Le changement entre dans la phase concrète

Institutions nouvelles annoncées par le Président Tebboune

­­­­Jeudi soir, le discours à la Nation du Président Abdelmadjid Tebboune, prononcé moins d’une semaine après son retour d’Allemagne où il se trouvait pour soins, était attendu par une grande partie de la société algérienne qui voulait avoir la confirmation de tout ce qui s’était dit sur ses intentions immédiates : dissolution de l’Assemblée populaire nationale, élections anticipées et mesures d’apaisement. Les annonces du Président Tebboune ont répondu à ces attentes.

Le discours a été prononcé à l’occasion de la Journée nationale du chahid et aussi pour marquer le premier anniversaire de son élection à la Présidence de la République. Le deuxième anniversaire du hirak «authentique béni» – comme le qualifie le Président Tebboune – a été également évoqué. «La bataille institutionnelle» a eu la part du lion dans l’intervention du Chef de l’Etat qui estime que le changement radical «ne peut être concrétisé qu’à travers des nouvelles lois et institutions». C’est le but de la révision de la Constitution qui, a-t-il dit, «consacre la liberté absolue, tant individuellement que collectivement». A ce titre, le Président Tebboune a annoncé la dissolution de l’APN pour passer à «des élections où l’argent, sale ou pas, n’aura point de place, des élections qui ouvriront la voie aux jeunes», exhortant ces dernier à «investir les institutions politiques à la faveur des encouragements de l’Etat, et ce, à travers la prise en charge d’une grande partie du financement de leur campagne électorale».
Pour le Chef de l’Etat, l’implication des jeunes dans la vie politique doit «permettre d’injecter du sang neuf dans les organes de l’Etat et le Parlement, qui, en étant les yeux et la voix du peuple ne souffrira d’aucun discrédit». Le Président Tebboune a tenu à réaffirmer, dans ce sens, que le Parlement sera élu sous le contrôle de l’ANIE dans les prérogatives de laquelle n’interviennent ni les présidents des APC ni les walis (…), ni même le président de la République. Autre mesure importante décidée par le président de la République : la grâce présidentielle au profit d’une trentaine de détenus, jugés définitivement, et de 55 à 60 autres, dont les jugements n’ont pas encore été rendus par la justice. Dans le même sens, le Président Tebboune a affirmé «avoir pris connaissance des critiques dûment faites par les citoyens» concernant la faible performance de «certaines autorités locales et nombre de secteurs ministériels». «J’ai entendu l’appel et j’ai décidé d’opérer un remaniement ministériel, qui sera annoncé dans les prochaines 48 heures», a-t-il déclaré précisant que ce remaniement «concernera les secteurs ayant enregistré, à notre sens et du point de vue des citoyens, des lacunes dans l’accomplissement des missions et le règlement des problèmes du citoyen».
«Nous nous sommes aussi attelés à organiser la société civile en lui donnant la parole pour qu’elle soit efficace et partie intégrante de l’Etat», a ajouté le Président Tebboune, assurant la société civile «marginalisée par le passé, fera entendre sa voix à l’avenir». Abordant «les changements apportés par la Constitution et palpables pour le citoyen», le Chef de l’Etat a cité la limitation des prérogatives du président de la République et la consolidation des pouvoirs des élus, notamment au niveau du Parlement. «Toutes les dispositions de la nouvelle Constitution entreront en vigueur dans quelques mois», a-t-il soutenu, estimant que «les véritables solutions sont les solutions pérennes et institutionnelles et non les aléatoires qui reposent sur une ou deux personnes».
Concernant les chantiers lancés «hier et ce jour même, en concrétisation de la nouvelle Constitution», le président de la République a fait état de «la finalisation d’ici une semaine d’un premier texte permettant l’installation de l’Observatoire national de la société civile», d’un deuxième chantier pour la finalisation, dans 15 à 20 jours, des textes portant installation du Conseil supérieur de la jeunesse», et d’un autre pour «la création de la Cour constitutionnelle». Au volet de la politique extérieure, le Président Tebboune a réaffirmé les positions de l’Algérie sur la Lybie (la solution à la crise en Libye doit être libo-libyenne), la Palestine (soutien aux droits nationaux du peuple palestinien), le Sahara occidental (une question de décolonisation), Mali (attachement à la stabilité et à la quiétude de ce pays).
Lakhdar A.