secteur économique et les transactions financières. Pour ce faire, il faut d’emblée proposer des mesures d’accompagnement à l’instar des allègements fiscaux en faveur des entreprises affichant la volonté de s’introduire en Bourse». Pour l’invité de l’émission «L’Invité de la Rédaction», de la radio nationale Chaîne III, la Bourse d’Alger sera un «amortisseur» du choc de la crise financière engendrée par la déprime économique des marchés qui dévissent à tous les niveaux. Cette expérience permettra aux entreprises d’évaluer leur performance, mais aussi l’impact de leur cotation boursière qui demeure une perspective plus qu’une contrainte en ces temps de crise marquée par la faiblesse du degré du développement et de la croissance économique nationale. Le Dg de la Bourse d’Alger a reconnu que le marché algérien peut se montrer attirant pour les opérateurs économiques, mais il semble que les conditions d’introduction en Bourse contraignent de plus en plus les investisseurs, expliquant que «le système de financement national est axé sur les banques qui financent plus de 90 % de besoins». Il a voulu rassurer les entreprises quant à l’importance de la Bourse dans l’accroissement de son capital, mais aussi dans la croissance économique nationale, tenant compte de la situation actuelle du marché financier et économique du pays, assurant qu’«aujourd’hui avec la baisse drastique de liquidité et la raréfaction des ressources financières, la Bourse s’impose comme moyen important de financement». «La Bourse d’Alger est au même niveau de concurrence dans le financement des entreprises avec le secteur bancaire et la Bourse d’Alger pourra jouer un rôle important dans le contexte économique actuel, caractérisé par la pandémie de la Covid-19», a-t-il ajouté. La privatisation partielle de certaines entreprises publiques décidée récemment par le Gouvernement est présentée comme une alternative de financement de ces sociétés. Ainsi gagner en performance et en valeur. Ce qui n’est pas évident et nécessite des conditions et du flair. Revenant aux propos, du ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, il a affirmé, à ce sujet, que «la meilleure option d’ouverture de capital serait à travers la Bourse pour permettre aux épargnants algériens de refinancer le tissu industriel national réduisant ainsi le recours au Trésor public». Un point de vue que partage M. Benmihoub qui souhaite voir la Bourse d’Alger opérationnelle et des entreprises plus interactives. Il a évoqué, d’ailleurs, le rôle de la Bourse d’Alger dans le financement des starts-up, annonçant «un projet de création d’un marché dédié, exclusivement, à ce type d’entreprises avec certaines conditions», rappelant, au passage, l’existence d’«un marché dédié à la PME au niveau de sa structure».
Samira Takharboucht