Posant la problématique de la sécurité nationale, l’inflation et la détérioration du pouvoir d’achat, il s’impose de revoir la gouvernance économique

Développement économique

Comment ne pas rappeler ma contribution, au niveau national et international, sous le titre «Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement, allons faire le marché ensemble» (www.google.com le 8 septembre 2009) toujours d’une brûlante actualité, montrant que les mécanismes de régulation et de gouvernance n’ont pas fondamentalement changé.

Le taux de croissance 2021, rapporté à 2020, donne toujours un taux de croissance faible, en termes réel, entre 0 et 1%, largement inférieur à la croissance démographique, (50 millions horizon 2030), supposant un taux de croissance de 8/9% sur plusieurs années afin d‘absorber 350 000/400 000 emplois par an qui s’ajoute au taux de chômage actuel qui a été de 15% en 2020.

3- L’effet d’anticipation, d’une dévaluation rampante du dinar, via la baisse de la rente des hydrocarbures, risque d’avoir un effet désastreux sur toutes les sphères économiques et sociales, avec comme incidences le taux d’intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport aux taux d’inflation réel, si elles veulent éviter la faillite. Cela freinerait à terme le taux d’investissement utile, la plupart des opérateurs économiques préférant se réfugier soit dans les activités spéculatives à court terme actuellement dominantes. Ce processus inflationniste aura pour conséquence l’accélération du divorce Etat/citoyens accentué par l’effritement du système de la communication officielle, devant mettre fin à certains discours qui jouent comme facteur de démobilisation, tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter. Comment ne pas se rappeler cette image de la télévision algérienne où, à une question sur le taux de chômage, un ministre affirmera que les enquêtes donnent moins de 10% et qu’un journaliste lui répliqua : êtes-vous sûr de vos données ? Oui, répond le ministre.
Ce à quoi le journaliste répliqua sous l’œil amusé de la présentatrice, non convaincue d’ailleurs, qu’il irait faire un tour dans les quartiers Algérie et qu’il dirait aux chômeurs que dorénavant leur appellation n’est plus chômeur mais travaille et la déclaration d’un ministre en 2011 à l’ENTV, en Algérie, il n’y a pas de pauvres mais des nécessiteux», quelle différence ? Et à la fin des années 1987 et après la grande pénurie, à l’ENTV, où un ministre algérien avançait avec assurance que le marché était saturé selon les données en sa possession, la présentatrice lui rétorquant s’il a fait un jour le marché et que la population algérienne ne mangeait pas les chiffres. Et récemment en mars 2021, que l’inflation est maîtrisée, que la relance économique améliorera la cotation du dinar en 2021, alors que plus de 70% des entreprises publiques et privées dues à la fois à l’épidémie du coronavirus et dune gestion mitigée.
Il existe une contradiction dans cette récente déclaration, le PLF-2021 prévoyant 142,20 Da/USD en 2022 et passera jusqu’à 156,78 DA pour 1 USD en 2023, ce qui suppose pas d’amélioration de la situation socio-économique. En prenant un écart de 50% par rapport au marché parallèle nous aurons environ 300 dinars un euro, et sous réserve de la maîtrise de l’inflation, sinon l’écart serait plus important. Car, avec un taux de croissance avoisinant 2/3% entre 2000/2019, avec un taux négatif d’au moins 6% en 2020, l’on ne peut avoir un accroissement de l’emploi où le ministre du Travail avoue que la destruction d’emplois a été supérieure à la création.
En conclusion, le véritable patriotisme des Algériens, quelque soit le niveau de responsabilité, se mesurera par leur contribution à la valeur ajoutée interne. Sans retour à la confiance, la moralisation, facteur de la mobilisation de la population, et notamment des compétences nationales, autour d’un large front national tenant compte des différentes sensibilités, et d’un changement de la gouvernance notamment économique, aucun développement de sortie de crise n’est possible. On ne décrète pas la création d’entreprises facteur de création d’emplois, ne devant pas confondre le tout Etat (solution de facilité des bureaucrates en panne d’imagination) avec l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché. Pourtant l’Algérie, pays à très fortes potentialités, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine a les potentialités pour peut surmonter la crise actuelle (voir interview in American Herald Tribune USA 28/12/2016, Pr A. Mebtoul «Any Destabilization of Algeria would Geo-strategic Repercussions on all Mediteterranean and African Space» et Pr A. Mebtoul, «Algeria Still Faces Significant Challenges, 11 août 2018» de 6,5% selon le FMI.
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul