Une vie consacrée à la musique

Décès de Cheikh Namous, doyen des musiciens

Le doyen des musiciens algérien, Cheikh Namous, célèbre pour son jeu au banjo et au guember, est décédé dans la nuit de lundi à mardi à Alger à l’âge de 100 ans, a-t-on appris auprès de ses proches.

Il aura consacré sa vie à la musique et à la formation, il a accompagné les plus grandes figures de la musique châabi, dont Hadj Mhamed El Anka dans les années 1940, et connu pour faire partie des premiers musiciens de banjo dans les orchestres algériens. Né dans la haute Casbah le 14 mai 1920, Mohamed Rachidi de son vrai nom, avait obtenu son certificat d’études en 1933 et enchaîne des emplois de livreur, de receveur de bus ou encore de bagagiste. Avec son premier banjo, il intègre sa première formation musicale dirigée par Abderrahmane Sridek avant que le cardinal ne lui fasse une place dans son orchestre. El Hadj Mhamed El Anka dans sa recherche de l’harmonie instrumentale absolue, s’était aperçu que les sons du banjo et du mandole étaient faits pour s’entendre, il aura été parmi les premiers à inclure, à travers Cheikh Namous, cet instrument dans son orchestre dès 1941. Sur son parcours il aura côtoyé des artistes comme El Hadj M’rizek, El Hadj Menouer, Cheikh Marokène, ou encore Cheikh El Kourd. Dans les années 1950, il aura intégré l’orchestre de la radio qu’il va diriger plus tard et accompagner des figures de la chanson algérienne comme Cherifa, Yamina, Djida, Djamila, Taleb Rabah, Abdiche Belaïd, Akli Yahiatène, Arab Ouzelague et bien d’autres. Il continue cependant à animer les fêtes familiales à la Casbah avec Moh Seghir Lâama. A l’indépendance, Namous se fera un plaisir de répondre aux sollicitations de Boudjemâa El Ankis, de Amar Laâchab de Dahmane El Harrachi ou encore El Hachemi Guerouabi. En 1978, il repasse à la télévision avec un vieux guember et replonge dans ses débuts musicaux avec cet instrument, il se consacre également à la formation en ouvrant une école de musique qui aura vu de nombreuses générations s’initier au châabi, au banjo et autres instruments. Lors d’un hommage qui lui avait été rendu en 2011 par l’association «Les amis de la rampe Arezki-Louni» il se disait «conforté de voir les efforts consentis par des générations pour le rayonnement de la culture algérienne servir de repères et de guide aux les jeunes générations pour la pérennisation de ce legs très riches».

Des artistes saluent un parcours artistique « singulier»
Des artistes ont salué le parcours artistique «singulier» de Mohamed Rachidi dit «Cheikh Namous», un virtuose du banjo, instrument typique de la musique chaâbi. La ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, a déploré dans un message de condoléances, la perte d’un « artiste mémoire » qui a côtoyé et accompagné de grands noms de l’art algérien qu’il a longtemps servi. Abdelkader Bendamèche, artiste et biographe, regrette la perte d’un musicien «témoin du siècle» qui a accompagné des artistes dans leurs premiers pas, devenus par la suite de grands noms de la musique algérienne. Pour sa part, le chef d’orchestre et directeur de l’Institut supérieur de musique (Insm), Abdelkader Bouazzara, a qualifié de «grande perte» le décès de Cheikh Namous, pionnier de la musique chaâbi qu’il a marquée de son empreinte « avec son instrument préféré et typique de l’orchestre chaâbi, le banjo. Décrit comme un homme « affable et souriant», Cheikh Namous était l’accompagnateur «préféré» de tous les artistes notamment El Hadj M’hamed El Anka, maître de la chanson Chaâbi, El Hachemi Guerouabi, Boudjemâa El Ankis ou encore Dahmane El Harrachi. Ils ont tous sollicité les services de ce virtuose du banjo, témoigne M.Bendamèche, actuellement directeur de l’Agence algérienne du rayonnement culturel (Aarc). Le chanteur de Chaâbi, Abdelkader Chaou, lui aussi, pleure la perte d’un un grand musicien, doyen de la musique algérienne, alors que Abderrahmane El Koubi, a qualifié la disparition de Cheikh Namous de «grande perte» pour la musique chaabie qu’il a servi durant toute sa longue carrière de musicien.
R.C.