«L’Algérie ne souhaite pas voir des bases étrangères dans les pays voisins»

Sabri Boukadoum à la Radio Algérie Internationale (RAI) :

Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a évoqué jeudi, dans un entretien spécial accordé à la Radio Algérie internationale (RAI) à l’occasion du quatorzième anniversaire de sa création, les principales questions qui marquent la scène régionale et les grands défis posés à l’Algérie.

Il a, notamment, abordé la question de l’implantation de bases militaires au Sahel, en affirmant que l’Algérie ne souhaite pas, selon ses convictions, voir des bases étrangères dans les pays voisins quelles que soient les motivations. «Il appartient, en toute souveraineté, à chaque gouvernement de décider ce qu’il veut pour se défendre», a-t-il plaidé, mais a-t-il fait remarquer, «la multiplication des bases militaires étrangères, historiquement, n’a jamais apporté du bien». Dressant un tableau de l’action diplomatique dans la région et dans le monde, il a rappelé que «l’Algérie avait besoin d’abord de mettre de l’ordre dans sa maison interne». L’élection du Président Abdelmadjid Tebboune, le 12 décembre 2019, a donné la force nécessaire pour pouvoir agir à l’extérieur, a-t-il fait remarquer.
La situation reste compliquée au Moyen- Orient et dans notre région, au Sahel, en Libye, au Mali et même au-delà, a souligné Sabri Boukadoum. Cela nous oblige à intervenir, a-t-il ajouté, non seulement pour la médiation – c’est le devoir de tout diplomate de faire la paix entre les frères ou d’autres, a-t-il précisé – mais pour des raisons absolument essentielles, que tout le monde doit comprendre : pour la sécurité de l’Algérie. Quand on parle de terrorisme, de l’insécurité, de l’instabilité, du manque de développement, de tous ces défis, y compris les défis environnementaux, cela nous concerne immédiatement, fait observer Sabri Boukadoum. «Quand on parle du Mali, on parle de l’Algérie, quand on parle du Niger, c’est l’Algérie également, quand on parle de la Libye, de tous nos voisins, c’est l’Algérie», a-t-il expliqué.
«Nous avons 7 frontières, et le bonheur d’avoir plus de 7.500 kilomètres de frontières terrestres, mais ça nous fait autant de défis», a-t-il indiqué, que ce soit l’ANP, que ce soit la diplomatie et les citoyens, il rappelle que tous doivent faire preuve, ensemble, de vigilance pour prévenir toute nuisance, relever tous les défis et éviter toute mauvaise chose qui pourrait survenir au pays. «Ce n’est pas seulement une médiation, c’est un devoir d’intervenir, on le fait pour nous aussi», insiste-t-il. Il a assuré que «l’Algérie se protège bien» contre les différentes menaces et méthodes de déstabilisation employées à ses frontières grâce à «l’Unité de son peuple, la force de l’ANP, la conviction de sa diplomatie et ses actions réfléchies, bien pensées, claires et transparentes». «Nous, nous ne jouons pas derrière les coulisses, ce que nous disons nous le faisons et nous n’avons pas de poignards cachés derrière le dos, ce n’est pas le genre de l’Algérie», a soutenu le ministre.
«Quand on prend la parole à l’ONU, à l’Union africaine (UA) et devant tous nos partenaires, nous disons de manière très claire, très franche, que nous n’avons pas d’agenda caché», a souligné Sabri Boukadoum. Le ministre des Affaires étrangères a confirmé que l’Algérie a marqué son retour sur la scène internationale et régionale par ses efforts diplomatiques et sa médiation dans plusieurs dossiers, à l’exemple du dossier sahraoui et libyen ou encore malien. Un retour constaté depuis l’arrivée du Président Tebboune qui a redéfini les contours de la politique extérieure, qui reste fidèle à ces principes et convictions. Le ministre reconnait que «l’Algérie, est ciblée par d’autres moyens de déstabilisation», ce qui est appelé, dit-il, «la guerre de 4e génération. 5e, voire 6e génération, dites guerres du futur».
Mais «cela n’affecte pas uniquement l’Algérie. Nous nous adaptons à cela», a-t-il affirmé en citant les formes de cette guerre de nouvelle génération : manipulation des foules, intervention au niveau des élections, influence de la population sur son choix démocratique, piratages de sites officiels comme les sites du MAE et de consulats algériens… Sabri Boukadoum est optimiste quant à la riposte des jeunes qui sont les plus à même de répondre à cette guerre, il appelle à être vigilants. Sabri Boukadoum abordé le volet économique que la diplomatie algérienne prend en charge pour promouvoir les produits algériens à l’extérieur et pour attirer les investissements étrangers.
Lakhdar A.