La wilaya n’a rien vu venir !

Bordj-Menaïel

La localité de Bordj-Menaïel qui, il n’y a pas si longtemps, était un havre de paix où le civisme et les bonnes manières étaient à l’honneur, offre aujourd’hui un visage hideux, indigne des hommes de culture et des aïeux qui étaient intransigeants sur le respect, l’éducation, l’hospitalité, l’accueil, sans oublier les chouhada qu’elle a vu naître. Bordj-Menaïel est devenue totalement méconnaissable.

La propreté, qui était le premier souci de ses habitants, n’a plus cours, et les natifs de la ville ne comprennent plus rien à ce brusque changement qui a vu leur ville se transformer en un immense dépotoir à ciel ouvert et où l’insécurité est maîtresse des lieux. Les autorités locales, bien que conscientes de cet état de fait, n’ont en aucun cas inscrit dans leurs programmes respectifs les solutions à apporter, telle, au moins, la prise en charge des doléances de la population. L’insécurité est devenue un problème ayant pris une ampleur inquiétante par la tournure prise par ses répercussions. La situation est alarmante et les pouvoirs publics doivent y mettre un terme au plus vite. Nul doute que cette situation d’insécurité qui a dépassé la cote d’alerte et connaît une évolution de plus en plus dangereuse. Qui sont-ils ces jeunes désœuvrés qui ont choisi la ville de Bordj-Menaïel pour commettre leurs méfaits ? Sont-ils originaires de la région ? Voilà des questions qui préoccupent au plus haut point les habitants de la ville de Bordj-Menaïel qui refusent le fait que leur progéniture soient taxée de «voyous» et d’«agresseurs». «Nos enfants n’ont rien à voir ni de près ni de loin avec les actes de banditisme », affirme un sexagénaire. «Que font les autorités publiques face à ce phénomène ? », ajoute un autre vieux attablé dans un café au niveau du centre-ville. Les citoyens de la ville de Bordj-Menaïel n’ont jamais oublié toute l’aide fournie par la population de Tizi-Ouzou, de Béjaïa, de Béni Ouertilane, d’Azzeffoune, de Tigzirt, d’Aokas, et de toutes les régions d’Algérie lors du séisme du 21 mai 2003, à titre d’exemple Mohamed Chérif Hannachi qui a mis son matériel (grue Poclain) à la disposition des autorités pour extraire des décombres les victimes», affirme un autre Ménaïli. c’était un grand homme. Si Bordj-Menaïel est une ville livrée à elle-même, la responsabilité revient en premier lieu à l’Etat. Le premier devoir de cette institution (l’Etat) n’est-il pas de garantir la sécurité des biens et des personnes ? C’est une obligation morale et juridique pour les pouvoirs publics à tous les niveaux, qui doivent agir promptement et efficacement contre les auteurs et les instigateurs de ce phénomène qui veulent salir les habitants de cette paisible et hospitalière «ville des Coquelicots». La société civile doit se prendre en charge. La société civile par le biais de l’Ansej de Bordj-Ménaïel a tenu une assemblée au niveau de la Maison de la culture pour discuter des problèmes socioéconomiques, sportifs et socioculturels, de l’anarchie, des mentalités rétrogrades, de l’insécurité, du laxisme et de l’indifférence qui favorisent la perpétuation d’une situation intolérable et à laquelle il doit être mis fin définitivement. A titre d’exemple, on citera l’incurie des autorités locales quant à la réfection du réseau routier, la collecte régulière des ordures ménagères, ainsi que l’entretien de l’éclairage public. L’Ansej, à laquelle revient l’initiative de ce projet devant regrouper toutes les associations agréées (au nombre de 140), les partis politiques et autres et à être à l’écoute des élus locaux et apporter une aide et une assistance au président de l’APC pour un éventuel changement du cadre de vie, et puisqu’on parle de changement. Dieu a dit dans un verset coranique : «Ce n’est pas Dieu qui change les mentalités, mais c’est aux hommes de vouloir le changement». Une ville livrée à elle-même dès la nuit tombée, l’autoroute sombre dans l’obscurité et il n’est pas conseillé de s’y aventurer. L éclairage public est défectueux alors que des sommes colossales ont été jetées pour électrifier l’autoroute. Aucun projet socioculturel n’a vu le jour depuis l’indépendance du pays, mis à part la salle omnisports Krim Belkacem qui ne profite pas aux enfants de la ville. Bordj-Menaïel qui a payé un lourd tribut durant la glorieuse Révolution de novembre 1954, a de tout temps été «omise» par les différents exécutifs qui se sont succédé, soit à la wilaya, soit à la daïra. Quand on sait que Bordj-Menaïel détient le triste record du taux de chômage le plus élevé du pays, on comprendra aisément le mal-être de nos jeunes qui sombrent dans la consommation de la drogue et autres psychotropes au vu et au su de tout le monde. La ville des Coquelicots n’est pas épargnée par ce fléau. Bien au contraire, elle est devenue la plaque tournante. Elle offre un visage indigne des hommes et des chouhada qu’elle a vu naître. Actuellement, chacun se proclame maître des lieux, chacun impose sa propre loi, une situation d’injustice. C’est le règne du non-droit, du laxisme, et l’anarchie prend place et empire. Nous ne faisons le procès de personne, mais force est de constater que les agressions à l’arme blanche, les cambriolages de magasins et d’appartements, le vol de véhicules augmentent Cela devient intenable Les lois de la République sont bafouées, laissant place à la loi de la Jungle. Personne ne respecte personne, le voisin ne prête aucune attention à son voisinage. Alors, de grâce, sortons de cette spirale et redonnons le look de jadis à cette charmante ville, rendons-lui sa tranquillité, sa sérénité, sa beauté sa propreté !

Kouider Djouab