Le mouvement populaire soumis à double épreuve

Les manifestants ont mis de côté les mesures barrières anti-Covid-19

Les manifestants ont quitté les rues, en mars 2020, pour cause de la pandémie du Coronavirus. Lundi et mardi derniers, les Algériens ont massivement réinvesti les rues et les allées de la capitale, Alger et celles de plusieurs autres villes du pays pour célébrer le deuxième anniversaire du déclenchement du mouvement populaire, le 22 février 2019, dans un contexte sanitaire similaire.

Les figures de la majorité des manifestants ne portaient pas de masques. Ils ont mis de côté tous les gestes barrières emblématiques de lutte contre le Coronavirus qui circule toujours. Un comportement qui a suscité l’inquiétude de nombreuses personnes qui insistent sur le respect scrupuleux du port du masque, convenablement, pour se protéger et protéger ses proches. Ce n’est guère un appel à la peur, mais à la vigilance pour préserver le «Hirak» et la santé publique. La pandémie du Covid-19 est toujours présente. Pour atteindre ses objectifs, il faut «rester en bonne santé». Lutter ensemble contre la Covid-19 est indispensable. En une année, ce virus a multiplié les défis auxquels sont confrontés les citoyens et l’Etat qui a décidé, par mesures de sécurité et de prévention, d’imposer un confinement strict à l’intérieur du pays et interdire les voyages de et vers l’Algérie.
Avec l’amélioration de la situation sanitaire, depuis quelques mois, et le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19, les autorités ont desserré l’étau sur plusieurs activités, interdisant, par ailleurs, les célébrations et les rassemblements publics. Malgré cette interdiction, les manifestants ont pu célébrer massivement l’anniversaire de la deuxième année du Hirak qui s’est déroulée sous la haute surveillance des forces de l’ordre. Toutefois, l’optimisme d’un retour en force du mouvement populaire a fait oublier aux manifestants le respect de la mesure emblématique du port du masque et le contexte sanitaire exceptionnel que vivent le pays et le monde entier depuis plus d’un an. Il leur paraît sans doute très difficile dans un mouvement de masse populaire de respecter ces recommandations, alors que les professionnels de la santé et les autorités ne cessent depuis des mois d’appeler au respect scrupuleux des mesures barrières.
La conséquence d’une telle négligence représente un risque majeur et pesant sur la santé des manifestants et de leurs proches. Une menace pour la survie de chacun d’eux. Les images et les vidéos reprises par les médias et sur les réseaux sociaux illustrent l’enthousiasme des foules qui célébraient le deuxième anniversaire du «Hirak», mais aussi les retrouvailles entre les manifestants qui se sont perdus de vue depuis des mois à cause de la pandémie. Une conduite à risque qui ne sert, malheureusement, en aucun le mouvement populaire intact après deux ans. Il est, toutefois, du devoir des acteurs du «Hirak» de sensibiliser les manifestants autour du double impératif de se protéger et de protéger ses proches et surtout d’attendre la disparition de la pandémie avant de reprendre la voie de la contestation.
Un retour précoce dans la rue pourrait pousser les autorités qui interdisent, d’ores et déjà, les rassemblements publics, à prendre de nouvelles décisions restrictives, légitimes par rapport au contexte sanitaire actuel. Le même contexte qui a incité les manifestants à suspendre, au mois de mars dernier, le Hirak. La situation sanitaire est toujours complexe et susceptible d’exploser à n’importe quel moment et de créer de nouveaux clusters, alors que le pays ne peut supporter financièrement un autre confinement. Nombreuses sont les personnes qui ont dénoncé le manquement à une obligation de prudence, celle du port du masque, mettant en garde contre la reproduction du virus et la mise en danger d’autrui. D’autres encouragent la prise de conscience citoyenne pour «préserver la santé publique et le Hirak».
Samira Takharboucht