L’Algérie trace son chemin pour atteindre l’autosuffisance alimentaire

Recensement agricole global en mars prochain

La crise du Covid-19 a eu un impact inégalé sur les secteurs économiques productifs. Des effets qui risquent d’avoir des répercussions durables sur certains secteurs, à l’instar de celui de l’Agriculture qui ambitionne à rattraper ses lacunes à travers une mobilisation tous azimuts pour redynamiser et renforcer l’activité de ses filiales.

Son objectif est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire à travers le soutien d’une productivité rythmée qui fera bouger rapidement la courbe et rattraper les déficits cumulés ces dernières années, avant de s’orienter vers l’exportation. Dans sa nouvelle feuille de route, le ministère prévoit de réduire «la facture d’importation des produits agricoles de base comme les céréales, le sucre, la poudre de lait et l’huile à hauteur de 2,5 milliards de dollars à l’horizon 2024» ainsi que «la réalisation de 13 complexes frigorifiques qui devraient être réceptionnés, pendant l’année 2021», a indiqué le ministre de la tutelle, Abdelhamid Hemdani. L’Algérie a décidé, depuis plusieurs années déjà, de réhabiliter et de moderniser ce secteur névralgique, indispensable pour accélérer le développement local et réaliser des gains de productivités dans les différentes filières, notamment, dans l’industrie agro- alimentaire. Dans le détail, le ministre de tutelle a exposé sa feuille de route devant les membres de la commission du développement rural du Conseil de la nation, qui ont soumis à leur tour plusieurs recommandations. Le débat durant la séance plénière de cette feuille de route, placée sous le thème «Agriculture et développement rural : défis actuels et futurs», a été orienté vers les perspectives d’avenir et les voies alternatives de développement des différents atouts de ce secteur. A commencer par «le lancement du recensement agricole global en mars prochain», a fait savoir, M. Hemdani afin de mettre en place une nouvelle base de donnée nationale, actualisant à l’effet, les informations relatives au secteur». Une démarche indispensable pour «garantir une meilleure vision et une transparence des indicateurs», a-t-il expliqué. Ceci permettra, également, de relancer le marché de l’investissement agricole en partenariat affecté par la crise du Covid-19 et économique, provoquant son arrêt brutal. Dans ce cadre, «le secteur oeuvre à organiser les zones de production à travers les wilayas du pays, ce qui permettra de déterminer une cartographie des surfaces agricoles, à l’horizon 2030», a-t-il affirmé. L’Algérie veut, désormais, renforcer et diversifier sa production agricole afin d’atteindre son autosuffisance et la sécurité alimentaire. Un défi de taille pour les autorités qui souhaitent, également encourager les petites exploitations et revoir la liste des produits subventionnés, excepté le pain et le sachet de lait dont «le budget de subvention a dépassé 40 mds DA/an, et ce, en plus de la subvention financière destinée à l’importation de la poudre de lait», a-t-il rappelé. «L’Etat continuera à subventionner le pain. Quant aux autres produits fabriqués à base de blé tendre, les producteurs devront payer son prix réel», a-t-il souligné, précisant que cette décision s’inscrit dans l’objectif des autorités de réduire les importations de produits agricoles dont la facture avoisine les «164 milliards de dinars de blé tendre destiné à la fabrication du pain». L’Etat a décidé, par ailleurs, de prendre des mesures drastiques suite à l’affaire de l’importation du blé avarié qui a provoqué une vive polémique et des pertes importantes en devise. «Les mesures de renforcement de sa production et de contrôle de l’utilisation de la partie subventionnée permettront d’économiser 36 milliards de dinars», a ajouté le premier responsable du secteur. Quant à l’enjeu et défi majeur tracé par son département, le ministre a déclaré que «cette feuille de route permettra de réduire la facture d’importation du blé tendre (-400 millions de dollars), des huiles (-983 millions de dollars), du sucre (-555 millions de dollars), du maïs (-17,6 millions de dollars), des tomates industrielles (-55 millions de dollars), des graines de pommes de terre (-42 millions de dollars) et de l’ail (-12 millions de dollars). Le secteur entend également renforcer la production céréalière pour atteindre 71 millions de quintaux d’ici à 2024, dont 10% dans les wilayas du Sud». Le ministre est revenu dans son exposé sur le financement via les deux crédits Rfig et Ettahadi, indiquant, dans ce sens, «le recensement de 13.000 dossiers, dont 87 % ont été étudiés concernant 400.000 ha». Il est prévu dans ce nouveau schéma de développement agricole, le renforcement du «développement dans les zones montagneuses à travers l’ouverture des sentiers, le rapprochement des sources d’eau et l’encouragement de la plantation d’arbres fruitiers», a-t-il ajouté. Lors de cette audience, le premier responsable du secteur a évoqué les préoccupations des professionnels du secteur et l’intérêt porté à toutes les activités sans exception. Il a rassuré d’ailleurs, quant à l’éradication du foyer de grippe aviaire découvert à Ain Fekroun (Oum El-Bouaghi), après la désinfection de l’endroit et aucun cas de contamination de l’homme n’a été détectée, selon ses services.
Samira Takharboucht