Le sacrifice épique des frères Hamzaoui Mohamed et Saïd

Bordj-Menaïel

Pour qu’aujourd’hui chacun de nous puisse jouir de ses droits, c’est grâce aux sacrifices consentis par nos héros durant la Guerre de libération nationale. Si nous sommes libres et heureux de l’être, c’est grâce à de tels hommes et à de tels sacrifices.

Le courage, la bravoure, le militantisme, le patriotisme, le sacrifice pour une noble cause n’a pas de prix surtout lorsque ces héros laissent derrière eux des messages qu’il convient de décrypter et de comprendre, des messages lourds de sens : Larbi Ben Mhidi avait dit : «portez la révolution dans la rue et le peuple la portera, donnez-nous vos chars, on vous donnera nos couffins», ou «si nous mourrons défendez nos mémoires». Ne dit-on pas que «les heros ne meurent jamais». Hamzaoui Said et Hamzaoui Mohamed, deux frères dont l’engagement dans les rangs de la révolution était sincère et total, deux frères, l’un est mort les armes à la main dans la région de Ghoumrassa et l’autre cordonnier de métier et dont le magasin servait de boite aux lettres pour la cause nationale et qui était un ancien détenu ayant l’objet d’une perquisition de la part des parachutistes français dans son propre atelier, il fut embarqué illico-presto, sa famille ne l’a plus revu et n’a jamais réussi à faire son deuil jusqu’à ce jour- Hamzaoui Said et Mohamed étaient des maquisards de la première heure qui ont donnés leurs vies à un âge très jeune pour une cause juste et noble, à savoir l’indépendance de l’Algérie . Ils étaient très braves et courageux, ils étaient jeunes mais demeurent des personnages révolutionnaires des plus mystérieux de cette région historique et qui n’eurent droit après leurs disparitions à aucun hommage rendu, eux qui avaient combattu l’armée française et qui ont fait subir des misères à l’ennemi. Tout les deux, chacun à sa façon de combattre l’ennemi, que ce soit les armes à la main, l’autre dans son atelier de coordonnerie comme coordinateur responsable des ordres du FLN n’avaient jamais accepté malgré leurs jeunes âges d’etre passifs et de rester en marge des problèmes des souffrances et du vécu des Algériens. Ils ont combattus l’injustice, le colonialisme, la la misère, la hogra du colonisateur : une question de dignité et de patriotisme.
L’histoire retiendra que la libaration de l’Algerie, de toute l’Algerie, du joug de l’armée coloniale a couté des vies, beaucoup de vies d’un million et demi de chahids qui se sont sacrifiés. Les frères Hamazaoui ont donné du fil à retordre aux troupes du tortionnaire Mathieu. La ville de Bordj-Menaïel ainsi que toute la région a donné un lourd tribut en hommes et en femmes sacrifiant ses meilleurs enfants tous tombés au champ d’honneur, historiquement parlant, nous savons tous que le premier combattant durant la guerre de Libération nationale pour la noble cause algérienne, à savoir la libération du pays du joug colonial afin d’acquérir la liberté, l’indépendance et aussi de croire à une meilleure justice fut le peuple algérien. C’est lui qui a souffert, qui a payé les frais lors des massacres du 8 mai 1945 où plus de 45.000 ont été massacrés, c’est également lui (le peuple) qui a offert sa poitrine aux balles assassines lors de la fusillade du 11 décembre 1960, que ce soit à Alger, qu’à Aïn Témouchent, sans oublier que c’est toujours ce peuple qui a répondu présent lors des manifestations de France (banlieue parisienne ) où des centaines ont été jetés dans la Seine sans aucune pitié, tués par balles, d’autres torturés sans aucune pitié, sans oublier le rôle joué par la population dans les maquis, les villages, les villes où nos aïeux ont procuré les soins, la prise en charge de nos vaillants combattants sans jamais rien demander en contrepartie.
Depuis 54 ans, rien n’a changé. Qui est responsable de cette situation, qui faut-ils plaindre ? Beaucoup sont morts, connus ou anonymes, que ce soit dans les douars, les dechrates, les villages, les villes, les montagnes, le sahara, beaucoup sont tombés au champ d’honneur, toutes les cités, tous les djebels de l’Algérie profonde ont des choses à raconter sur ces vaillants combattants révolutionnaires digne fils du peuple qui ont accepté de donner leur vie pour la reconquête de la dignité et de la liberté, le peuple Algérien a beaucoup souffert et le bilan du génocide est des plus effroyables, des millions de morts, des centaines de citoyens froidement abattus, égorgés. Qu’avons-nous offert à la population algérienne, rien du tout, que des promesses et des mensonges. Tous les gouvernants sont les mêmes du sommet à la base, donc nous devons faire des efforts pour nous améliorer et répondre effectivement à toutes les attentes de la population, il faut arrêter de se mentir et oter cette hypocrisie qui habite en nous.
Les Algériens méritent plus d’attention. Aboubakr el Sedik, Omar ibn el Khettab, deux imminents khalifats du monde musulman circulaient les ruelles et frappaient aux portes des habitants de Médine, de La Mecque pour s’enquérir de la situation des habitants, alors pourquoi nos gouvernants insensibles ne font pas de même ? Les souffrances de la colonisation infligée au peuple algérien, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata , demeurent ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens, c’est ce même peuple qui s’est révolté contre l’oppression avec une grande bravoure. A Sétif , en date du 8 mai 1945, le jour même où le monde triomphait de la Barbarie, la France manquait à ses valeurs universelles et pour cela la vérité doit être dites, car nous avons ce sentiment, ce devoir de vérité sur la violence, les injustices, les massacres, la torture qui ont duré plus de cent trente-deux ans (132 ans), le peuple algérien a été soumis à un système profondément des plus injustes et brutals qui l’a poussé à aspirer en priorité à la liberté et à la justice en prenant les armes et combattre l’oppresseur.
Beaucoup de sacrifices consentis par nos ainés pour libérer le pays et ce n’est pas seulement observer une minute de silence ou hisser le drapeau national qui nous fera oublier les injustices qui perdurent jusqu’à maintenant dans notre beau pays l’Algérie, il faut travailler, sortir le peuple de son isolement, lui redonner le sourire, donner un meilleur cadre de vie à nos concitoyens, c’est de cette manière que nous rendrons hommages aux architectes du congrès de la Soummam et aux martyrs qui ont donné leur vie pour que nous, leurs enfants, vivions libres et indépendants, malheureusement ce n’est pas le cas, il y a quelque chose qui cloche au niveau de nos gouvernants qui ont failli quelque part étant donné que le peuple algérien se sent marginalisé, la preuve il n’y a pas un jour où l’on assiste pas en direct sur les plateaux de télévision (quelles soient privées ou publics) le mécontentements, le raz-le- bol, la colère , le marasme au quotidien, le manque de choses pour une vie meilleure, les insuffisances et carences dont se plaignent les Algériens sont longues, tels que la pénurie d’eau potable, absence de gaz rural, absence complète du transport collectif de voyageurs, tels que l’insuffisance du réseau d’assainissement, du manque de trottoirs, de l’éclairage public, la bureaucratie véritable fléau de la population, l’ omerta des responsables envers les administrés, le manque de communication, l’absence de l’autorité, toutes ces carences influent négativement sur la vie de tous un chacun, ils se sentent délaissés, voire abandonnés, loin des yeux des autorités locales et des pouvoirs publics, vous avez beau vous plaindre, vous avez beau écrire et demander une audience au maire, au wali, au ministre, au Premier ministre, personne ne vous répondra, ni ne vous écoutera, c’est dire l’urgence d’une intervention, d’une écoute pour remédier à tous ces désagréments qui existent et qui continuent à se profiler à l’horizon.
La population algérienne ne sait plus à quel saint se vouer pour prétendre à une justice sociale et venir à bout de cet immense problème auquel elle fait face au quotidien, en dépit, selon eux, des diverses promesses sans suite de nos responsables. Et dire qu’en l’an 2020, certaines familles vivent dans des taudis et qu’ils n’ont rien vu venir, d’autres dans des bâtisses délabrées, fissurées et certaines à moitié effondrées et les autorités restent insensibles au marasme de la population, mis à part des promesses, aucune action n’est entreprise pour améliorer un tant soit peu le cadre de vie, et il suffit de zapper n’importe quelle chaîne de télévision algérienne et vous êtes servis. Aussi, il faut consulter la presse écrite de n’importe quel quotidien pour constater les requêtes qui sont formulées par les citoyens dans la rubrique «Courrier des lecteurs» transmises au Président de la République, au ministre de la Justice et autres, seul procédé pour se faire entendre.
Les Algériens ont le droit de se poser des questions légitimes mais c’est aussi la réalité d’un dénuement qui a atteint le seuil de l’intolérable dans notre pays. Les Algériens veulent vivre dans la justice, l’égalité, dans un pays d’Etat de droit et dans la fraternité. Maintenant que l’Algérie a acquis son indépendance en date 5 juillet 1962, le peuple algérien jouit-il de tous ses droits qui lui est reconnus et que ces droits leurs soient rappelés, entre autres, ceux d’être traités avec respect et dignité ? Alors la question qui se pose actuellement : A quand une prise en charge des problèmes de la population algérienne qui elle n’arrête pas de frapper à toutes les portes pour se faire entendre ? Un peu de dignité, de respect, de liberté, de justice, voilà ce que demande le peuple, ni plus ni moins dans un pays. L’Algérie, un pays indépendant et souverain.
Kouider Djouab