Une lueur d’espoir pour l’économie nationale ?

Le prix du baril de Brent frôle les 70 dollars

Le vendredi 5 mars 2021, le cours du pétrole donnait des signes de fébrilité, en l’occurrence bienvenue, en clôturant la semaine de cotation à Londres à un niveau jamais égalé depuis quatorze mois en affichant un prix à la clôture des échanges à la Bourse de Londres (ICE) à 69,36 USD pour les livraisons à satisfaire durant le mois de mai prochain.

Sans chercher un lien de cause à effet direct, il est admis que la décision prise par les producteurs réunis dans le cadre de l’Opep+ jeudi dernier y est pour beaucoup puisque cette coalition de circonstance a maintenu son niveau de réduction de la production journalière à 7,2 millions de barils pour un mois encore courant jusqu’à la fin du mois d’avril 2021,en jouant la carte de la prudence, au vu des effets encore timides de la campagne vaccinale à l’échelle mondiale contre la Covid-19 et son impact attendu en matière de relance de l’économie mondiale et le retour à une consommation de pétrole au niveau qui prévalait avant la pandémie de Coronavirus, c’est-à-dire au début de l’année 2020.Cette perspective d’amélioration des revenus de l’économie algérienne à travers les recettes pétrolières de Sonatrach qui ont chuté à un niveau record de 24 milliards USD en 2020 pour des causes structurelles propres au fonctionnement du secteur énergétique en Algérie, aggravée par la crise cyclique des cours pétroliers sur fond de pandémie mondiale, ennemie imprévue de la consommation mondiale d’énergie.
Tout cela a compliqué les calculs et projections de relance économique avec l’arrivée au pouvoir du Président Abdelmadjid Tebboune en décembre 2019, juste au moment du déclenchement de la pandémie du Coronavirus en Chine, avant l’apparition du premier cas en Algérie en février 2020. Ceci est rappelé pour contextualiser les choses afin de comprendre les évènements qui ont impacté l’économie algérienne qui a connu une année ayant réduit sérieusement ses capacités de production et son pouvoir d’achat international indexé essentiellement au cours du baril de Brut. Dans pareil contexte, il faut se satisfaire des bons côtés de ce qui se comptabilise en moins. Et à ce titre, le fait que les importations soient réduites de 18 % en 2020 par rapport à 2019 est un signe probant que l’économie algérienne réduit la voile pour ne plus vivre au-dessus de ses moyens, surtout si cette propension à dépenser plus ce que l’on gagne est souvent surfaite pour permettre de dégager des «excédents» à l’étranger au profit d’une catégorie d’importateurs qui ont utilisé le canal de la surfacturation comme instrument privilégié de détournement de ressources en devises mises à leur disposition par la Banque d’Algérie et puisées, in fine, sur le stock des réserves de change, monnaie d’échange de l’économie nationale pour tout positionnement favorable dans les échanges internationaux où la souveraineté de la décision économique ne serait pas frontalement questionnée, surtout par des instituions connues pour leur rôle de surveillant de la bonne conduite des Etats emprunteurs potentiels, surtout ceux en situation de vulnérabilité évidente. Et sous cet angle, le FMI est à l’affût et il est bien dans son rôle tout simplement.
Ce niveau de 70 dollars US pour un baril de Brent sur lequel est indexé le prix de cotation du Sahara Blend algérien est une bouffée d’oxygène pour l’Algérie qui pourrait acquérir les moyens financiers en 2021 pour rééquilibrer ses comptes, à commencer par sa balance commerciale, et freiner, un tant soit peu, l’érosion de ses réserves de change, et éventuellement reconstituer progressivement les ressources du FRR (fonds de régulation des recettes) et le réserver à des fins d’épargne à long terme, tel qu’il avait été conçu au départ, du temps où le professeur Abdelatif Benachenhou était ministre des Finances durant le premier mandat du président déchu. Maintenant, reste la question de l’usage de ce redressement prévisible des revenus rentiers qui doit être entouré de la plus grande précaution pour aller booster les investissements productifs et fluidifier les circuits de crédit à l’économie, moteur de la relance économique qui doit tracer les sillons de la diversification économique, à même d’offrir des opportunités de sortie à terme de l’économie rentière.
Tout cela pour dire qu’une tendance de redressement des cours pétroliers est la bienvenue quand bien même cela ne nous dispense point de mener rapidement les réformes nécessaires qui permettraient de rationaliser l’affectation des ressources tirées pour le moment de l’exportation des hydrocarbures pour optimiser l’emploi de tout dollar gagné en le transformant en un dinar créateur de valeur ajoutée dans les circuits internes de l’économie algérienne et ne pas succomber facilement, comme c’était l’usage sous l’ancien régime, à la tentation généreuse et populiste de financer la paix sociale, sous différents stratagèmes de création d’emplois au profit de la jeunesse en particulier, malheureusement non-inscrits dans la durée. Ceci dit, l’Etat social peut assumer son rôle autrement et plus efficacement. En réduisant la pression sur les ressources financières de l’Etat, un cours plus favorable du pétrole permettrait d’envisager l’avenir avec plus de confiance dans notre capacité intrinsèque à surmonter la crise actuelle. Avec plus de sérénité à un moment où les impératifs de changement sont multiples et le temps imparti est désormais compté pour les mener. Et pour cela, prévoyance et vigilance doivent se conjuguer au temps présent. Demain sera là pour nous demander des comptes. Et des comptes, il y en aura. Assurément !
Par Abdelali Kerboua