L’usine de Bouchegouf renaîtra de ses cendres

Après 20 ans depuis l’arrêt de la production de levure alimentaire à Guelma

Atteindre un modèle économique plus productif est un défi qui se pose depuis des années au Gouvernement qui tente, désormais, de restructurer le secteur public, particulièrement les entreprises industrielles publiques afin de les rendre plus performantes visant le renforcement du secteur productif.

Dans cette optique, le ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, fait appel à un vieux concept pour reconstruire un nouveau modèle plus productif et qui exerce une véritable influence sur les différents secteurs d’activités des mêmes branches. Il prône explicitement le modèle de l’industrie industrialisantes, en mettant en avant l’importance de l’activité de transformation industrielle. Il compte faire le ménage dans son secteur et restructurer les entreprises publiques afin de les rendre plus performantes, attractives et profiter des nouvelles fréquences du marché économique. Dans la mise en œuvre de sa nouvelle approche, il annonce «la relance des activités de l’usine de production de levure alimentaire de Bouchegouf fermée depuis 2002 assurera la couverture de 30 % des besoins du marché national en ce produit», lors d’une visite d’inspection et d travail dans la wilaya de Guelma, avant-hier. Le ministre de l’Industrie ne cesse d’évoquer depuis des mois les principales orientations de sa stratégie, sans pour autant donner l’application ou le mode d’emploi de celle-ci. Le secteur industriel fait face à de véritables problèmes structurels et à un manque important d’investissements des entreprises nationales, malgré la mise en place de facilitations fiscales et réglementaires. Le pays a besoin d’un plan de relance multidimensionnel et multisectoriels.
Quant au secteur de l’activité de la transformation industrielle des différents produits, il relève de la grande importance dans la redynamisation de cette branche et l’amélioration de l’écosystème industriel qui a intérêt à mobiliser toutes les ressources et potentiels existants afin de développer, entre autres, le secteur mécanisé et diversifier sa production en vue de réduire la facture des importations. Soutenir dans l’intérêt général les entreprises publiques, renforcer les fonds des PME et TPE et encourager les investissements en partenariats (locaux ou étrangers). La remise à niveau du secteur industriel public et l’implication de plus en plus des opérateurs économiques privés signifie la remise en question des pouvoirs publics de leur rôle d’opérateur économique et l’ouverture progressive à l’économie du marché.
C’était son objectif dès le départ. D’où son projet de restructurer ce secteur et de sauver les entreprises publiques potentiellement performantes sur le marché national. C’est le cas de l’entreprise de la production de la levure alimentaire de Bouchegouf, à l’arrêt depuis presque 21 ans. «La capacité de production de cette unité avant sa fermeture était de près de 56.000 tonnes par an représentant le tiers des besoins nationaux estimés à 150.000 tonnes par an», a rappelé M. Ait Ali, regrettant sa mise à mort, affirmant que «l’Algérie assurait son autosuffisance en levure grâce au tissu industriel composé des usines de Bouchegouf et d’Oued Smar (Alger) tandis qu’actuellement, le pays recourt totalement à l’importation pour couvrir ses besoins en ce produit pour une facture annuelle de 100 millions de dollars».
L’usine et ses équipements sont restés en bon état, après plus de deux décennies à l’arrêt. Suite à ce constat, le ministre décide de remise en activité. «Elle représente un impératif national», a-t-il souligné. Sans donner de détail, affirmant, par ailleurs que «sa relance restera tributaire de l’avis des experts, soulignant «la nécessité de procéder à certains aménagements sur les équipements pour pouvoir produire une levure de qualité capable de concurrencer la levure sèche d’importation». Il a affirmé, dans le même cadre, l’examen de la situation financière de l’Entreprise des cycles et motocycles (Cycma), en crise depuis 20 ans. Tout comme celle de la zone industrielle en état de délabrement. Il s’est entretenu avec les autorités locales de la wilaya sur la redynamisation des infrastructures industrielles à l’abandon et le soutien des jeunes entrepreneurs.
Lors d’un point de presse improvisé, sur place, M. Ait Ali a indiqué que «9 autorisations temporaires d’importation de voitures ont été accordées jusqu’à présent, l’opération reste ouverte et le nombre des autorisations peut augmenter». Il a mis l’accent, par ailleurs, sur l’importance de vérifier la qualité des approvisionnements des concessionnaires à l’international pour éviter la contrefaçon. Pour rappel, M. Ait Ali avait ordonné le lancement d’un audit global du secteur industriel public dans l’objectif d’évaluer l’état de santé des entreprises publiques et mettre en place les mécanismes nécessaires de sortie de crise dont la recapitalisation de celles en crise par leur introduction en Bourse.
Samira Takharboucht