La communauté internationale appelée à intervenir pour stopper le pillage des ressources sahraouies

Sahara occidental

Les participants au Forum social de solidarité sahraoui (9-11 février) ont appelé à une intervention de la communauté internationale pour stopper le pillage des ressources naturelles sahraouies.

Au terme des travaux du forum organisé par l’Union de la jeunesse sahraouie (UJSARIO), les participants ont également dénoncé la situation du Sahara occidental occupé, sur fond de saignée de ses richesses naturelles par des sociétés européennes, en violation des chartes et lois humanitaires et internationales, qui accentue et fait perdurer les souffrances du peuple sahraoui. Les recommandations ont mis en évidence aussi l’importance de la constitution d’associations internationales pour porter la voix du peuple sahraoui contre les sociétés qui s’adonnent au pillage de ses ressources naturelles, en plus de bénéficier de canaux de communication diversifiés à l’effet d’exercer des pressions sur ces sociétés et les amener à cesser cette spoliation, en activant le droit international et en renforçant la bataille juridique dans les fora internationaux et régionaux, avec la constitution d’un collectif d’avocats pour défendre la question des ressources naturelles sahraouies.
Les participants ont appelé, en outre, à documenter et répertorier tout ce qui a trait à l’identité du peuple sahraoui, comme patrimoine socioculturel et politique, afin de démontrer l’existence de ce peuple et imposer sa souveraineté, en plus d’exhorter la société locale à œuvrer à la concrétisation d’un développement durable centré sur la population locale, son accompagnement dans les étapes difficiles, et l’amélioration de ses conditions de vie. Les représentants de la société civile prenant part au forum ont mis l’accent sur la présentation de modèles pratiques permettant à la jeunesse sahraouie de jouer un rôle de premier plan dans la bataille de l’édification et de constituer un nouveau jalon dans le cadre de la complémentarité institutionnelle de l’Etat sahraoui. L’amélioration de l’action de la jeunesse sahraouie et son utilisation dans le renforcement des différents fronts ouverts dans le combat pour le droit à l’existence et la confirmation de la souveraineté sahraouie sur les registres diplomatique, juridique, humanitaire et des droits de l’homme, ont également été prônées lors du forum.
Les recommandations ont porté, par ailleurs, sur le renforcement du rôle de la femme sahraouie dans la conjoncture politique actuelle et des voies de prise en charge des catégories vulnérables de la société sahraouie, l’accompagnement de l’Etat sahraoui pour atténuer les contraintes de l’étape actuelle, ainsi que sur la dynamisation du rôle de la société civile dans la formation de la jeunesse sahraouie pour lui permettre de jouer le rôle attendu d’elle. De leur côté, les représentants de la société civile algérienne prenant part au forum ont plaidé pour la recherche de nouvelles formules pour exposer la question sahraouie à la communauté internationale, en capitalisant les expériences internationales en matière d’encadrement et de formation, d’octroi des aides, et des voies de défense des acquis de la cause sahraouie et autres. Organisés respectivement dans les camps de réfugiés sahraouis de Smara, Aousserd et Boudjedour, les trois ateliers du forum ont porté sur des questions liées au pillage des richessesdu Sahara occidental au regard de la légalité internationale, au rôle humanitaire pivot de la société civile sahraouie dans les crises, ainsi qu’au rôle du patrimoine culturel sahraoui comme outil de dialogue. La rencontre a été initiée en partenariat avec des organisations internationales dont OXFAM, le Conseil danois pour les réfugiés (DRC) et le Comité International pour le Développement des Peuples (CISP), et financé par l’Union européenne (UE).

L’AARASD-CICR : appel à intervenir pour protéger les Sahraouis de la répression marocaine
L’Association des Amis de la République arabe sahraouie démocratique (AARASD), a adressé, jeudi, une lettre ouverte au Comité international de la Croix-Rouge lui demandant, d’intervenir dans le contexte actuel de guerre entre le Maroc et la République sahraouie et de protéger les Sahraouis de la répression marocaine dans les territoires occupés. Dans un communiqué signé par sa présidente Régine Villemont, l’association des Amis de la RASD, a rappelé que le 13 novembre 2020, le Maroc, en menant une agression militaire contre des civils sahraouis pacifiques à Guerguerat, a rompu le cessez-le-feu de l’ONU signé en 1991 ce qui a entraîné la reprise de la lutte armée. Le cessez-le-feu est un des éléments du plan de règlement du conflit du Sahara occidental initié par les Nations Unies, dont l’objectif principal était d’organiser un référendum d’autodétermination, droit inaliénable du peuple sahraoui.
«La mission de l’ONU pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso), n’est toujours pas parvenue, 30 ans après, à mettre en œuvre ce référendum et de fait entretient un statu quo qui impose exil et occupation étrangère au peuple sahraoui», a rappelé l’Association. Pour l’AARASD, le mandat du CICR doit s’appliquer étant donné que ce dernier est à l’origine des Conventions de Genève et du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, dont il dirige et coordonne les activités internationales dans les conflits armés et les autres situations de violence. C’est précisément dans ce contexte, l’Etat de guerre entre le Maroc et le Front Polisario, mouvement de libération sahraouie, c’est-à-dire «l’autorité représentant le peuple du Sahara occidental luttant pour son droit à disposer de lui-même» que le mandat du CICR doit s’appliquer, explique l’association dans son texte. En effet, suivant l’article 96.3 du Protocole additionnel aux Conventions de Genève de 1949, dont le Front Polisario et le Maroc sont signataires, le conflit qui les oppose relève du droit international humanitaire.
Dans ce contexte de guerre, le CICR a la mission exclusivement humanitaire de protéger la vie et la dignité des victimes qui ne participent pas (ou plus) aux combats, et de leur porter assistance. Depuis la reprise de la guerre, le 13 novembre dernier, la population civile sahraouie des territoires occupés par le Maroc est soumise à «une constante répression», déplore l’association basée à Paris. Elle cite à cet effet, des témoignages documentés qui lui sont parvenus, «arrestations arbitraires, surveillance incessante de militantes des droits de l’Homme sahraouies et des responsables associatifs osant dire publiquement leur attachement à l’autodétermination, assignation à résidence de plusieurs familles depuis 3 mois, leurs visiteurs empêchés ou molestés».
Aussi, note l’AARASD, plusieurs organisations internationales comme Amnesty International et Human Rights Watch s’alarment de cette situation «qui ne peut que s’aggraver à mesure que la guerre impose sa cruauté et qu’aucun témoin extérieur ne peut être présent». En effet, le Maroc n’autorise pas les observateurs ni les journalistes étrangers à se rendre sur place, a-t-elle fustigé. Selon l’association, seule la presse «aux ordres du trône » est autorisée à s’exprimer. « Aussi nous demandons instamment au CICR, conformément à son mandat, de se rendre au Sahara occidental occupé pour rencontrer les victimes civiles (individuelles et associations) de cette répression et de tout mettre en oeuvre pour la protection de la population civile sahraouie», lit-on dans le même communiqué.
R. I.