Mobilisation contre la corruption

L’appel du Président Tebboune

«Nous sommes appelés avec la participation de tous, classe politique, société civile, organisations, syndicats et élites, à opérer une rupture radicale avec les pratiques de la honte et à aller de l’avant, résolument et fermement, dans la lutte contre la corruption et à mettre à nu les intentions et démarches des corrompus et leurs résidus, à l’affût de la moindre occasion pour semer le doute et attiser les discordes».

C’est sans doute le passage essentiel dans le message du Président Abdelmadjid Tebboune, lu en son nom par le Secrétaire général du ministère des Moudjahidine et des Ayants-droits, Laïd Rebika, à Tlemcen à l’occasion du 59e anniversaire de la Fête de la Victoire. Le Président Tebboune a fait état «des entraves et des imprévus induites par la propagation de la pandémie Covid-19 qui se sont dressées sur notre chemin», mais en même temps, il a désigné les «corrompus et leurs résidus» tout aussi responsables des retards dans l’application de ses décisions. Au début de ce mois, lors d’une entrevue avec des responsables de médias nationaux, le Président Tebboune avait appelé au «changement des mentalités dans l’administration qui bloque parfois les décisions prises par le Président».
Il s’était engagé à lutter farouchement contre ces comportements. C’est la condition pour la construction de l’Algérie nouvelle. Il avait fait observer que «les changements sociétaux entraînent des changements institutionnels», et mis en garde contre les velléités de certaines parties visant à bloquer le changement souhaité par «une contre-révolution». «Nul ne peut stopper le cours du changement», avait-il indiqué, affirmant que «l’Etat a lancé les changements revendiqués par le peuple algérien, tandis que des personnes limitées à la mentalité sclérosée réclament le changement, tout en refusant eux-mêmes de changer». Pour le Président Tebboune, «le développement de l’Etat passe par l’évolution de son peuple». Constatant que l’argent sale «ronge encore la société et dont l’ampleur sera révélé au grand jour grâce aux investigations», le président de la République avait mis en garde contre «une contrerévolution qui recourt à l’argent sale et à des personnes en connivence avec d’autres qui sont détenues», jurant qu’ils «payeront le prix cher» pour leurs actes.
Les arrestations, les procès, les condamnations et l’emprisonnement des oligarques et de leurs complices, parmi les anciens hauts responsables dans l’Etat, n’ont pas permis encore d’éradiquer le fléau de la corruption qui plonge ses tentacules en profondeur dans les administrations. La pratique de la tchipa surgie dans les années 1980 à la faveur du désengagement de l’Etat de ses fonctions dans la gestion de l’économie, transformé en laisser-faire, a permis le développement de la petite corruption dans les administrations, notamment celles chargées de délivrer les autorisations et celles chargées du contrôle du respect de la réglementation. C’est sans doute à cette période que l’«octroi d’indus avantages» et l’«abus de fonction» ont commencé, puis ont été tolérés jusqu’à se généraliser à tous les échelons, pas seulement au niveau du Gouvernement, comme le prouvent les procès qui ont lieu depuis l’été 2019, mais également aux niveaux intermédiaires et plus bas.
Toute une faune de bureaucrates qui continue d’agir comme avant et de profiter de leurs postes pour s’enrichir, refuse le changement et agit sous diverses formes, parfaitement identifiées, pour freiner la mise en œuvre des décisions du Président Tebboune. En fait, c’est une véritable contre-révolution qui est à l’œuvre. L’appel à la mobilisation contre «les corrompus et leurs résidus» doit être crédibilisé par des mesures concrètes à même de restaurer l’autorité de l’Etat et regagner la confiance des citoyens. En prêtant serment le 19 décembre 2019 comme président de la République, Abdelmadjid Tebboune a placé la lutte contre la corruption au rang de priorité, et affirmé sa détermination à mettre fin à l’impunité. Preuve de cette détermination, dans le même discours d’investiture, il a affirmé que les grâces présidentielles ne toucheraient pas les personnes condamnées et impliquées dans des affaires de corruption. En excluant l’argent du processus électoral le renouvellement de l’Assemblée populaire nationale (APN) prévu le 12 juin prochain, sont conçues comme une étape décisive vers l’instauration d’une nouvelle République débarrassée des corrompus et de la corruption.
Lakhdar A.