Les galeries oranaises à l’ère de la pandémie de la Covid-19

Football

Loin de l’ambiance des gradins, Covid-19 oblige, les supporters à Oran s’occupent comme ils le peuvent, redoublant de créativité et d’ingéniosité pour soutenir leurs clubs à l’ère de la pandémie.

Même si le président de la Fédération algérienne de football, Kheïreddine Zetchi, a écarté il y a quelques jours l’idée d’un retour du public dans les stades en raison du coronavirus, soulignant que la saison 2020-2021 allait se poursuivre à huis clos, les supporters oranais continuent d’affûter l’arsenal de fête. Les inconditionnels du Mouloudia d’Oran surtout s’évertuent ainsi à confectionner les tifos, composer des chansonnettes et aiguiser les instruments de fête. «Ultras Red Castle» forme une catégorie particulière de supporters de différents quartiers et communes de la wilaya d’Oran pour soutenir le club phare de l’Ouest du pays. Cette formation compte plus de 5 000 fans qui redoublent de créativité dans la confection de tifos et la composition de chansonnettes pour égayer la galerie mouloudéenne. Les chorégraphies, chants et tifos sont des éléments essentiels dans les fêtes footballistiques, s’accordent à dire ces fans, dont l’attachement passionné au football les rend indispensables dans les arènes du stade, déplorant le déroulement forcé des matches à huis clos. Durant la fermeture des stades et ensuite leur réouverture sans spectateurs à cause de la pandémie de Covid-19, le groupe «Ultras Red Castle», créé en 2011 à Oran, constitue un espace d’expression sportive où l’on peut surtout commenter les prestations du MCO et reproduire des chansonnettes dont «Mouloudia tarikhek jamais yetfassa» (Mouloudia, ton histoire ne peut jamais s’effacer), «Mouloudia lil mamet mazal maaha li sar yessir» (Mouloudia jusqu’à la mort, avec elle quoiqu’il en soit) et «Nmout aalik yal Hamri» (Je t’aime à mourir ô Hamri). Les tifos confectionnés, et qui n’attendent qu’à être déployés dans le stade, ne manquent pas d’éclat, faisant dévoiler de véritables prouesses artistiques, techniques et de coordination. Un art qui prend de l’ampleur et du punch au milieu des galeries de supporters.

Déplacement à outrance
Le chef du groupe «Ultras Red Castle», Mohamed El Amine, surnommé «Capo», un quadragénaire, œuvre à entretenir le contact sur Facebook et mobile en diffusant régulièrement des messages. «L’appartenance à ce groupe commence par un engagement, de plus en plus grandissant, pour porter le club de football et une volonté sans cesse de lui exprimer le plus fortement possible son attachement et son dévouement, se tenant toujours prêt à dépenser son argent et son temps pour assister à ses rencontres, quel qu’en soit le lieu», a-t-il souligné. «Ultras d’El Hamri» est un autre groupe de supporters relativement structuré par la force des choses, à telle point que ses éléments sont en continuel contact et à l’écoute de toute information, nouveauté… concernant la vie du club chéri. A titre illustratif, ils se sont prononcés dernièrement contre la peinture des portes du stade Ahmed-Zabana en bleu, trouvant que cette couleur ne convient pas au Mouloudia «Rouge et Blanc», a-t-on fait savoir. Mieux encore, ils ont tenu à célébrer le 31 décembre dernier à travers le boulevard de l’Armée de libération nationale (ex-Bd Front de mer), dans une ambiance timide à cause du protocole sanitaire de prévention contre la pandémie de Covid-19, le 74e anniversaire de la fondation du MC Oran. La galerie des fans mouloudéens ne se limite pas aux seuls membres des groupes sus-cités, connus pour leurs activités dans les gradins les jours de matches et les tifos qu’ils déploient. Les inconditionnels se reconnaissent partout à travers les quartiers d’El-Bahia, notamment à El-Hamri, El-Makkari (ex-Saint-Eugène et précisément à la rue Maupas), à El-Othmania (ex-Maraval), à Sidi El-Houari et El-Yasmine. A un degré moindre, l’ASM Oran garde encore des supporters fidèles dont de vieux nostalgiques dans l’attente d’un retour de la «Medersa» parmi l’élite du football algérien. Languissant pendant plusieurs années dans le purgatoire de la seconde division, «El-Djamiia El-Wahrania» peut encore compter sur ses inconditionnels qui continuent à la soutenir, en dépit de l’accession à la portée de main qui s’est envolée la saison dernière. Le moindre sursaut des «Vert et Blanc» ravivera la flamme d’une galerie fidèle qui a longtemps porté le deuxième club phare de la capitale de l’Ouest algérien, réputé «pépinière de talents».
R. S.