Baisse du pouvoir d’achat ou hausse de la marge bénéficiaire ?

Hausse des prix des produits de consommation

Le consommateur algérien fait face à la crise économique marquée par l’augmentation des prix de produits de consommation. Les ménages tentent, tant bien que mal, d’équilibrer entre leur salaire, qui n’a pas augmenté, et leurs besoins mensuels en consommation.

Alors que les prix des produits ont d’un coup flambé, les salaires, eux, restent figés, en plus de la dévaluation du dinar engendrée par la crise sanitaire depuis la propagation du Covid-19 en Algérie en mars de l’année dernière. Dans quelques jours, le pays aura passé une année jour pour jour où des mesures de confinement ont été mises en place par le Gouvernement, afin de tenter de diminuer les cas de victimes de ce virus.
Entamées par la fermeture de la majorité des commerces, ensuite leur réouverture partielle, ces derniers viennent à peine de retrouver leur souffle. Néanmoins, le marché reste impacté par une crise sans précédent où les prix ne cessent de hausser. Cela est-il dû à la baisse du pouvoir d’achat du citoyen ou la hausse de la marge bénéficiaire ? Les prix de plusieurs produits flambent sur le marché. Alors que les producteurs et les importateurs pointent du doigt la dévaluation du dinar, les consommateurs affichent de plus en plus leur indignation.   Après les produits céréaliers, les produits laitiers et les conserves, les prix d’autres produits ont connu ces derniers temps des hausses notables. «Elle est de 15 à 20 DA», constate Mustpaha Zebdi,  président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (Apoce) qui s’étend de l’envolée du prix de l’huile végétale «alors que son prix est réglementé».
Le Professeur en économie, M’hamed Hamidouche, alerte également sur cette «variation» des prix allant de 300 à 400% qui «fragilise le pouvoir d’achat».  Il estime que cette hausse n’est pas engendrée par une hausse de la demande, mais par l’augmentation de la marge bénéficiaire. «Pour les produits importés, on constate que les parts de marché sont monopolisées par certains privés, qui, au vu de leur nombre, réduit la concurrence et engendre une hausse des prix quelle que soit la conjoncture économique», déplore l’économiste.      Au niveau des consommateurs, c’est l’indignation. Dans un reportage diffusé sur la Chaîne III de la radio algérienne des citoyens de différentes strates sociales affichent leur mécontentement et appellent au contrôle des prix pour atténuer cette saignée des bourses ménagères.
Pour rappel, en janvier dernier, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, avait affirmé que la hausse des prix de certains produits sur le marché national est due à l’augmentation des coûts mondiaux des matières premières, des coûts de la logistique et à la baisse du dinar. En revanche, M. Rezig avait assuré que les prix des produits de première nécessité n’ont pas connu d’augmentation, notamment grâce à la surveillance quotidienne des services du ministère. «Il n’y a pas eu d’augmentation de prix des produits de base, mais l’augmentation des prix de certains autres produits est due à l’augmentation des cours mondiaux, la hausse des coûts logistiques et la baisse du dinar», avait expliqué M. Rezig, assurant que son département surveille quotidiennement l’évolution des prix et se tient prêt à prendre les dispositions nécessaires contre les spéculateurs.
Jeudi dernier, le ministre avait affirmé que la protection du consommateur nécessitait la conjugaison des efforts de tous, pouvoirs publics, associations professionnelles et celles de protection du consommateur. Présidant une journée d’études sur «le système de régulation de la qualité et de protection du consommateur», Kamel Rezig avait estimé que la dynamique de développent que le pays connaît doit inclure toutes les régions du pays, soulignant que cette tendance vers la complémentarité ne saurait se réaliser sans une politique commerciale inspirée de la stratégie économique nationale, basée sur la protection de la santé et la sécurité du consommateur et la préservation de son pouvoir d’achat. Rezig avait ajouté que son ministère œuvrait à «réguler le marché pour qu’il soit basé sur la concurrence loyale, au profit du consommateur et mettre en place des mécanismes qui lui permettent de faire le bon choix, tout en faisant obligation aux opérateurs économiques de l’informer de manière transparente de toutes les questions liées aux biens et services».
Djamila Sai