La situation est catastrophique !

Boumerdès

L’Etat algérien doit faire respecter les lois qu’il a lui même édictées, et cela quelles qu’en soient les conséquences. Seul l’Etat doit dicter des décisions aussi difficiles soient-elles à prendre. Il doit faire preuve d’autorité afin que les lois soient justement respectées. Il doit avoir toute la latitude à intervenir au bon moment.

Pour cela la justice doit être juste, les institutions étatiques doivent être dignes de confiance et instaurer un climat de communication entre l’administrateur et les administrés. Qu’ils opposent ou divisent des peuples, des entreprises, des groupes sociaux, de quelque nature que ce soit, les conflits naissent presque toujours de l’incomprehension, de la méfiance, de l’incapacité à se mettre à la place des autres, au non- respect des lois, à l’excés de zèle, à certains dépassements de part et d’autre. Dans notre beau pays, il faut le dire sans risque de nous tromper que le fait que chacun «fasse ce qu’il veut», ou encore, pousse la charrue comme bon lui semble, pour en fin de compte déboucher sur les lois de la jungle, lorsque ces ingrédients sont réunis, il suffit d’une initiative maladroite, même si elle est bien intentionnée, d’un incident fortuit, voire d’un mot imprudent pour qu’un feu prenne sur lequel il y a toujours bien sûr de bonnes âmes pour souffler. Nous savons tous que personne n’est au-dessus de la loi, aussi chacun de nous a des droits et des devoirs envers la société, le citoyen se doit de respecter les lois, le policier ou le gendarme ne doit en aucun cas outrepasser ses prérogatives. Mais au fait, de quelles lois parlons-nous dans notre beau pays l’Algérie ? C’est incroyable mais aussi vrai pour dire que l’ époque où nous vivons est très dangereuse, la peur prend le dessus sur le citoyen étant donné que personne ne respecte personne et où tout marche de travers. L’insécurité et les dépassements sont monnaie courante, c’est vraiment intolérable, voire inadmissible ce pourrissement et ce laisser-aller qui prévaut de nos jours dans chacune de nos villes. L’ importante croissance des lois de la République comme phénomène social, culturel et économique s’impose à tous les citoyens, à tous les dirigeants et responsables politiques, à tous les commis de l’Etat, aux services d’ordre censés appliquer les lois. Les lois ont été érigées pour faire en sorte de moraliser l’être humain, pour son épanouissement, pour sa protection pour vivre une vie décente, et à restituer les droits légitimes pour tout un chacun, car en respectant les lois et en les appliquant convenablement, on peut contribuer à l’accomplissement des devoirs de l’homme à la qualité de la vie. Malheureusement, ce n’est pas le cas dans notre pays où l’injustice, la hogra, le favoritisme et la corruption sont de nos jours maîtres des lieux. Dans un passé récent, le défunt billetiste Boussad Abdiche, journaliste au quotidien El Moudjahid avait dit que «le tricot fait à la main est une entreprise qui demande du temps, de la patience et aussi de la précision, car il suffit qu’une maille lâche, qu’apparait un petit trou de la grosseur d’une tête d’épingle et qui grandit ensuite tellement vite qu’on finit par y passer le doigt, puis la main». Il en est de même pour n’importe quelle entreprise de n’importe quelle dimension, aussi petite soit-elle dans la conception, et c’est tout de suite un flot ininterrompu, et puis l’inondation. (Billet du 16 décembre 1985). C’est exactement ce qui se passe actuellement dans notre pays où certes la peur d’avant a disparu, mais cela rien n’empêche qu’un autre fléau s’offre à nous, celui de la hogra, des dépassements, des bévues policières, de la bureaucratie, du favoritisme. Il est vrai que les Algériens ont réussi à faire de ce beau pays, qui est notre mère patrie, un enfer invivable, et c’est affirmatif. Valons-nous vraiment quelque chose ou sommes-nous véritablement des Algériens qui ne valent rien ? Alors pourquoi durant le temps du parti unique, beaucoup d’injustices s’étaient déclarées, et c’est incompréhensibles, cette façon de raisonner puisque vous avez beau saisir les autorités locales, les responsables du gouvernement, ministère de l’Intérieur, ministère des Moudjahidines, les directions des services de sécurité, soyez-en sûr que personne ne vous répondra, vous avez beau crier à qui veut bien l’entendre que vous êtes sujet à une injustice, vos doléances resteront lettres mortes. Il y a des imperfections dans nos lois, ou serait-ce des excès de zèle de certains agents de l’ordre censé proteger le citoyen qui sont à l’origine des dépassements. Ce sont donc les personnages qui ne sont pas à la hauteur des institutions étatiques qu’il convient impérativement de changer si on veut mettre fin à l’injustice qui empoisonnent la vie du citoyen. A qui faut-il s’adresser lorsque vous êtes agressé par les représentants de la loi ? Que fait-on lorsqu’on est sujet à des dépassements et que personne ne daigne vous écouter, là on peut dire que l’Etat est absent, car sa responsabilité comme institution de sauvegarde est également engagée. C’est à l’ Etat, par le biais de son responsable, qu’incombe le droit d’assurer la sécurité des biens et des personnes. C’est à l’Etat de faire respecter les lois et d’accorder les droits à chaque individu, et pour cela, il faudrait que du sommet à la base, le responsable à chaque niveau, qu’il soit dans la police, dans la gendarmerie, dans la justice, dans n’importe quels secteurs étatiques, dans les douanes, dans les collectivités locales, chacun doit assumer convenablement sa mission. Les agents de l’ordre sont tenus par le respect de la loi, ils sont les premiers à qui incombe le respect de la loi et la préservation de la dignité des citoyens. Le principal rôle des agents de l’ordre est d’assurer la sécurité des personnes et des biens. De là, ils sont chargés du maintien de l’ordre régis par la République démocratique et populaire partout où le besoin se fait sentir. Lorsque le policier ou le gendarme applique convenablement dans le strict respect de la loi et sans excès de zèle un quelconque abus d’autorité, son travail sans toucher à la dignité du citoyen, tout va bien, et lorsque les premiers responsables, quelle que soit l’administration, font attentivement leur boulot avec assiduité et respect, il est tout à fait certain que tout marchera sur des roulettes. Aussi, combien de fois n’avons nous pas entendu des citoyens se plaindre : «J’ai écrit au wali pour demander une audience, et à ce jour, il n’a pas daigné me répondre. J’ai saisi le maire. J’ai transmis mon problème au Chef du gouvernement, mais depuis presque une année, je n’ai reçu aucune réponse. La bureaucratie, voilà le mal où il réside, et faire ce constat ne saurait dispenser les responsables à tous les niveaux de ne pas faire comme il se doit leur tâche pour laquelle ils sont payés, car effectivement, le grand mal est là, et pour cela, il suffit de se rendre dans n’importe quelle administration telle que l’APC, la daïra, le commissaria, la brigade de Gendarmerie, les institutions étatiques pour se rendre compte de l’accueil glacial qui vous est réservé. Il est tout à fait certain que beaucoup d’entre nous souffrent actuellement de cette passivité de l’Etat, le laisser-aller qui s’exprime en angoisse devant l’incertitude, la faiblesse du danger devant l’insécurité qui prend des proportions énormes, d’où la situation de naufrage. Alors comment expliquer aux responsables que de l’injustice vient la hogra, la violence, le non-respect des lois ? Pourquoi un tel constat amer qui n’honore en aucun cas les responsables à quel que niveau que ce soit de nos institutions étatiques ? Alors des questions s’imposent d’elles-mêmes : Qui faut-il blâmer ? L’institution algérienne ou ceux qui ont été désignés pour la diriger ? La réponse est claire et nette : les institutions sont indemnes de toutes critiques, ce sont les hommes censés la servir qui, toute honte bue, n’assument pas convenablement leurs tâches, leurs devoirs et les droits dans un ensemble de relations déterminées qui éliminent toute confusion, tout conflit ou tout échappatoire pour la promotion de l’intérêt commun. Chacun doit assumer ses responsabilités et prendre des décisions dans l’intérêt de tout un chacun, il doit combattre le laisser-aller, le laxisme et le gaspillage. La résponsabilité doit et ne peut s’exercer qu’en toute clarté. Chez nous, il est très difficile de prouver que vous avez raison car en cas d’excès de zéle, il trouvera toujours quelque chose pour se justifier, car au nom de leurs lois, tout est permis. L’abus d’autorité est synonyme d’excès, d’exagération à outrepasser certains droits. Plus largement, l’abus d’autorité dans un sens proche de l’abus de pouvoir est une contrainte morale exercée sur quelqu’un par une personne qui se sert de son autorité de fait ou de droit. L’abus d’autorité est l’acte d’un fonctionnaire ou d’une personne dépositaire de l’autorité publique qui outrepasse son autorité. L’ Etat de droit reviendra lorsqu’on aura éliminé ces contraintes. Il faut bannir la hogra, respecter la Constitution, instaurer une vraie justice, selon les lois de la République. Kouider Djouab