«Le Maroc continue à nier l’existence d’une guerre»

Front Polisario/Allemagne

«Le Maroc continue à nier l’existence d’une guerre» au Sahara occidental en dépit des opérations militaires de qualité menées par l’Armée sahraouie à El Guerguerat, a déclaré mercredi la représentante du Front Polisario en Allemagne, Najat Handi.

Au moment où son armée subit de lourdes pertes le long du mur de sable, le régime marocain qui refuse d’accepter la réalité, continue à cacher à l’opinion publique mondiale l’existence d’une guerre au Sahara occidental, a indiqué Mme Handi dans une déclaration à l’APS depuis Berlin (Allemagne). Le Maroc tente d’induire l’opinion publique mondiale en erreur en faisant croire à une paix et une sécurité dans la région afin de poursuivre le pillage des ressources du peuple sahraoui, a-t-elle précisé. Pour la diplomate sahraouie, le silence de l’occupation marocaine qui nie les attaques de l’Armée sahraouie à El Guerguerat «n’a rien de surprenant», étant donné que le Royaume du Maroc n’a eu de cesse de démentir, des années durant, l’existence d’une guerre avec le Front Polisario avant de se retrouver obligé de lancer les négociations suite aux défaites subies par son armée durant la première guerre de libération.
Les évènements qui se sont produits la nuit du 23 janvier à El-Guerguerat étaient prévisibles et interviennent dans le cadre de la reprise de la lutte armée, annoncée le 13 novembre dernier en réponse à la violation de l’accord du cessez-le-feu par le Maroc, a poursuivi la diplomate sahraouie, rappelant les mises en garde lancées par le Front Polisario dans un communiqué officiel le 18 novembre 2020 concernant les répercussions de cette guerre sur la région entière. Et d’ajouter : «le Front Polisario était clair et précis en annonçant que chaque centimètre des territoires sahraouis occupés sera pris de cible par les bombardements de l’armée sahraouie. Nous avons averti et nous continuons de le faire car le pire est à venir». La diplomate sahraouie a imputé au régime marocain «la responsabilité de tout préjudice causé aux civils marocains ou étrangers présents sur les sites militaires», affirmant que «le peuple sahraoui est convaincu après des décennies d’attente et de résistance pacifique que la lutte armée est le seul moyen de s’affranchir de l’occupation marocaine pour l’édification d’une République sahraouie indépendante et souveraine sur l’ensemble de ses territoires».
Et d’ajouter : «l’organisation d’un référendum libre, juste et transparent est un droit inaliénable par la force du droit international». S’agissant des espoirs fondés sur le nouveau président américain, Joe Biden, la diplomate sahraouie a souligné que la nouvelle administration américaine est en phase de réviser plusieurs décisions prises par l’administration de Trump, ce qui représente déjà «un indicateur positif témoignant de la volonté de la nouvelle administration américaine de corriger les erreurs de l’ex président». «Nous fondons de grands espoirs sur Biden pour l’annulation de la décision de Trump qui ne change en rien la nature juridique de la question sahraouie, en tant que question de décolonisation inscrite à l’agenda de l’Onu depuis les années 60».
Mme Najat Handi a exhorté, en outre, la communauté internationale à faire pression sur «l’occupant marocain» pour l’amener à respecter le droit international et permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination, et à intervenir auprès de la nouvelle administration américaine pour annuler la décision de Trump. Enfin, la diplomate sahraouie a appelé les pays européens à revoir leur politique économique avec le Royaume du Maroc et l’accord de partenariat autorisant le Maroc à piller les richesses du peuple sahraoui.

Des organisations protestent contre la vente d’un navire de guerre espagnol au Maroc
Douze organisations à caractère juridique et sociale ont dénoncé jeudi la vente d’un navire de guerre espagnol à la marine marocaine, estimant qu’une telle transaction contrevenait à la législation espagnole sur le commerce des armes et au droit international, rapporte l’agence de presse sahraouie SPS. Une lettre de protestation a été déposée par ces organisations auprès du ministère espagnol de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme pour réclamer l’interruption de cette opération de «vente illégale» d’un navire de patrouille à haute altitude (OPV).Le navire en question devrait être construit par la société publique Navantia, précise la même source, ajoutant que l’annonce en rapport avec la transaction a été faite, le 8 janvier dernier, par la ministre des Finances, Maria Montero.
Les organisations en question considèrent que la vente du navire de guerre «s’inscrit dans le cadre de la reprise du conflit armé entre le Maroc et le Front Polisario, et de l’intensification de la répression marocaine contre la population civile sahraouie dans les zones occupées du Sahara occidental, confirmée par la organisations de défense des droits humains et dont le gouvernement allemand a fait écho ces derniers jours», ajoute l’agence sahraouie. Selon elles, l’administration espagnole est censée « refuser les autorisations d’exportation de matériel militaire vers le Maroc conformément à la loi 53/2007 du 28 décembre 2007, au décret royal 679/2014 (qui intègre également les limitations prévues dans la réglementation internationale) et à l’application de la position commune 2008/944/PESC approuvée par le Conseil de l’Union européenne le 8 décembre 2008».
Par ailleurs, «la vente du navire viole également la responsabilité juridique de l’Espagne en tant que puissance administrante du territoire non autonome du Sahara occidental, reconnue par les Nations Unies et la justice espagnole et européenne elle-même», assurent les mêmes organisations. Elles citent également l’engagement exprimé dans une déclaration officielle, le 13 novembre 2020, par le ministère des Affaires étrangères espagnol de «soutenir l’ONU pour garantir un cessez-le-feu au Sahara occidental». «La guerre entre le Maroc et le Front Polisario, conséquence de la rupture du cessez-le-feu de 1991 par l’armée marocaine dans la zone tampon d’El Guerguerat, menace la stabilité de la région en raison de son éventuelle extension à la frontière avec la Mauritanie, déjà victime d’attaques des forces marocaines qui ont confondu ses troupes avec celles du Front Polisario», expliquent-elles encore.
D’autre part, la lettre de protestation rappelle que « le retour aux hostilités est une préoccupation exprimée par l’Union africaine lors de son Assemblée extraordinaire du 6 décembre, et que la société publique espagnole Enaire, en charge de la gestion de la navigation aérienne, a déconseillé de survoler le Sahara occidental». Il est souligné aussi que «l’achat d’armes par le Maroc est une question sensible, compte tenu de ses intérêts expansionnistes, qui atteignent les eaux des îles Canaries, et de sa situation économique précaire, deux facteurs contraignants dans les réglementations nationales et internationales pour autoriser ces exportations». Cette lettre de protestation fait suite à la manifestation organisée le 27 février au siège de Navantia à Cadix par la population sahraouie de la diaspora et le mouvement de solidarité avec le peuple sahraoui.
R. I.