Quand la technologie devient un moyen à des pratiques malveillantes

«Keddab.com» en compétition au 14e FNTP

La pièce de théâtre «Keddab.com», une comédie qui met en garde contre les méfaits de la technologie lorsqu’elle sert des pratiques malveillantes, a été présentée en tamazight, vendredi à Alger, devant un public restreint.

Mis en scène par Linda Sellam sur un texte de Mourad Snoussi, traduit en tamazight par Mohamed Yergui, le spectacle, déroulé en 60 mn à l’espace Hadj-Omar du Théâtre national Mhieddine-Bachtarzi, aborde dans le rire et la dérision, une relation conjugale en souffrance, rendue par une femme, «Habbouba», qui a cédé au doute et à la suspicion, car son mari irresponsable et infidèle, entretient plusieurs relations extraconjugales à travers les réseaux sociaux et les nombreux appels téléphoniques qu’il reçoit régulièrement. Croyant échapper à la vigilance de son épouse, campée par Souad Hanniz, le mari, rendu par Mohamed Ferchouli, a oublié que «Habbouba» était universitaire et diplômée en informatique. Dans un décor unique multifonctionnel, œuvre de Habbel Boukhari, l’espace scénique sert différents tableaux de la pièce, ceux de l’intérieur d’une maison et d’un restaurant notamment, équipés de quelques accessoires, avec au fond, des portraits et photos de famille.
La bande son, faite d’ambiances festives et de quelques bruitages d’identifiants sonores de messagerie et de sonneries téléphoniques, a judicieusement permis la mise en situation du spectacle également servi par un éclairage judicieux, qui a créé des atmosphères adéquates aux différents tableaux proposés. Rappelant la nécessité de l’entente dans le couple, Souad Hanniz et Mohamed Ferchouli, à la modeste expérience issue essentiellement du théâtre pour enfants, ont brillamment servi le spectacle et occupé tous les espaces de la scène, entretenant la dualité et l’intrigue à travers des dialogues contradictoires et directs, aux humeurs coléreuses, dans un rythme ascendant et soutenu. Par son professionnalisme que le monde du 4e art lui reconnaît, Linda Sellam a su traduire la densité du texte, aux exigences multiples, par une conception taillée sur-mesure et une direction d’acteur des plus concluantes, au plaisir d’un public conquis.

«Angoma», métaphore sur la détresse de la jeunesse dans les sociétés rétrogrades
La pièce de théâtre «Angoma», une métaphore sur la détresse et le désarroi de la jeunesse, proie au manque de perspectives d’avenir et de projets de vie dans les sociétés rétrogrades, a été présentée, jeudi au Théâtre municipal d’Alger-Centre. Inscrite dans la programmation des spectacles hors compétition du 14e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), la pièce, «Angoma», est une production de l’association culturelle «Noussour» pour le théâtre de Tindouf, mise en scène par Dris Benhadid, sur un texte Mohamed El Kamel Benzid, qui traite d’une thématique qui s’inscrit dans le registre du Théâtre de l’Absurde. «Angoma», légende d’une secte qui se sert d’enfants comme gage de rapprochement au monde macabre et ténébreux des démons et des diables, est la métaphore d’une société qui sacrifie sa jeunesse en la poussant vers l’errance par l’absence de projets de vie.
Rendu par Mustapha Mohamed, Souid Ahmed Bahama et Abdelghani Wassim, le spectacle traite d’une rencontre entre deux individus égarés, l’un statique, dans la méditation entouré de montres, et l’autre en mouvement, anxieux et alerté, car pressé de trouver son chemin. Dans des conflits transférés sur le terrain de la réflexion, les comédiens échangent leurs visions, chacun allant de son argumentaire pour quitter le mur qui empêche d’évoluer et aller de l’avant en franchissant la porte qui s’ouvre sur le chemin de la lumière. Le spectacle parle de la jeunesse et de l’«errance de l’individu, en quête effrénée de fins inconnues pour des débuts incertains et confus», a expliqué le metteur en scène.
Dans une scénographie minimaliste, faite de la suggestion de deux chemins, le premier limité par mur et le second, aboutissant sur une porte et une musique de circonstance accompagnant la trame du spectacle, les comédiens ont donné un rendu en langue arabe plein, dans un jeu qui a occupé l’ensemble de l’espace scénique. Cette association devait initialement présenter le spectacle «Falso», annulé pour des raisons de santé ayant retenu la comédienne principale, et remplacé au dernier moment par «Angoma». Le 14e Festival national du théâtre professionnel se poursuit jusqu’au 21 mars avec encore au programme trois spectacles en compétition au TNA, et deux autres en off, programmés au Théâtre municipal d’Alger-Centre et à l’espace Hadj-Omar, une salle annexe au TNA.
R. C.