16 à 18 milliards USD pour investir dans la pétrochimie

Sonatrach doit chercher de nouveaux partenaires investisseurs

L’Algérie est engagée, depuis des mois, dans une course contre la montre pour rentabiliser davantage son secteur pétrolier en crise, à travers le développement de la filière pétrochimique. Une activité qui s’impose de plus en plus, étant plus rentable que celle du raffinage.

«Si on veut concrétiser les projets de pétrochimie, il nous faut 16 à 18 milliards de dollars», a déclaré, hier, le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, lors de son passage sur les ondes de la radio nationale, affirmant, que «l’Algérie est à la recherche des investisseurs dans le domaine de la pétrochimie également». Le développement de cette filière permettra aussi de valoriser l’activité du raffinage et de limiter l’importation des carburants, d’ici 2024, selon les propos du ministre qui a mis l’accent sur l’importance de cette activité qui constitue un atout pour attirer et nouer de nouveaux partenariats durables et rentables. Le choix de développer la filière de la pétrochimie s’impose de manière croissante comme étant un atout industriel majeur qui favorise, également, l’émergence des micro-entreprises dans le domaine de la sous-traitance. Par conséquent génère de l’emploi et de la valeur ajoutée. Pour atteindre ses objectifs, l’Algérie se lance en quête de partenaires étrangers pour élargir son investissement dans le domaine énergétique. «L’investissement dans ce secteur sera encore favorisé par la nouvelle loi des hydrocarbures. La réduction de la fiscalité prévue dans la nouvelle loi, pour certains types de contrats participatifs, donnera à l’État une part de 56 à 80 % y compris Sonatrach», a répondu M. Attar à la question sur les nouvelles mesures fiscales et incitatives introduites dans ce texte de loi. Il a reconnu le retard accusé dans la promulgation des textes d’application, annonçant que «ces textes seront promulgués au cours de cette année», rappelant, à ce propos, que «32 textes parmi les 38 sont finalisés dont 30 sont au niveau du secrétariat du Gouvernement». Il est utile de rappeler que ces textes d’application sont indispensables surtout pour la relance de l’activité dans le secteur et la concrétisation de tous les projets de partenariat. Elle vise une réglementation stricte des relations de partenariat et à «garantir une part majoritaire de Sonatrach dans les partenariats, tout en permettant un partage plus favorable aux partenaires étrangers de l’exploitation et de la production». «Le sous-sol algérien recèle d’importantes ressources naturelles à découvrir», a indiqué M. Attar. «Plusieurs grands investisseurs sont présents depuis 2020 afin d’évaluer les opportunités des gisements et dans le domaine minier», a-t-il ajouté. Un secteur encore inexploité. Malgré les turbulences provoquées par la crise pétrolière et sanitaire de la Covid-19 qui ont plombé la production et la rentabilité de la Sonatrach, le ministre s’est dit confiant quant à la détermination de l’entreprise à prendre des résolutions pour se repositionner sur le marché national et international. «Sonatrach avait prévu 40 milliards de dollars d’investissement dans son plan quinquennal», a-t-il rappelé, précisant que désormais «pour trouver ces financements, le partenaire en investissement prendra les coûts de la recherche à hauteur de 100 % et Sonatrach n’est pas obligée de participer dans le développement des gisements qui vont être découverts». C’est l’occasion, selon lui, pour la compagnie de redéfinir ses priorités, à se recentrer sur ses métiers de bases et à créer des alliances pérennes en optimisant son organisation et sa gestion. Une fois de plus M. Attar ne mâche pas ses mots pour critiquer la gestion de la Sonatrach, qui, selon lui, «faisait tout et n’importe quoi et dispersait ses capacités financières et ses compétences managerielles». Ces dernières années, le bilan de l’entreprise est «décevant» car à force de se dévier de ses métiers de base «exploration, exploitation, production, transformation et commercialisation», la Sonatrach a «fini par donner plus d’importance aux choses futiles», a-t-il regretté. Néanmoins, il a rappelé, à l’entreprise «l’impératif de se focaliser sur le développement du partenariat afin d’avoir le maximum d’investissement en partenariat et surtout de se concentrer uniquement sur les métiers de base du groupe». Le ministre a fixé des lignes rouges que la compagnie ne devra pas dépasser. Pour lui, «la Sonatrach ne doit pas avoir de partenariat à Hassi Messaoud et Hassi R’Mel. Ce sont des bijoux de famille» a-t-il averti. Quant à l’abandon du projet de la raffinerie de Biskra, le ministre a déclaré que «l’Algérie n’a pas les capacités financières pour lancer de nouvelles raffineries», assurant que «dès que la raffinerie de Hassi Messaoud entre en activité en 2024, l’Algérie n’importera plus de carburants». Il espère, par ailleurs, rattraper le retard accusé dans le développement des énergies renouvelables et l’électrique.
Samira Takharboucht