Les investissements passés au peigne fin par le wali

Développement local à Annaba

Chaque lundi de la semaine, se tient au siège de la wilaya d’Annaba une réunion de la cellule d’écoute, cadre d’échanges avec les investisseurs locaux, institué par le wali d’Annaba depuis la fin de l’année écoulée, sur instruction du Premier ministre, pour une prise en charge réelle et diligente des préoccupations multiples des investisseurs de la wilaya, en particulier celles ayant trait aux problèmes rencontrés dans la réalisation de leurs projets.

Et ces problèmes sont nombreux et parfois complexes, aussi bien aux yeux de la loi que sur le terrain à proprement parler. C’est ce qui nous a été donné de constater de visu lors de la réunion hebdomadaire de la cellule d’écoute tenue dans l’après-midi du lundi 1 mars 2021, sous la direction de Djamel Eddine Berimi, wali et en présence des membres de l’exécutif local et de Mme la wali déléguée de la nouvelle ville Si Mostefa Benaouda ou Draa Errich pour le commun des Annabis. Durant cette réunion qui a duré plus de deux heures et demie, Les membres de la cellule, et notamment le wali détendeur du pouvoir de décision, ont prêté une grande attention aux différents exposés des investisseurs, parfois à leurs doléances tout court, afin de comprendre les problématiques posées sur le plan investissement local, mais aussi pour permettre au wali d’apporter ,séance tenante, les solutions appropriées aux questions pendantes, quand cela relevait de ses prérogatives directes, en tant que représentant de l’Etat au niveau local.C’est ainsi que les projets d’équipement public et d’investissement privé au nombre de 18 de la nouvelle ville de Draa Errich ont été exposés par le responsable de l’EPIC en charge de l’aménagement de cette nouvelle agglomération urbaine appelée à accueillir dans un avenir proche 200.000 résidents. Ces projets couvrent une large gamme d’activités d’utilité publique dans les domaines commercial, socio-éducatif (structures du préscolaire, «crèches d’enfants») et de santé publique, notamment.
Sur les cinq projets relatifs au domaine socio-éducatif, quatre sont avancés, un cinquième est en phase de récupération par les Domaines de la superficie concédée, faute de paiement de redevances domaniales et incapacité avérée à réaliser le projet. Evidemment, tout cela est fait par recours à la Justice par la partie concédante. Le wali n’a pas cessé d’intervenir pour exiger plus de célérité dans la mise en œuvre des mesures conservatoires à même de préserver l’intérêt public en la matière, compte tenu de l’étroitesse des réserves foncières à consacrer aux aménagements urbains dans cette zone et dans toute la wilaya de manière générale, vu l’étendue limitée de son territoire. Joignant l’acte à la parole, il a convoqué une réunion dédiée à ce sujet lundi prochain in situ pour prendre les décisions pertinentes pour booster la dynamique d’équipement de ce nouveau site urbain. Après vint le tour des investisseurs privés qui furent invités en «séance plénière», un à un pour exposer leurs problèmes. Ceux-ci sont variés mais ont un point commun récurrent lié aux délais de réalisations et les écarts constatés par rapport au cahier des charges d’origine, affectant substantiellement la nature et la configuration du projet à réaliser, certains investisseurs se permettant quelques libertés sur le terrain qui entrent en conflit sur le terrain avec des servitudes publiques relatives au transport de gaz et d’électricité pour la population.
Parfois, les problèmes sont liés au changement d’intitulé du projet et assez souvent au non-paiement des redevances domaniales pour les terrains concédés, à cause d’une mauvaise interprétation de la loi qui ne lie pas le paiement de la redevance au démarrage du chantier mais à la prise d’effet du contrat de concession de longue durée. Tous les investisseurs qui se sont succédé ont présenté leurs arguments ou leur façon d’appréhender les choses. Les directeurs de l’exécutif ont apporté, chacun dans son domaine, les explications légales ou techniques nécessaires pour permettre au wali de trancher dans le vif «dans l’intérêt de la population annabi», comme il a tenu à le souligner à maintes reprises. Deux dames investisseuses ont fait partie du lot, l’une derrière un projet d’hôtel urbain, l’autre derrière un projet de pépinière de fleurs. La pépiniériste a demandé, chose rare, à ce qu’on lui réduise de moitié la surface concédée de 2 à 1 ha, arguant du fait que la surface inexploitable se trouve sur une parcelle de terrain d’une ancienne décharge. Elle a eu droit aux explications nécessaires lui demandant par ailleurs de s’adapter à la réalité du terrain qui, sur le plan pédologique, ne fait pas obstacle à pareil projet.
L’enseignement à tirer de cette réunion périodique est que beaucoup de choses sont à revoir en matière d’aménagement de l’espace et que des efforts restent à faire en matière d’assainissement du foncier pour arriver à une exploitation plus rationnelle du foncier dans la wilaya d’Annaba, de surcroît pas très riche en la matière. A ce propos, le wali d’Annaba a indiqué que 70 parcelles de foncier non exploité ont été récupérées à ce jour et que les faux investisseurs seront débusqués et délogés au profit de ceux qui veulent travailler au service de la population, tout en fructifiant leur propre patrimoine. Alors qu’on l’écoute est suivie de décisions exécutoires, cela ne peut que booster le développement local dans le bon sens. Comme l’est l’initiative du groupe de jeunes porteurs du projet de «Annaba Innovation Center» au service des start-up et ayant beneficié d’une affectation à El Bouni d’un espace préamenagé. Et Djamel Eddine Berimi, wali d’Annaba, selon les propos qu’il a martelés avec fermeté, se veut le garant de cette démarche gagnante. Gageons que le temps lui donnera raison, contre vent et marée, dans cette wilaya indéchiffrable à plus d’un titre.
Par Abdelali Kerboua