Une pratique quotidienne

Promotion de tamazight à Ghardaïa

La sauvegarde, la protection et la promotion de la langue tamazight passent inéluctablement par sa pratique quotidienne, son enseignement et par la production littéraire et artistique, estiment des linguistes de la région du M’Zab à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la langue maternelle (21 février).

Des spécialistes de la langue amazighe dans la région du M’Zab ont loué la place de tamazight dans la récente révision de la Constitution, qui l’a consacrée langue officielle, et ont appelé à son intégration dans les chantiers de la réforme et de la modernisation de l’administration en vue d’améliorer les relations entre l’administration et les citoyens. «L’introduction de l’enseignement de cette langue maternelle dans le système éducatif doit être élargie au cycle préscolaire, à la formation et également au cycle universitaire avec la création d’un centre de recherche et d’étude», a estimé Bakir Metahri, jeune universitaire et chercheur dans la langue locale. Pour les Ghardaouis, tamazight locale est fortement pratiquée entre les citoyens à différents niveaux. Il est également constaté son utilisation dans les supports d’information et de communication, en particulier les sites web, la radio, les réunions, ce qui contribue à sa promotion, a-t-il précisé.
De son côté, le professeur de langue amazighe à Ghardaïa, M. Ishak estime que la promotion de cette langue et de sa culture «passe nécessairement par la mise en valeur d’activités artistiques et culturelles et non pas seulement à travers son enseignement». «Mon expérience professionnelle montre que l’art dramatique, les activités théâtrales sont des moyens appropriés pour la promotion de la langue et de la culture amazighes qui constituent un capital fondamental de notre personnalité et d’identité», a-t-il souligné. L’Algérie a réalisé des «avancées significatives» pour la promotion et l’enrichissement de l’enseignement de tamazight dans toute sa diversité et ses treize variantes parlées en Algérie, a souligné, pour sa part, Brahim Abdesslam, un chercheur sur la langue amazighe locale. Pour ce chercheur et membre de la fondation de «Aydelsite» (matinée) pour la promotion de la culture tamazight, «la conjugaison des efforts de l’ensemble des acteurs, institutions, individus et collectivités est indispensable pour la promotion de tamazight».
«Le renforcement de la place de la culture et de la langue amazighe au sein du tissu culturel national nécessite des études de recherches linguistiques, une production littéraire, la traduction à partir des autres langues vers tamazight et la formation des enseignants. Il est également important d’inciter la population à la lecture», a indiqué M. Abdesslam. Pour cela, a-t-il relevé, «notre fondation (Ayedeliste) a organisé un cycle de formation de formateur de l’enseignement de la langue locale au profit de 32 personnes dont des femmes en vue d’intégrer cette langue et la culture amazighes locales dans le projet sociétal, a-t-il ajouté.
Se félicitant par ailleurs, de l’intégration de la langue amazighe au sein des programmes scolaires dans la wilaya, M. Abdessalam a indiqué que la Radio locale diffuse quotidiennement des émissions dédiées à la femme, à la famille et un programme d’information en tamazight. Ajouter à cela, la production générale et variée dédiée au large public amazigh, la chaine 4 de l’ENTV diffuse quotidiennement des émissions culturelles de divertissement et d’information ainsi que le lancement par l’Agence de presse Algérie Presse Service (APS) d’un site en tamazight, ont permis d’offrir l’actualité en langue amazighe tant pour le public que pour les professionnels du secteur, a souligné le linguiste.
R. C.