Les moudjahidine donnent leurs témoignages

19 mars, journée de la Victoire

Par la voix du secrétaire général du ministère des Moudjahidine et des Ayants-droits, Laid Rebika, qui intervenait, hier matin, sur les ondes de la Chaîne II, l’Algérie a réagi favorablement à la reconnaissance du Président français, Emmanuel Macron, de la responsabilité de l’armée de son pays dans la torture et le meurtre du martyr Ali Boumendjel, la considérant comme une étape positive.

Quant à la décision du Président français de lever le secret sur les archives algériennes, c’est une question purement technique, a-t-il dit. Laid Rebika fait observer que «les grands historiens d’Algérie ont apprécié l’aveu du Président français concernant la responsabilité de l’armée de son pays dans l’assassinat du martyr Ali Boumendjel, comme étant le début d’une réconciliation de la Mémoire. Mais, a-t-il ajouté, pour les Algériens, notre histoire est d’une netteté éclatante, et nous savons très bien que le martyr Boumendjel est mort sous la torture et ceci n’a rien de nouveau pour nous. Quoi qu’il en soit, estime Laid Rebika, cette reconnaissance est une étape positive, mais, a-t-il souligné, nous tenons à dire que l’histoire de l’occupation coloniale de l’Algérie par la France s’étend de 1830 à 1962, et qu’elle ne peut pas être divisée en tranches d’évènements.
Concernant la décision de lever le secret des archives algériennes, le secrétaire général du ministère des Moudjahidine et des Ayants-droits a fait remarquer qu’il s’agit d’une question purement technique. Après 50 ou 70 ans, a-t-il expliqué, il est naturel que les archives ou une partie d’entre elles soient déclassifiées. La récupération de ces archives doit être soumise à certaines conditions et à une étude et un examen attentifs par des spécialistes pour éviter de faire des erreurs. Ces archives, a-t-il poursuivi, ne doivent pas être divisées en évènements ou phases particulières.
Pour Laid Rebika, il faut également travailler à récupérer les archives d’autres pays comme la Belgique, le Liban, la Tunisie, le Maroc et d’autres, et pas seulement la France. Dans le même entretien, le secrétaire général du ministère des Moudjahidine et des Ayants-droits a évoqué la question des atteintes aux symboles de la révolution algérienne, rappelant que la loi à ce sujet est claire, mais ce qui est déplorable c’est que les auteurs de ces atteintes aux moudjahidine et aux martyrs sont inconscients, c’est pourquoi, estime-t-il, il faut continuer avec détermination, à faire connaître davantage le message des martyrs à la nouvelle génération, et lui faire savoir que les atteintes aux symboles de l’Algérie, qu’il s’agisse du chahid, du moudjahid, ou de la veuve de chahid, est une atteinte à l’Algérie dans son ensemble et il sera demandé la peine la plus sévère pour punir leurs auteurs.
Laid Rebika a abordé la question de la collecte de témoignages directs sur la révolution algérienne. Il a révélé la collecte d’environ 35.000 témoignages dans 28.000 heures d’enregistrement comprenant de nombreux témoignages de personnalités et de moudjahidine de premier plan, qui seront étudiés et examinés lors d’une journée d’étude spéciale en vue de leur exploitation. La journée du 19 mars est célébrée comme fête de la Victoire, en référence au 19 mars 1962, qui a marqué le cessez-le-feu après la signature des Accords d’Evian mettant fin à la Guerre de libération nationale contre le colonialisme français Cette célébration est justifiée par la victoire éclatante du peuple algérien face à l’occupant qui n’avait d’autre choix que de reconnaître le droit légitime des Algériens à l’indépendance et à la souveraineté.
L’armée coloniale française appuyée par l’Otan, notamment avec les bombardiers et le napalm, a été vaincue par l’Armée de libération nationale (ALN), formée de militants politiques, équipés en armements légers grâce aux pays frères et amis. La génération de Novembre 1954 a prolongé avec un succès retentissant la résistance de plus d’un siècle à l’occupant oppresseur, depuis le premier jour où il a mis les pieds en Algérie. Le travail mémoriel mené actuellement met à nu la barbarie et la cruauté inconnues dans l’histoire contemporaine, dont à fait preuve le colonialisme français contre le peuple algérien dans une tentative, heureusement vaine, de l’exterminer. Le 19 mars est l’occasion pour les Algériens de rendre un juste hommage aux Chouhada qui ont libéré le pays du colonialisme et de mettre en valeur les qualités humaines qui les ont animés.
Lakhdar A.