Malgré le programme de réforme, le système bancaire national demeure en panne

Les entreprises face aux difficultés d’accès au crédit bancaire

La réforme bancaire annoncée depuis plusieurs mois par le Gouvernement n’a pas encore pointé le bout de son nez, après une année depuis sa constitution. Malgré les instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de mener des enquêtes en profondeur au niveau des banques, aucun résultat n’a encore été communiqué ou rendu public.

Ce travail d’inspection concernant particulièrement la distribution opaque des crédits bancaires avant l’année 2020 va moins loin que les transformations bancaires et douanières envisagées. Avant de s’envoler en Allemagne pour poursuivre des soins médicaux, il y a quelques semaines, le chef d’Etat a fait part, pour rappel, de son insatisfaction quant au rendement de son Gouvernement, lui rappelant ses objectifs et ses priorités. Il a qualifié le système bancaire de point noir qui entache le secteur financier, mettant en cause la gestion des risques bancaires en général et le risque de manque de liquidité négligé en faveur du risque des crédits et du marché depuis des années. Tout retard de mise en œuvre de la réforme bancaire, monétaire et du régime de change se répercute sur l’exécution et la réussite du plan de la relance économique (2020/2024) élaboré par le Gouvernement qui a centralisé son attention sur la lutte contre la bureaucratie dans les établissements financiers et la crise de liquidité.
Un point non négligeable. La persistance de cette situation risque de se généraliser et d’immobiliser le système bancaire et surtout conduire à une contagion de faillite au sein du ce secteur. Ce que craignent les opérateurs économiques et les organisations patronales qui ne cessent de réclamer depuis des mois l’accélération de la réforme bancaire et monétaire et d’apprendre des erreurs du passé. Dans le même temps, ils s’interrogent sur le financement des PME confrontées de plus en plus à une crise de trésorerie et sur la solvabilité de leur banque. D’où l’intérêt d’élargir les réseaux bancaires et de sortir du monopole des banques publiques qui entravent le développement du marché financier et économique du pays. Comme échappatoire possible à cette situation, l’Etat a proposé l’ouverture de banques privées en Algérie et des succursales à l’étranger. Cette annonce a été faite au mois de septembre dernier par le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, qui avait indiqué, à l’époque que cette initiative s’inscrit dans le cadre des réformes bancaires envisagées et «qui seront connues la semaine prochaine», précisant, que «son département avait évalué les besoins des opérateurs économiques en matière de financement, tout en souhaitant que ces opérateurs fassent l’expérience avec des banques publiques, à travers la création de banques conjointes dans les pays africains et voisins».
Cette annonce reste sans suite. Plusieurs autres dispositions inscrites dans le cadre de la réforme bancaire et financière sont à la traîne et le débat sur cette question continue dans l’incertitude. Depuis le début de la pandémie du Covid-19, les entreprises nationales sont paralysées et manquent d’alternatives de financement. Idem pour le secteur bancaire qui peine à se moderniser faute de mise en œuvre des réformes décidées par le Gouvernement. Ces signes démontrent que la réforme bancaire ou financière en Algérie traverse une période difficile, alors que l’intérêt de réussir cette transition est double : développer les marchés financiers et stimuler la croissance des entreprises nationales. Le Président Tebboune a souligné à maintes reprises l’impératif de lancer la réforme bancaire et douanière pour mener le plan de la relance économique à succès.
Ce chantier n’a, malheureusement, pas été lancé avec ses actions à court terme, contrairement à la campagne de communication pour sensibiliser les opérateurs économiques et les institutions financières quant à l’utilité de cette réforme. Beaucoup reste à faire dans le domaine bancaire en Algérie. Mis à part la promotion et la création des agences proposant la finance islamique, la problématique de la gouvernance se pose toujours. Depuis le début de la crise sanitaire doublée d’une crise financière inédite, l’Etat est à la peine face à la chute continue du dinar et des liquidités bancaires, ce qui pénalise les marchés financiers et les entreprises économiques. Le Gouvernement sera contraint de présenter son bilan après une année d’exercice et de revenir sur ses échecs ou difficultés d’exécutions sur le terrain.
Samira Takharboucht