Deux modes d’expression qui relèvent de l’art

Photographie et peinture

Les deux ont pour but d’immortaliser des situations, des évènements, des personnages dignes d’être conservés à vie parce qu’ils ont une valeur symbolique ou historique. L’une a vu le jour avant l’autre et les deux se complètent au lieu de s’exclure.

Depuis la nuit des temps, l’homme a toujours cherché à perpétuer des images qui ont fait partie de son vécu et qu’il a jugées utile d’immortaliser compte tenu du fait qu’elle est un indicateur du patrimoine.

La photographie est un art du souvenir
Même si cela consiste à prendre sur le vif avec un appareil, on ne prend que ce qui vaut la peine d’être pris. Plusieurs raisons peuvent nous pousser à prendre des photos : là, c’est la famille qu’on a le devoir de conserver à vie, ici il s’agit de scènes de la vie traditionnelle qu’on tient à reproduire pour ce qu’elle représente comme objet ou pratiques ancestrales que la vie ne vous donnera pas l’occasion de revoir, plus loin c’est une rencontre précieuse à conserver pour ce qu’elle peut donner comme leçons à retenir. On se dit, si l’appareil existait depuis la nuit que n’aurait-on pas gardé comme souvenirs ? Des scènes de classe d’antan, une rencontre d’hommes de culture dans un lieu mythique, une fête, mais pas de banalité qui ne suggère rien. Ceux qui prennent des photos ont le sens des couleurs, des formes, des états d’âme, des actions, des angles de prise de vue.
Quand ils photographient quelqu’un, c’est à un moment précis : de tristesse, de joie, d’extase. Lorsqu’on voit une photo, on se dit voilà un personnage malheureux, préoccupé, qui, bien habillé, riche, pauvre. Le visage d’un personnage est à décrypter parce qu’il est l’expression de quelque chose qu’on n’arrive à comprendre qu’après une longue réflexion, une observation attentive de son visage par rapport à son corps. Essayer de lire un visage particulièrement expressif, c’est comme un exercice de graphologie qui nous donne à comprendre l’état d’esprit de quelqu’un à travers son écriture. En effet, la manière d’écrire de quelqu’un est révélatrice de son intériorité. On se dit, d’après les lettres formées, c’est quelqu’un de nerveux, de pressé, de calme, d’angoissé, de joyeux, de stable. Quand on écrit, effectivement, on peut être concentré ou déconcentré.
On écrit de manière appliquée ou négligée et cela apparaît au niveau de l’écriture. On peut ainsi dresser un bilan psychologique à partir des formes des lettres. Etonnant ou non ? Le visage ou un passage, ou une scène de la vie publique, c’est autant de supports à plusieurs signifiés entrant dans un ensemble culturel ou civilisation el à traduire comme tel. Ceux qui prennent des photos, ne choisissent pas le moment, même si c’est des photos d’amateurs qui ont toujours des messages à délivrer. Les photos de connaisseurs qui connaissent les moments propices pour de meilleures photos qui traduisent des choses importantes à saisir pour le souvenir.

La peinture, un art pas comme les autres
Elle existe depuis des millénaires, elle a été supplantée par la photographie, surtout la photo en couleurs et des couleurs claires qui reproduisent fidèlement la réalité. En peinture, il y a plusieurs tendances ; cela va de celui qui fait l’effort de reproduire comme on le voit un personnage, un décor. On choisit les couleurs, on tient compte de toutes les formes, c’est un travail artistique, et comme tel, il faut tenir compte d’un grand nombre de paramètres : angle de prise de vue, couleurs nuancées, variétés de couleurs. Pour peindre, il faut avoir du génie qui laisse supposer la créativité, le sens des proportions. Il ne faut pas qu’un élément du décor ou du visage soit disproportionné à l’ensemble des autres éléments dont il est une partie intégrante. Le peintre reproduit une réalité à un moment donné de l’histoire.
Il la reproduit comme il la pense en lui ajoutant certains traits qu’on ne lui connaît pas ou qui ont échappé à la vue de quelqu’un qui a observé avant la peinture. Effectivement, lorsqu’on voit un tableau, il y a des détails, mêmes importants qui échappent à l’observateur le plus attentif et qui n’ont pas échappé au peintre qui n’observe pas comme le commun des mortels. Il y en a qui regardent mais qui ne voient rien. Nous disions qu’en peinture, il y a des genres, comme la peinture abstraite, celle de Picasso faite de formes géométriques pour reproduire un visage expressif. On y voit des yeux déformés d’où coulent des larmes, une expression de joie, de douleur, d’angoisse, de méditation profonde, d’évasion momentanée vers un ailleurs plus conciliant, plus sécurisant.
D’ailleurs, c’est de la peinture abstraite qui nécessite un grand moment d’observation pour décrypter le message que l’image porte. On regarde les couleurs, certaines sont chaudes, primitives, significatives surtout lorsqu’elles se marient artificiellement avec d’autres. Le peintre, contrairement au photographe, crée pour signifier. Il crée à la manière d’un écrivain qui peint avec des mots. Le peintre le fait avec des couleurs, sur fond d’éclairage par le soleil, la lumière du jour mettant en valeur certains traits qui méritent d’être mis en valeur. C’est une véritable œuvre d’art qu’il réalise lorsqu’il termine un tableau de peinture qui porte une signature, sans dénier sa qualité d’artiste à un photographe qui a aussi un travail de créativité, différent d’un tableau de grand maître de la peinture.
Abed Boumediene