Annaba, immense bidonville

Travaux publics

Comment peut-on parler de prise en charge des zones d’ombre et amélioration du quotidien des populations en termes de travaux publics dans les régions d’Algérie alors que les enveloppes financières sont pratiquement vides. Annaba chef-lieu de wilaya en donne une parfaite illustration. La ville que chacun qualifiait de coquette s’est transformée en un immense bidonville.

L’exemple de la situation de faillite socioéconomique est visible chaque jour un peu plus. Cela fait des années que les projets en relation avec l’amélioration du quotidien des habitants sont gelés ou livrés à l’abandon. Aujourd’hui, les membres de l’exécutif et les élus méconnaissant totalement le sens de l’urbanisme ne s’affichent que lors des réunions sans lendemain. Ils le font généralement pour papoter sur des dossiers aux pages usées aux contenus maintes fois traités et aussitôt livrés à l’abandon. Faute de budget, les visites de terrain sont rares. Elles se limitent souvent le temps d’une matinée, voire après-midi à une randonnée. La finalité est de calmer l’‘impatience des citoyens dont le seul souci est l’attribution d’un logement social. C’est-à-dire à la mesure d’un projet datant de plusieurs années autours duquel les décideurs locaux ont puisé abondamment. Faute de budget clairement annoncé, les membres de l‘exécutif ne sont plus en mesure de faire des projections et encore moins contribuer à solutionner le moindre projet socioéconomique. D’où cette impression que le wali, ses proches collaborateurs et les élus font dans la gesticulation car dans l’incapacité de solutionner un quelconque problème. Tel celui de la circulation routière. Pour les automobilistes comme pour les agents de l’ordre, cet aspect est quotidiennement une véritable torture. Comme transporter des voyageurs ou être ambulancier le temps des heures de pointe qui reste à résoudre. Ceci est perceptible, tous les jours. Même durant les week‐ends, le calvaire continu. En fait, des milliers d’automobilistes qui tentent, chacun à sa façon, d’éviter le stress du volant sont confrontés. Ces derniers mois, conduire, est loin d’être une partie de plaisir.
Il suffit de voir le long collège de files indiennes de voitures qui envahissent les axes routiers, créant un véritable cirque où toutes les acrobaties sont envisagées pour gagner quelques minutes. Le cas de plusieurs sites ou ronds-points sont édifiants. Ils empoisonnent la vie des conducteurs qui ne savent plus quoi faire pour éviter le temps perdu sur les routes. Comme l’accident survenu à l’intérieur du port qui a fait deux blessés assez graves et l’anarchie dans la circulation urbaine durant toute une journée en sont les conséquences. Cinq ans de prison ferme pour le conducteur de la grue, deux autres pour son aide, avec une amende de respectivement 3 et 5 millions de DA, d’autres peines de prison pour deux agents de l’ordre et deux douaniers ont ponctué le constat. Nombreux sont les embouteillages qui asphyxient la ville et les automobilistes. Ces derniers sont coincés dans d’interminables bouchons. Datant de plusieurs années, les obstacles rythment le quotidien des villes. C’est le cas aussi des différents et nombreux ronds-points dont les travaux de réalisation sont suspendus depuis plus d’une décennie. Ils devaient servir à règlementer la circulation routière. Notamment celles reliant les axes névralgiques Université El Hadjar, complexe sidérurgique El Hadjar-Annaba, université El Bouni Marché d’intérêts communs, Pont-Blanc via Rizi Amor, Ibn Rochd et El M’ Haffeur. Au début des années 2010, l’on avait cru en ces projets et bien d’autres. Toutes ces infrastructures étaient à la charge de la direction des travaux publics d’Annaba. Courant les années 2010, celle-ci avait réussi à décrocher des enveloppes financières pour globalement l’équivalent de 2 milliards DA. Tout aussi inscrite sur le compte de la DTP, une gare routière, une aérogare, une gare maritime et un centre anti-cancer. Aucune de ces infrastructures n’a vu le jour plus d’une décennie après. Beaucoup d’autres sensées être suivies par leur ministère de tutelle jusqu’à l’achèvement de la totalité des travaux, leur inauguration et mise en service nesont pas sortis de terre. Le reste sous forme de bidonville ne risque pas de démarrer à courts ou moyens termes du fait de l’épuisement des moyens financiers prévus. D’autres projets étaient inscrits dans les perspectives à entreprendre à courts termes.
L’on est finalement arrivé à la conclusion que les deux contraintes soulignées à chaque fois et jamais solutionnées étaient liées au retard mis au non-respect des délais de réalisation. Aujourd’hui, le temps n’est plus au constat largement dépassé du fait de l’indisponibilité des moyens financiers. Le scandale du projet de l’autoroute Est-Ouest et la corruption qui y a sévit offre l’image de ce qu’a été ce secteur des travaux publics durant des décennies dans la wilaya d’Annaba où pas une seule enveloppe financière n’a abouti là où elle aurait dû. C’est-à-dire sur le site d’implantation des nouveaux projets ou l’achèvement de nombreux autres. Combien de visites ministérielles s’étaient succédées sur les sites de réalisation de ces projets à Annaba et combien sont-ils à avoir été inaugurés ? En APN ou en APW comme au niveau des APC et autres structures de gestion compétentes, même en période de sécheresse, l’on s’accordait à avancer la sècheresse come facteur majeur de ces retards. Nul des élus d’Annaba n’y a mis le holà. En 2021, c’est le «Covid-19» qui est au rendez-vous. Depuis, quelle que soit la politique de gestion appliquée, c’est la descente dramatique en ce qui concerne les travaux publics. Le trafic d’influence qui sévissait sur les anciens dirigeants d’institutions de la république se poursuit toujours avec un réel impact négatif sur les communes où certains spécialistes des dilapidations de deniers publics activent toujours. Cinq années après, on est loin des petits délits et détournements de fonds, de corruption et de surfacturation des devis et travaux objets de bons de commandes. Entre temps, alors que nous entamons 2021, accompagnés du terrible Covid-19 et ses ravages et que nous avons besoin de routes carrossables pour évacuer nos malades, à Annaba des criminels costumés continuent de vider les coffres de l’Etat.

A. Djabali