La Banque d’Algérie se prépare aux défis de l’après-Covid-19

Politique monétaire, liquidité, inflation et baisse de la valeur du Dinar…

La Banque d’Algérie (BA) se veut rassurante. Elle est revenue dans sa dernière note, publiée par l’Agence presse service (APS), avant-hier, sur les résultats obtenus en manière de stabilité financière et macroéconomique en 2020, mettant un point d’honneur sur ses engagements en faveur des banques nationales, lourdement affectées par la crise sanitaire du Covid-19.

Face à cette impasse, la Banque centrale a décidé, pour rappel, de dispenser les établissements bancaires de l’obligation de constituer les réserves de sécurité après avoir abaissé son taux directeur de 10% à 3%, depuis le mois de mars 2020, dans l’objectif d’encourager l’activité des banques commerciales, mais aussi endiguer, en parallèle, la crise de liquidité au niveau des établissements financiers. Grâce, également, à «l’augmentation des seuils de refinancement des titres publics négociables, de l’allongement de la durée du refinancement de 7 jours à un mois et de la satisfaction totale des demandes de refinancement des banques». Ces mesures ont contribué, d’après sa note, à stabiliser l’économie algérienne qui doit faire face à l’érosion des réserves de change (43 milliards de dollars), la baisse de la valeur du Dinar et surtout à l’accélération de l’inflation.
Ce sont les effets secondaires de la hausse de la masse monétaire, auxquels devra faire face, également, la Banque d’Algérie qui essaie de lutter contre la chute des indicateurs macroéconomiques prévus en 2021 (selon les prévisions de la loi de Finances 2020). Toutefois, l’amélioration du niveau de la liquidité bancaire a soulagé substantiellement l’économie nationale. «La politique monétaire adoptée par la Banque d’Algérie a réussi à améliorer le niveau de la liquidité bancaire, qui a atteint plus de 632 milliards (mds) de dinars à la fin 2020, après avoir chuté à moins de 462 mds de dinars à la fin des neuf premiers mois de l’année, du fait du déficit courant de la balance des paiements et des impacts économiques de la pandémie de la Covid-19», a indiqué la note de la BA, qui tente, depuis des mois, de mettre en place des mesures adéquates afin de compenser l’affaiblissement de l’influence des banques commerciales sur la production économique et regagner sa crédibilité auprès des institutions financières et des clients.
Durant l’année 2020, l’Algérie a été touchée par une grave crise de liquidité qui a conduit à la dégradation des indices économiques, mais aussi sociaux. Ce qui a incité la BA à agir et à réadapter sa politique monétaire afin d’installer un climat de confiance dans la solvabilité des banques commerciales en difficulté. Ces mesures ont augmenté le ratio de solvabilité globale des banques et celui des fonds propres qui ont atteint respectivement, selon la même source, 18% et 14%. Des seuils «largement supérieurs aux minimas réglementaires exigés, à savoir au moins 7% pour le coefficient des fonds propres de base et 9,5 % pour le coefficient de solvabilité», a noté la BA.
Un retour à l’inflation confirmé !
L’institution financière a noté, entre autres, l’augmentation de la masse monétaire (M2) de 7,12% à fin 2020, et «après avoir enregistré un recul de 0,78% à fin 2019». Cette tendance n’est pas propre à l’Algérie, toutefois, elle peut constituer un signal d’alarme qui veut son impact sur une éventuelle hausse du rythme de l’inflation qui est déjà supérieur à 2%, au premier mois de 2021. C’est du moins ce que certifie la hausse des prix sur le marché national. Le pays est confronté à une situation financière et économique très fragile. Hausse de la dette publique et même celles des entreprises. Dans le même sillage, la Banque d’Algérie a indiqué que «la circulation fiduciaire hors banques est, quant à elle, passée à 6.140,7 mds de DA à fin 2020, contre 5.437,6 mds de DA à fin 2019, soit une augmentation de 12,93%. Ce qui correspond, estime la BA, à 34,73 % de la masse monétaire M2 à fin 2020 contre 32,94 % à fin 2019», ce qui a impacté l’épargne. D’ailleurs, selon la même note, les dépôts ont «diminué de 3,22%, soit 4.211 milliards DA à fin 2020».
Idem pour les dépôts à vue collectés auprès du secteur public ont fortement baissé de 17,80% à fin 2020 au moment où les dépôts à vue collectés auprès des entreprises privées et des ménages ont, pour leurs parts, augmenté de 10,62% et 9,01%, respectivement», relève la même note, ajoutant que «les dépôts à terme en dinars, collectés auprès du secteur public, ont connu une baisse de 7,86% alors que ceux collectés auprès des entreprises privées et des ménages ont enregistré une hausse de 30,53% et 2,70%, respectivement». Par ailleurs et en dépit de la crise de la Covid-19, «les crédits à l’économie ont enregistré une croissance de 3,05% en 2020 contre 8,84% en 2019». Pour maintenir sa stabilité et sécuriser ses objectifs économiques, l’Algérie double de prudence et d’efforts.
Depuis des mois, elle intensifie sa lutte contre la corruption, la fraude et le blanchiment d’argent. Un enjeu sécuritaire. Avant-hier, le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a installé «le Comité national d’évaluation des risques de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme et du financement de la prolifération des armes de destruction massive». «Il permettra à notre pays d’effectuer l’évaluation nationale des risques de blanchiment d’argent, de financement du terrorisme et de financement de la prolifération des armes de destruction massive, et, partant, mettre au point une stratégie nationale pour atténuer ces risques», a-t-il expliqué. L’Algérie devra relever de grands défis économiques et sécuritaires pour sortir de la multi-crise qu’elle traverse depuis des mois.
Samira Takharboucht