«Les SDF sont des êtres humains, ayez pitié d’eux !»

Les représentants de la société civile de Khenchela haussent le ton :

Il semble que rien ne va plus entre les représentants de la société civile et certaines institutions à propos de la situation des sans domiciles fixes (SDF). Plusieurs responsables d’associations et d’organisations des droits de l’Homme de cette wilaya s’agitent de nouveau et réclament une véritable prise en charge de cette catégorie de personne.

Tout a commencé lorsqu’un jeune SDF qui vit dans la rue depuis plusieurs mois a été «chassé» par un citoyen du quartier. Cet état de fait n’a pas été apprécié par les voisins, notamment les jeunes du quartier qui sont venus à la rescousse du jeune SDF. La situation a dégénéré au niveau de ce quartier populaire après que d’autres personnes ont pris position avec l’homme qui a demandé au jeune SDF de prendre ses affaires et de ne plus rester à côté de son mur. L’intervention de quelques sages a évité une bagarre générale dans le quartier dit «cité Yousfi», plus connu sous le nom de «Cité El Hasnaoui». Aidé par les jeunes du quartier, le SDF en question a déménagé un peu plus loin à la grande colère de la majorité des voisins. Ces derniers n’ont pas manqué de saisir les représentants de la société civile qui se sont déplacés sur les lieux en solidarité avec le jeune SDF. «Nous sommes ici pour soutenir ce jeune que nous connaissons dans le passé. Nous avons alerté les responsables compétents mais rien n’a été fait, non seulement au sujet de ce jeune mais également pour les autres cas des personnes sans domiciles fixes», a indiqué un représentant de la société civile. Ce dernier a fait savoir qu’en matière de prise en charge de cette catégorie de personne, rien n’a été fait depuis plusieurs années. Evoquant les brigades de nuit pour le ramassage des SDF, le même responsable a qualifié cette opération de «bricolage». «Ecoutez, les sorties nocturnes permettent certes à la brigade mixte d’évacuer durant la nuit quelques SDF de la rue pour les mettre dans une vielle bâtisse où se trouvent une quinzaine de malades mentaux. Mais ce n’est que partie remise, car les personnes admises au niveau de cette bâtisse se retrouvent dans la rue le lendemain et parfois juste après le départ des membres de la brigade de nuit». Selon les déclarations des représentants de la société civile, les personnes SDF refusent de rester dans cette bâtisse avec les malades mentaux. « Comment voulez-vous que des personnes qui jouissent de toute leurs facultés mentales puissent partager un lieu avec des individus qui souffrent des troubles psychiatriques ? », nous a-t-il expliqués. Nos interlocuteurs ont également fait savoir que même les malades mentaux qui se trouvent dans cette bâtisse se trouvent dans un état lamentable. Quelques réfections ont été effectuées à cette bâtisse mais le plus essentiel qui manquait est la non prise en charge en matière de soins et d’accompagnement des résidents de cette bâtisse, ont-ils fait savoir. Pour plus de détail, nous avons une autre fois pris attache avec le directeur de l’action sociale (DAS) qui nous a répondu, le moins qu’on puisse dire, avec un vocabulaire agressif. Écoutons la réponse de Monsieur le directeur de l’action sociale : « Écrivez ce que vous voulez. La DAS ne gère pas la bâtisse dite «Dar Merkiche». La mère et son fils se trouvent dans la rue, car ils auraient été «chassés» par l’oncle maternel du jeune SDF. Je ne peux pas mettre ce jeune au niveau du centre qui est réservé aux personnes ayant au moins 65 ans. La société civile doit bouger pour nous aider au lieu de nous accuser. Nous avons procédé à l’évacuation de deux ou trois cas vers Alger et vers les wilayas limitrophes». En somme, la situation dans laquelle se trouvent les personnes sans domiciles fixes inquiètent énormément les représentants de la société civile. Des hommes et des femmes dorment à la belle étoile et affrontent le froid, la neige et les pluies diluviennes. Les représentants de la société lancent un SOS en direction des autorités locales de la wilaya de Khenchela. «Les personnes dans la rue sont livrés à elles-mêmes. Cette catégorie de personne a besoin de votre aide, ne leur tournez pas le dos, ce sont des êtres humains comme nous», ont-ils conclu.

Moncef Redha