Eviter les pratiques du passé par une nouvelle gouvernance

Face aux nouvelles mutations géostratégiques mondiales

Du fait de la mentalité rentière de certains responsables, face aux nouveaux enjeux mondiaux et aux tensions internes budgétaires et sociales s’impose un discours de vérité, loin de la démagogie et un renouveau culturel.

Or, combien de fois nous n’avons pas attiré l’attention depuis de longues années sur les dérives de la politique économique mais avons-nous été écoutés ((voir www.google.com 1980/2020)? Un certain sondage réalisé par un illustre inconnu, un algérien de surcroît, et non une personnalité étrangère indépendante de l’Université de Princeton affirme que 60% des algériens sont contents de leur gouvernement : sur quelles bases a été réalisé ce sondage et par qui il a été commandé ? Cela nous rappelle les pratiques des années passées où on payait à cout de centaines de milliers de dollars des pages de publicité auprès de ces grands médias internationaux, qui par la suite critiquaient le contenu avec ce message clair, vous ne pouvez pas nous acheter avec votre argent et la publicité payant n’engage pas l’éditorial.
Ce soi-disant sondage va à contrecourant du constat de la majorité des institutions internationales et de la remontrance du président de la République avant son départ en Allemagne, en présence des plus hautes autorités du pays, vis-à-vis du résultat mitigé du gouvernement certainement après des rapports sérieux des services de sécurité. Souhaitons que d’importantes décisions soient dans un proche avenir au profit exclusif du devenir de l’Algérie afin d’éviter les pratiques du passé. Les scandales financiers mis en plein jour, ayant existé par le passé mais de moindres dimensions, relatés ces dernières années montrent clairement que certains dirigeants n’étaient pas mus par les intérêts supérieurs du pays. Les dernières nouvelles en date du 10 janvier 2021, d’un ex premier ministre ayant présidé aux destinées du pays pendant près de 20 ans se livraient à la vente de lingots d’or sur le marché noir et au moment de tensions budgétaires, un ministre du gouvernement actuel, celui des transports avec le PDG d’Air Algérie contactaient des marchés en devises douteux, ces dernières affaires ont amplifié une névrose collective auprès de l’immense majorité de la population confrontée à la dure réalité quotidienne, ne voyant pas le bout du tunnel du fait du manque de visibilité et de cohérence de la politique socio-économique.
Or sans un retour à la confiance et la moralité » des dirigeants, cette société anémique comme l’a mis en relief le grand sociologue maghrébin Ibn Khaldoun, il est illusoire de parler de développement et d’un Front intérieur poudrant indispensable en faveur des reformes qui seront douloureuses à court terme mais porteuses d’espoir à moyen terme. Certes les réformes politises sont indispensables mais négliger l’économique conduira inévitablement au retour au FMI courant 2022 avec d’importantes incidences politiques, économiques, sociales et sécuritaires. C’est que l’impact de l’épidémie du coronavirus préfigure d’importantes mutations géostratégiques mondiales, politiques, économiques, sociales et sécuritaires où le monde ne sera plus jamais comme avant. Mais cette épidémie n’est rien face aux impacts du réchauffement climatique qui risque de bouleverser toute la planète avec la guerre pour l’eau donc posant le problème de la sécurité alimentaire, et la nécessaire adaptation à la transition numérique et énergétique. Devant distinguer le court terme du moyen et long terme, tactiques et stratégie, sans vision stratégique, les hydrocarbures seront encore pour longtemps la principale entrée de devises du pays.
D’où l’ urgence du redressement de l’économie nationale âr un renouveau de la gouvernance avec une réorganisation institutionnelle qui doit s’insérer dans le cadre d’objectifs stratégiques précis ne pouvant avoir trois départements ministériels – PMI/PME, industrie- mines- deux ministères l’un de l’Energie et celui de la transition énergétique, avec en plus un commissariat , avec la léthargie du Conseil National de l’Energie seul habilité à tracer la politique énergétique, étant une aberration, devant coupler le commerce avec celui des finances, un grand ministère de l’éducation nationale regroupant l’enseignement supérieur, la formation professionnelle et celui du primaire au secondaire, autant d’ailleurs que la création de 41 ministères pour satisfaire des clientèles, dont certains responsables se contredisent chaque jour.
Aussi, par un langage de la vérité, loin de toute sinistrose, et autosatisfaction destructrice à laquelle la population algérienne ne croit ne plus, l’Algérie, pays à fortes potentialités et acteur stratégique de la stabilité du bassin méditerranéen et du continent Afrique a besoin d’ un renouveau culturel loin de la mentalité rentière, une lutte contre, la corruption passible du code pénal à ne pas confondre avec acte de gestion, en bref de la refonte du système politique et socio-économique. Pourtant en ce mois de janvier 2021, malgré les discours de sinistrose, l’Algérie est encore debout grâce aux patriotes honnêtes qui constituent l’immense majorité des travailleurs et des cadres dirigeants, devant éviter les errements du passé en ces moments de hautes tensions géostratégiques, financières et sociales avec le retour de l’inflation en 2021 que l’on ne combat pas avec des slogans ou des décrets, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul