L’extension de la sphère informelle, produit du pouvoir bureaucratique, est liée au mode de gouvernance

Sphère informelle

L’extension de la sphère informelle est le produit des dysfonctionnements des appareils de l’Etat et de la bureaucratie centrale et locale qui à son tour produit la corruption. Cette sphère utilise des billets de banques au lieu de la monnaie scripturale (chèques) ou électronique faute de confiance, existant des situations soit de monopole ou d’oligopoles avec des liens avec la logique rentière.

A cet aspect, se sont greffés la fraude fiscale, la corruption et les détournements des fonds publics. Un grand nombre d’intermédiaires entre le producteur et le consommateur (agriculture et industries tant pour la production locale que pour les importations) prend des marges non proportionnelles aux services rendus ce qui fait que le contrôle sur le détaillant ne s’attaque pas à l’essentiel. Or, la sphère informelle contrôle quatre segments-clefs : celui des fruits et légumes, de la viande, celui du poisson pour les marchandises locales et pour l’importation, le textile – chaussures ayant un impact sur le pouvoir d’achat de la majorité des citoyens devant analyser les liens entre l’accumulation, la structuration du modèle de consommation et la répartition des revenus par couches sociales, enquêtes inexistantes en Algérie.

5 -Poser les liens entre la sphère informelle et la gouvernance

La lutte contre la sphère informelle implique avant tout l’efficacité des institutions et une moralisation de la pratique des structures de l’Etat elles mêmes au plus haut niveau, niveau de dépenses en contradiction avec les pratiques sociales malgré des discours moralisateurs, avec cette montée de la paupérisation qui crée une névrose collective. C’est seulement quand l’Etat est droit qu’il peut devenir un Etat de droit. Dans ce cadre, la sphère informelle en Algérie est favorisée par l’instabilité juridique et le manque de visibilité de la politique socio-économique. Les entrepreneurs qu’ils soient nationaux ou étrangers demandent seulement à voir clair, du moins ceux qui misent sur le moyen et long terme (investissement inducteurs de valeur ajoutée contrairement à l’importation solution de facilité). Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l’effet inverse et lorsqu’un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation social, la société enfante ses propres règles pour fonctionner, qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s’éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer : exemple les transactions au niveau des frontières pour contourner les myopies des bureaucraties locales, agissant sur les distorsions des prix et des taux de change et le droit coutumier dans les transactions immobilières. Le constat est donc amer, pour les petites bourses, en l’absence de mécanismes de régulation et de contrôle, les prix des produits de large consommation connaissent, comme de coutume, notamment à la veille de chaque fête des augmentations sans précédent, les discours gouvernementaux et les organisations censés sensibiliser les commerçants ayant peu d’impacts, prêchant dans le désert, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques. Cela pose d’ailleurs la problématique de la construction de l’Etat et ses nouvelles missions en économie de marché. C’est faute d’une compréhension l’insérant dans le cadre de la dynamique sociale et historique que certains reposent leurs actions sur des mesures seulement pénales, la taxent de tous les maux, paradoxalement par ceux mêmes qui permettent son extension en freinant les réformes. Cela ne concerne pas uniquement les catégories économiques mais d’autres segments difficilement quantifiables. Ainsi, la rumeur est le système d’information informel par excellence, accentué en Algérie par la tradition de la voie orale, rumeur qui peut être destructrice, donnant d’ailleurs du pouvoir à ceux qui contrôlent l’information. L’utilisation de divers actes administratifs de l’Etat à des prix administrés, du fait des relations de clientèles, transitent également par ce marché grâce au poids de la bureaucratie qui trouve sa puissance par l’extension de cette sphère informelle. Cela pose d’ailleurs la problématique des subventions qui doivent être ciblées, car ne profitant pas toujours aux plus défavorisées rendant opaques la gestion de certaines entreprises publiques qui dans leurs comptabilités additionnent des prix de marché et des prix administrés. En résumé, toute analyse objective de la sphère informelle doit partir d’une analyse globale, des mécanismes de régulation internes largement influencés par la régulation de l’économie mondiale, l’économie algérienne étant une économie rentière exportant 98% en hydrocarbures brut et semi bruts et important plus de 80% de ses besoins de l’étranger. Il y a un lien inversement proportionnel entre l’avancée des réformes structurelles, la sphère informelle, réformes ralenties paradoxalement lors que le cours des hydrocarbures est en hausse alors que cela devrait être le contraire. La dominance de la sphère informelle est la résultante de la faiblesse des réformes renvoyant au mode de gouvernance et à l’incohérence de la politique socio-économique ignorant le fonctionnement de la société, expliquent que les mesures bureaucratiques ont eu un impact mitigé.

(Suite et fin) A. M