Le Cnes défend la libéralisation de l’économie et de la société !

La dévaluation graduelle du dinar est nécessaire selon Réda Tire

L’Etat est poussé chaque jour un peu plus vers le libéralisme. Toutes les réformes et recommandations de sorties de crise formulées par des économistes, financiers et organisations de réflexion ou de consultation sont d’inspiration libérales.

Les réflexions incarnent davantage la dynamique des libertés économiques, concurrentielles. Gravement affectée par la double crise sanitaire et économique, l’Algérie est contrainte depuis le début de l’année 2020 de prendre des mesures austères afin de préserver sa stabilité sociale et mettre sous cloche son économie. Cependant, la situation financière du pays est de plus en plus inconfortable avec la hausse des dépenses, la chute des revenus (crise pétrolière) et surtout la régression de tous les indicateurs macroéconomiques tirés vers le bas par le manque de perspectives. Certains économistes n’hésitent d’ailleurs pas à pointer le secteur public comme étant le maillon faible de la chaîne du développement économique du pays. Un frein. Une vision que partagent pratiquement tous les experts, analystes financiers et économistes qui tentent de trouver des solutions ou alternatives à cette situation (impasse). Le président du Conseil national économique, social et environnemental (Cnes), Reda Tire, s’est exprimé longuement sur la situation. Clair et précis dans ses réponses à la question sur la restructuration du secteur public marchand qui, selon lui, nécessite une remise à plat pour permettre de rebâtir de nouvelles structures plus solides et rentables. «Nous avons recommandé au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, la création d’une Agence publique des participations de l’Etat dans en vue de réorganiser et reconfigurer le secteur public marchand», a-t-il indiqué, lors de son passage hier sur les ondes de la radio nationale, expliquant que «cette Agence procédera à des audits organisationnels et économiques ou engineering financier qui déterminent l’état de santé des entreprises publiques». Suite à ces études ou analyses qui devront classer et identifier les entreprises publiques par niveau de performance. En se référant à ce rapport, les pouvoirs publics décideront de soutenir ou de fermer si nécessaire les entreprises qui ne génèrent pas de gain, les recapitaliser ou les «privatiser». C’est l’une des solutions proposée par le président du Cnes, affirmant que «l’Etat ne doit plus soutenir financièrement les entreprises qui génèrent des bénéfices artificiels ou budgétivores», réitérant l’impératif d’«opérer un réaménagement institutionnel et managérial du secteur public et aller si nécessaire vers la liquidation ou la privatisation des entreprises publiques en difficultés selon leur performance qui sera évaluée par un audit organisationnel et économique ou par un engineering financier», a-t-il déclaré affirmant qu’«avec le recul de 4,7 % de la production pétrolière, l’Algérie n’a aucune issue en dehors du secteur privé». L’intervenant a défendu ouvertement le rôle prépondérant du secteur privé dans la croissance du pays et la libéralisation de l’économie nationale. Pour lui, agir pour l’entrepreneuriat privé et accorder plus d’avantages et de soutiens financiers aux investisseurs privés est aussi fondamental pour libérer les perspectives, l’investissement et opter pour la logique de financiarisation pour accroître le capital social des entreprises. Aussi assainir et réglementer le climat des affaires. Il suggère en effet d’accélérer la transition vers l’économie marchande, en développant en parallèle, tout ce qui a trait à la politique publique ou services sociaux. A ce propos, il a préconisé la mise en ligne ou la publication de toutes les données macroéconomiques et microéconomiques de la nation sur un portail électronique, qui sera baptisé «Tahat». Toutes les informations ou investigations permettront, selon lui, de développer de nouvelle vision sur les politiques publiques ou services sociaux, mais aussi sur l’investissement privé qui «doit être tiré dorénavant par le secteur privé afin de créer plus de valeur dans l’économie nationale», a-t-il soutenu, ajoutant que «ce secteur a réalisé à lui seul 2,6% de croissance. Ce secteur nécessite pour se développer du foncier, des aides et le financement. Il ne profite qu’à hauteur de 48% du financement public assurés à 80% par les banques publiques ce qui les expose à des risques multiples en matière de solvabilité et de solidité financière», a-t-il défendu. Le président du Cnes s’est exprimé, entre autres, sur plusieurs autres sujets liés à l’actualité économique, social et sur leur mission. Cette institution consultative devra soumettre au Président Tebboune un rapport exhaustif sur la situation économique du pays et sur l’état de la nation qui comporte une évaluation des 10 dernières années et également des rapports de conjoncture semestrielle.
Samira Takharboucht