Une ville, une grande histoire et des hommes

Bordj-Menaïel

Lorsque naquit le mouvement national et qu’apparut la lutte politique pour le recouvrement de la souveraineté nationale, les Ménaïelis à l’instar des Algériens des différentes régions du pays, affichèrent un militantisme et un engagement sans faille pour la cause nationale.

Au lendemain du déclenchement de la Guerre de libération nationale, ils étaient nombreux les jeunes et les moins jeunes à rejoindre les rangs de l’ALN, à l’image de Kaddour Achour, Mokhfi Mahfoud, Talamali, Bengriche Abaziz ahcène, Abaziz Louanès, Abaziz Slimane, Abbas Abdelkader, Aberkane Rabah, Achtiouane Slimane, Afiri Rabah, Aouchikh Saïd, Aissaoui Abdellah, Aissaoui Mohamed, Aït Amar Mustapha, Aït Kacem Mohamed, Akroum Abdelkader, Alouane Ahmed, Amraoui Mohamed, Arif Mohamed, Airoure Mohamed, Babaci Ali, Badri Rabah, Bechla Rabah, Belaouche, Benmansour Sadek, Benmechiche, Benmechiche Mohamed Seghir, Bessami Ali, Boubagha Saïd, Bouchourak Ali, Bouderba Mohamed, Bouhamadouche Djelloul, Bouhraoua Mohamed, Bouiri Boualem, Boussa Mohamed, Boussaadi Rabah, Boussalah Moussa, Bouzane Belkacem, Bouzbidi Mohamed, Chendri Boualem, Cheradi Menouar, Cherifi Aïssa, Cherifi Mohamed, Dali Al,i Dekkar Ali, Djelfi Ali, Djerroud Laïd, Djoumi Ahmed, Dourari Mohamed, Dridi Louanès, Dridi Mohamed, Dridi Rezki, Ghalem Boualem, Ghalem Saïd,Hachemi Hamoud, Hamzaoui frères, Kaddour Achour, Kentour Saïd, Meflah Ahmed, Mokhfi Amar, Tahanout Saïd,Takdjerad Salah et les frères Toumi, qui avaient rejoint les maquis de la région sur le haut des montagnes de Timezrit, Ghoumrassa, Sidi-Ali Bounab, Boumissra, Ouriacha, Zbarbar et autres avec comme PC sis à Boughyere. Aujourd’hui, la ville de Bordj-Menaïel est en train de perdre de sa nostalgie à cause de la disparition de beaucoup de personnes qui sont ancrés dans nos mémoires tels que Rabah Babazizene, papa Naïli, Achour Boucenna, Ali louzai, Sabeur dit «gogo» et des milliers d’autres. Cependant, les maquisards, les moudjahidine, les nationalistes ménaïlis connaissaient chaque coin et recoin où ils se feront remarquer par leur courage et leur engagement révolutionnaire dans plusieurs accrochages sanglants et de batailles dont les plus notables sont celles de Boumissra, de Ghar Yahmane, et différentes autres qui se sont déroulées sur les monts de Timezrit et qui resteront gravées dans la mémoire de tout un chacun et auxquelles la région de Bordj-Menaïel sacrifiera sur l’autel de la liberté de valeureux combattants. Il y a aussi lieu de signaler les anciens moudjahidine qui ont disparus ces dernières années, à l’image des Badis Ahmed, Djouab Ali, Mustapha BenMansour, Rachid Hireche, Rabigh Belkaïd, Da Achour, et des centaines d’autres qui nous ont quitté, pris par l’âge et la maladie et le peu qui reste se compte sur le bout des doigts. A son arrivée au pouvoir en Algérie, de Gaulle, alors porté au pouvoir par les militaires en 1958 dans une situation marquée par la recrudescence des activités de la révolution, a d’emblée misé sur une victoire militaire. Pour autant, le géneral de Gaulle accorda à l’armée les pleins pouvoirs et renforça les unités déployées en Algérie en équipements militaires et en effectifs. C’était le prélude à une nouvelle tactique de guerre consistant à mettre en œuvre à partir de 1959, des opérations militaires de grande envergure dont l’opération «Jumelles» ou encore «Étincelles» qui faisaient partie du plan Challe du nom d’un général de l’aviation. L’objectif visait à détruire les unités de l’armée de Libération nationale de l’intérieur, à occuper de façon permanente leurs positions et à démanteler l’organisation politique et administrative du FLN afin d’isoler les maquis de l’ALN de la population. Ah ! si nos montagnes pouvaient parler. Elles nous diraient comment l’armée d’occupation a procédé au quadrillage du territoire de façon à couper les combattants de l’ALN des populations et pour «l’épuration» des villages, l’armée d’occupation a entrepris de ratisser et de raser des villages dont les habitants sont déportés dans des camps de regroupements entourés de barbelés et mis sous haute surveillance dans des garnisons militaires fortifiées, assorties de cellules de tortures aménagées dans des sous-sol des postes avancés pour infliger les pires atrocités à tout élément suspecté de collaborer avec les moudjahidine, une façon à eux d’isoler les maquis. L’ennemi a eu recours progressivement et méthodiquement sur l’ensemble du territoire algérien à diverses opérations, ce fut d’abord les zones refuges d’Oranie (février 1959) «Opération Courroie» (avril à juin 1959), «Opération Étincelles» sur le passage du Hodna (juillet 1959) «Opération Jumelles (juillet 1959) en Grande Kabylie, «Opération Rubis» (année 1960) en petite Kabylie, «Opération Pierres précieuses» (de septembre 1959 à août 1960 dans le Nord constantinois et enfin de septembre 1960 à avril 1961 où s’est déroulée la grande mission des Aurès (Opérations Ariège, Dordogne, Charente, Isère) et à toutes ces opérations s’ajoutent des missions dans l’Atlas saharien. Il pleuvait des paras qui avaient poussé comme des champignons, des bérets verts héliportés et de légionnaires qui sont largués dans nos montagnes et dans tous les massifs forestiers, ratissant, patrouillant, fouillant et interrogeant les habitants à proximité des montagnes et des monts environnants. Des bombardements se poursuivent sans interruption pendant des heures et des jours, des dizaines de milliers de soldats, des avions et des hélicoptéres avaient été déployés, c’était un véritable rouleau compresseur qui est lancé, que ce soit à Timezrit ou à Sidi Ali Bounab où les escadrilles se succédaient au dessus des têtes et où la forêt de Sidi Ali Bounab connue des va-et-vient de bombardiers, d’hélicoptères (bananes).Tous les douars situés sur le périmètre étaient dévastés : la population est massacrée, les femmes touchées dans leur dignité, les maisons incendiées, même le napalm a été utilisé contre les maquis de l’ALN. La folie meurtrière de l’armée coloniale française n’avait épargné ni femmes, ni enfants, ni vieillards, ni malades et pas même le bétail qui fut décimé, alors que des forêts entières ont été incendiées à la suite de bombardements de l’aviation. Mais c’était sans compter sur la détermination des moudjahidine, structurés au sein de l’ALN, des moussebiline mais aussi la solidarité qui a été témoignée par la population et qui faisait la grandeur de la Révolution de novembre 1954. Si de nombreuses katibas ont été décimées, pour autant le lien avec les populations civiles n’a pas été rompu et peu à peu les maquis se sont reformés. L’ALN a restructuré ses élements en petits groupes qui ont été chargés d’aller à la recherche de l’information, de la nourriture et de l’eau. C’est au cours de ces déplacements qu’ils affrontèrent les commandos de chasse, déployés en toile d’araignée. Les combattants algériens reprennent du poil de la bête et pas moins de six mois plus tard les forces de reserve se retirèrent un peu partout, puis ce fut certaines unités de l’armée de l’air qui furent rappelées en France en même temps que certains postes militaires, laissant des zones libérées, l’armée coloniale s’est montrée impuissante voire inefficace contre une guerre populaire, contre une guerre de libération. Le Plan Challe a été un échec et impliqué dans le putsch des généraux tombés en disgrâce. Challe, face à ses juges, se retrouva seul et fut condamné à la détention en forteresse pour purger une dizaine d’années. Quant à nos maquis, ils sont là, toujours là avec des histoires inoubliables de nos vaillants combattants qu’on voudrait bien connaître, malheureusement nos massifs forestiers ne peuvent pas parler. Reconversion du camp de torture de la ferme Cortesse en monument historique, c’est un tristement célèbre camp de torture du colonialisme français qui devrait être transformé en un monument historique avec une plaque commémorative : Des dizaines et des centaines d’Algériens ont subis des atrocités dans ce lieu macabre, la plupart sont décédés mais d’autres pris par l’âge ont la chair de poule lorsque vous leur parlez de ce centre de concentration.
Kouider Djouab