Autour de l’apport des «artistes martyrs» à la Révolution

Symposium au TNA

Le symposium intitulé «Les Artistes Martyrs, dialectique de l’encre et du sang», organisé samedi au Théâtre National Mahieddine-Bachtarzi (Tna) à l’occasion de la Journée nationale du Chahid, s’est poursuivi avec les interventions des écrivains, journalistes et universitaires, Mohamed Sari, Abdelkrim Tazarout et Leila Benaicha.

Dédié à la mémoire des martyrs, Ahmed Réda Houhou (1910-1956) et Mohamed Boudia (1932-1973), le symposium avait déjà accueilli durant la matinée, les interventions des académiciens et professeurs, Ahcène Tlilani, Idris Kerkoua, Abdelkrim Benaissa et Djamila Moustapha Zeggai sur l’image du martyr et son apport direct à la Révolution. La deuxième partie du symposium a d’abord connu l’intervention de l’écrivain-universitaire, Mohamed Sari qui s’est intéressé à l’engagement national dans les narrations des écrivains algériens francophones, précisant qu’ils ont «unanimement soutenu» la révolution pour l’indépendance de leur pays, l’Algérie, malgré «les différences dans leurs parcours de vie» et les «conditions socio-familiales» dans lesquelles ils ont grandi.
A l’instar de Mohamed Dib, qui s’est retrouvé orphelin à l’âge de 11 ans, contraint d’enchainer les petits métiers pour survivre, Mouloud Feraoun qui a vécu toute son enfance dans la pauvreté, Kateb Yacine, qui a muri son militantisme dans les manifestations populaires et connu l’emprisonnement et le génocide du 8 mai 1945, et Assia Djebar, qui consomma son premier acte militant en 1956 en prenant part à la grève des étudiants, le conférencier explique que «les différents parcours et les conditions de vie de chacun ont forgé l’esprit contestataire et militant chez nos écrivains». Le journaliste universitaire, Abdelkrim Tazarout a, quant à lui, communiqué sur l’ «image du martyr de la révolution dans le cinéma algérien», rappelant que c’est à Abbane Ramdane que revenait l’idée d’intégrer au sein du mouvement national «une cellule audiovisuelle» chargée d’ «internationaliser la révolution algérienne» et promouvoir son image.
Des documentaires et des films, ont alors été conçus et réalisés par de «jeunes cinéastes», à l’instar de René Vautier, Pierre Clément et Djamel Eddine Chanderli, permettant, poursuit l’intervenant, à la lutte armée contre l’occupant français un retentissement mondial, avant de donner le relai aux longs métrages post indépendance aux contenus sacralisant le slogan: «Un seul héros, le peuple». «La bataille d’Alger», «Le vent des Aurès», «Hassan Terro», «L’opium et le bâton», «Patrouille à l’Est», «Les enfants de la Casbah», sont autant de films, dira Abdelkrim Tazarout, réalisés sur la guerre de libération nationale, où l’individu n’existe que pour consolider et servir la détermination du peuple algérien. Depuis 2012, conclu le journaliste, le cinéma algérien est passé à la célébration des héros de la révolution dans des films comme «Zabana!», «Ben Boulaïd», «Krim Belkacem» et «Lotfi», pour franchir encore un nouveau cap où de jeunes cinéastes s’attèlent à apporter leur pierre à l’édifice dans des productions cinématographiques dotées d’un imaginaire créatif renouvelé.
«La lutte artistique, face cachée de la révolution algérienne», dernière thématique développée par l’enseignante à l’université de Sétif, Leila Benaïcha qui s’est penchée sur l’évolution de la révolution à travers le chemin des artistes martyrs, Ali Maâchi notamment et les œuvres évoquant les aspects humain et révolutionnaire des combattants pour l’indépendance. Les interprètes de la chanson révolutionnaire, poursuit Leila Benaïcha ont offert une tribune de plus à l’action du mouvement libérateur en célébrant ses héros et faisant passer différents messages pour alerter ou informer les combattant au maquis.
S’aidant d’enregistrement sonores qu’elle a diffusé, l’universitaire a appuyé son propos en citant les exemples de Aissa El Djermouni dans «El Hadj Lakhdar» qui réveillait les consciences et incitait à mieux servir la révolution, ou Beggar Hadda dans «El Djoundi khoya» qui alertait les maquisards sur d’éventuels dangers qui les guettaient, ou encore Abdelhamid Abbabsa qui écrivait et composait des «anachid» aux Scouts musulmans algériens. Leila Benaïcha a conclu en déplorant l’insuffisance de références et d’archives sur la vie de l’artiste martyr Ali Maâchi, après avoir évoqué son parcours.
R.C.